jeudi 16 août 2018

Back in the Balkans : Les derniers jours (Albanie, Monténégro, Croatie)

Dimanche 12 août 2018

Hier soir, Arjon m’a finalement déposée à mon auberge à presque minuit. L’auberge est la plus spartiate que j’ai vue de toute ma vie (et j’en ai quand même fait un paquet) mais à 6 euros la nuit petit déjeuner inclus, on ne peut pas faire la fine bouche. Je débarque dans le dortoir à minuit et demi, la nