Dimanche 12 août 2018
Hier soir, Arjon m’a finalement déposée à mon auberge à presque minuit. L’auberge est la plus spartiate que j’ai vue de toute ma vie (et j’en ai quand même fait un paquet) mais à 6 euros la nuit petit déjeuner inclus, on ne peut pas faire la fine bouche. Je débarque dans le dortoir à minuit et demi, la nana de l’auberge discute avec un mec qui n’a pas dit deux mots en anglais que je sais déjà qu’il est francophone. Du coup « Tu viens d’où ? _ De Belgique, Bruxelles ». Sébastien et Sandrine sont un couple parti pour une grosse semaine en Albanie. Super sympas, du coup on discute et je leur donne quelques maigres conseils pour leur séjour (les malheureux ont loué une voiture, ils vont pas être déçus du voyage hahaha). Un mec de la chambre veut absolument dormir avec la clim, du coup je me blottis sous la grosse couverture en espérant ne pas tomber plus malade que je ne suis déjà (depuis le bus archi climatisé j’ai le nez pris et je toussote de temps à autre). Je me réveille dans la glacière qui sert de dortoir, plie bagage, me retrouve dans la cour avec quatre Italiens (Giulio, Francesco, Lorenzo et Bernardo, bonjour les clichés) en vacances en Albanie (énormément de touristes italiens ici et beaucoup d’Albanais parlent italien). Finalement Arjon vient me chercher pour me conduire jusqu’à la frontière où il doit récupérer des touristes finlandais. C’est parti pour trois heures et demi de route dont pas mal d’embouteillages. Les chauffeurs albanais (chauffards albanais, ici les deux termes sont synonymes) sont décidément des dangers publics et Arjon ne fait pas exception à la règle. En revanche, et fort heureusement, il ne boit pas d’alcool (un mélange du fait qu’il soit musulman et qu’il n’aime pas ça). Mais j’ai désormais une bonne connaissance d’un chapelet d’insultes en albanais. Arjon n’a rien trouvé de mieux que de doubler sur une ligne blanche en plein devant une voiture de police. Mais apparemment même les flics s’en tamponnent ici. On s’arrête dans une épicerie acheter un café glacé en canette et un genre de croissant fourré au chocolat. Finalement on arrive en vue de la frontière. Arjon arrête un bus et leur demande s’ils peuvent me déposer à Kotor (ils vont en Croatie). Ils lui disent oui, et me disent de passer la frontière à pied et de les attendre de l’autre côté, qu’il y en a pour cinq minutes. Je fais mes adieux à Arjon qui une fois de plus a été une magnifique rencontre et qu’une fois de plus, je ne sais pas comment remercier sinon en lui disant qu’il sera toujours le bienvenu à Paris. Une demi-heure plus tard, et alors que je m’approche du bus en espérant monter à bord, ils me disent qu’en fait ils ne peuvent pas prendre de passager supplémentaire car ils risquent d’avoir des problèmes avec la police. Merci de vous en rendre compte maintenant les cocos. Je me retrouve donc sur le bord de la route, sans aucun bus à l’horizon et sans aucune idée de comment je vais réussir à bouger de là. Et évidemment en plein cagnard. Le moment est donc venu d’essayer le stop, c’était bien la peine de décliner l’offre d’Aga haha. Heureusement, comme c’est la frontière, beaucoup de gens s’arrêtent pour se dégourdir les jambes et notamment pas mal de touristes. Je repère un jeune couple dans une voiture immatriculée aux Pays-Bas. Ça parle bien anglais les Néerlandais. J’ai à peine levé la main qu’ils s’arrêtent aussitôt et acceptent de me déposer à Ulcinj, à la gare routière. Ils sont super gentils, parlent effectivement très bien anglais et c’est donc une grosse demi-heure de route très agréable en leur compagnie. A l’heure actuelle, je suis donc à la gare d’Ulcinj, où j’attends mon bus pour Budva vu qu’il n’y en avait plus pour Kotor. On avisera selon l’heure à laquelle on arrivera.
Je suis donc actuellement accoudée au zinc du café de la gare en train de siroter mon jus de pomme et de tuer le temps en attendant mon bus. Je suis dégueulasse, ma jupe est pleine de taches, il me reste quelque chose comme 15 euros en liquide (le Monténégro utilise l’euro même s’il ne fait pas partie de l’UE, comme le Kosovo). En arrivant à Budva, j’essaierai de choper un wifi et peut-être de réserver un lit quelque part selon l’heure. Bonjour la romano.
Je suis finalement arrivée à Budva après un voyage de deux heures dans le bus le plus pourave de l’histoire du transport routier. J’y ai fait la connaissance d’un Russe qui avait grandi en Allemagne, du coup on a pas mal discuté et le voyage a semblé moins chiant. Une fois de plus, pas de clim donc je suis arrivée en état de fonte avancée. Je l’ai accompagné à son hôtel histoire de choper un wifi et de pouvoir réserver un endroit où dormir. Je me tape ensuite la demi-heure de marche jusqu’à l’auberge que je viens juste de réserver. J’arrive, c’est une seule grande pièce, réception et dortoir dans une seule et même pièce, j’avais encore jamais vu un truc pareil. Enfin peu importe. Je croise une Russe qui voyage aussi toute seule. Je suis au bout de ma vie et je m’affale comme un vieux sac sur mon lit. J’aurais pu m’endormir direct mais quand Sacha m’a gentiment proposé de l’accompagner pour une promenade, je n’ai pas eu le cœur de refuser. Du coup on repart à pied visiter la vieille ville (magnifique, toute en pierre, dédale de petites ruelles adorables). Sacha, en bonne Russe qui se respecte, a eu la brillante idée de mettre une paire de talons aiguilles pour se promener dans un centre-ville ancien. Du coup je m’assure qu’elle ne se casse pas la figure, parce que pas trop envie de visiter les urgences de Budva ce soir. Mais elle gère pas mal (je pense que c’est obligatoire pour être russe en fait, ils te filent pas la nationalité si tu sais pas marcher avec des talons aiguilles sur des pavés). On finit par se poser dans un resto, je n’ai quasiment rien mangé de la journée et je n’ai clairement pas assez bu compte tenu de la chaleur (du coup j’ai évidemment mal à la tête). 400 grammes de pâtes carbo et un litre et demi d’eau plus tard, je suis réconciliée avec l’humanité toute entière. Sacha tient à me montrer un restaurant d’où la vue sur la ville est magnifique. C’est effectivement très joli et on décide de prendre notre petit dej là demain. Il faut bien savoir que Sacha parle aussi bien anglais que je parle russe donc inutile de vous dire que la compréhension n’est pas des plus faciles. Mais on gère pas trop mal quand même. Là on est rentrées à l’auberge, et à 23h je suis déjà douchée, couchée et bientôt dans les bras de Morphée.
Mardi 14 août 2018
J’étais beaucoup trop fatiguée hier soir pour vous narrer ma journée. Hier matin, j’ai donc suivi Sacha dans le restaurant qu’elle m’avait montré la veille. Petit déjeuner en terrasse face à ce qui est sans doute la plus belle vue de toute ma vie pour un petit dej. Après ça, on est descendues à la plage pour bronzer un peu et ensuite on a décidé de prendre le bateau pour aller à une autre plage, Ploče. Là on a pris un cocktail (virgin cocktail of course) dans un bar installé dans une piscine, avec de la musique à fond les ballons. Un Ibiza en plus cheap. Après avoir bien grillé deux heures supplémentaires, on est revenues à Budva et rentrées à l’auberge grignoter un morceau (Sacha a eu la gentillesse de partager sa bouffe avec moi). En fin d’aprem, elle m’a accompagnée pour mon baptême en parachute ascensionnel. C’est un truc qui figurait sur ma « bucket list » comme disent les Amerloques depuis au moins 10 ans. Sur le bateau, j’en profite pour discuter un peu avec un couple de Polonais super sympas, et la nana a l’air un peu angoissée et soulagée que je passe en premier haha. C’était initialement interdit de prendre des photos (c’est les mecs du bateau qui en prennent et ensuite ils te les vendent à prix d’or) mais j’avais mis Sacha sur le coup et le jour où l’on empêchera une Russe de prendre des photos n’est pas encore venu.
Finalement on est rentrées prendre une douche à l’auberge, ressorties grignoter un morceau et j’étais tellement épuisée que je me suis endormie malgré les Allemandes qui braillaient dans tout l’appart.
Ce matin, Sacha est partie en excursion pour la journée donc je lui ai dit au revoir. Ce séjour à Budva n’aurait pas été le même sans elle, sa bonne humeur et son sourire. Je suis retournée prendre mon petit dej au resto avec la super vue parce que c’est quand même autre chose que la vue de mon quartier à Paname... J’ai plié bagage, dit au revoir au responsable de l’auberge (qui parle très bien russe mais très mal anglais), ce qui m’a valu une chaleureuse accolade et je me suis dirigée vers la gare routière. Là je viens d’engloutir un burek à la viande et un jogurt (trois jours sans et je me sentais dépérir) et je vais pas tarder à aller m’enquérir de quel « peron » part mon bus (ouais, ici peron ça veut dire « quai » comme dans quasi toutes les langues slaves sauf le tchèque).
Après plus de quatre heures de route, un passage de frontière où tout le monde a dû descendre du bus pour aller montrer patte blanche au douanier, et une discussion sympa avec un couple d’Allemands, je suis arrivée en Croatie, à Dubrovnik, ma dernière étape dans les Balkans. J’ai traîné mon énorme sac à dos jusqu’à la vieille ville (je me souvenais que ce chemin avait été atroce il y a trois ans, et bien figurez-vous qu’il n’a pas changé) et j’arrive sur les rotules à mon auberge. J’ai payé cette nuit en auberge un prix proprement indécent, mais Dubrovnik est devenue excessivement chère en haute saison et les prix s’envolent littéralement. Cette auberge m’a été conseillée par mon amie Océane qui y a séjourné en mai et à l’heure qu’il est, je la remercie du conseil. Accueil très chaleureux par Maritza, une jolie Croate souriante et affublée de grosses lunettes qui lui donne une tête de libellule, elle m’installe dans un dortoir confortable avec une jolie salle de bains, le tout bien climatisé et avec un wifi qui marche du feu de Dieu. Que demande le peuple ?
Pendant que j’y pense, je m’étais fait une réflexion en Serbie, au Kosovo et en Macédoine et je m’aperçois que j’ai oublié de vous la partager. Une chose m’a extrêmement surprise dans ces trois pays, c’est le très grand nombre de pistes cyclables. Plus ou moins larges et plus ou moins séparées de la chaussée mais tout de même extrêmement présentes, on sent un véritable effort sur ce point. Je ne m’y attendais pas et même si je ne peux qu’encourager l’initiative, dans le cas du Kosovo par exemple, je ne suis pas sûre que ce soit la première des priorités. Mais admettons.
Une fois installée, je pars en balade dans la ville, c’est déjà le crépuscule et la nuit ne va pas tarder à tomber. J’adore cette ville, je l’ai adorée à la seconde où j’y ai mis les pieds la première fois (il y a trois ans) et je ne m’en lasse pas. Même bondée, même devenue archi touristique, même hors de prix, j’adore toujours autant cette ville. Dubrovnik c’est le genre de ville où chaque ruelle vous donnera envie de prendre une photo, où vous aurez envie de vous perdre dans ces mêmes ruelles. Il y a même un chat, une tortue, des poissons rouges. Il ne manque rien. On dirait le suuuuuuuuud ! (Nino sors de ce corps). Bref, j’adore cette ville, mais je le disais, les prix se sont clairement envolés en haute saison, sans doute une répercussion du succès Game of thrones. S’il y en a encore qui l’ignorent, Dubrovnik a servi de lieu de tournage pour la célèbrissime série, notamment pour la « capitale » King’s Landing. Du coup des hordes de touristes débarquent pour venir photographier la fontaine ou l’escalier dans lequel Cersei effectue sa descente « shame ». Après une petite pizza au resto contigu à l’auberge (j’ai une réduction, autant en profiter), je fais un dernier petit tour, mitraille cette ville toujours si photogénique et je rentre. Tout le monde tente plus ou moins de dormir dans le dortoir malgré la musique à fond du bar voisin. J’ai l’impression de dormir dans une boîte de nuit (ça me rappellera Munich...). Peu importe, je m’endors quand même.
Ce matin, alors que la musique à fond ne m’a pas dérangée, je suis réveillée par un bruit de poubelle que l’on traîne. Je sais, je sais, certains d’entre vous me diraient « boules Quies Laurianne, boules Quies » ;) et vous auriez raison. Quoi qu’il en soit, je profite d’être réveillée de bonne heure pour me prendre une bonne douche et aller explorer la ville avant la cohue. C’est l’heure où Dubrovnik appartient encore à ses habitants, où l’on entend encore parler croate dans la rue. A ce propos, je sais où se cachaient les Français cet été... On est venu narguer l’adversaire ou comment ça se passe ? Des photos de la ville sans personne dessus, c’est un vrai luxe haha. Je suis maintenant attablée en terrasse pour un bon petit déjeuner. Quand j’ai balbutié trois mots de croate, le serveur a eu le bon goût de sourire et de me répondre également en croate en articulant bien et en parlant lentement. Il aura un pourboire haha.
Mercredi 16 août 2018
Hier, j’ai donc atterri à Varsovie pour une escale d’une demi-journée. L’occasion pour moi de revoir ma chère Aleks dont le bébé doit naître au mois d’octobre. L’occasion également de faire la connaissance du chien de sa sœur et de tester une fois de plus le Uber polonais. Neuf mois sans se voir, inutile de vous dire qu’on avait des choses à se raconter.
Ce matin, réveil aux aurores pour choper un deuxième Uber et arriver à l’aéroport. Énormément de monde malgré l’heure très matinale (5h...). Je suis actuellement en train de faire la queue au McDo parce que je crève la dalle et si je compte sur LOT pour me nourrir, je risque la crise d’hypoglycémie.
(...) Je suis finalement rentrée à Paris ce matin. Un avion à l’heure c’est comme une panthère des neiges : en voie de disparition. Je suis donc arrivée chez moi sur les coups de 13h. Émouvantes retrouvailles avec ma machine à laver.
J’en profite aussi pour remercier toutes les formidables personnes que j’ai rencontrées pendant ce voyage (je l’ai dit, aucun ne parle français mais je sais que certains se font traduire mes articles ;)
Merci du fond du cœur de m’avoir tant donné, d’avoir donné autant de temps, d’attention et de joie. Merci pour ces moments inoubliables qui restent gravés dans ma mémoire. Merci d’avoir été aussi généreux, aussi ouverts et aussi chaleureux. Ce voyage n’aurait jamais été le même sans vous et je vous attends à Paris !
Merci à vous aussi d’avoir suivi ce journal de bord, j’espère que vous avez pris plaisir à le lire. On se retrouve très bientôt pour une nouvelle destination !
Prenez soin de vous,
L.
Toujours aussi bien écrit.... Un voyage extraordinaire.
RépondreSupprimerPrend aussi soin de toi.
Nico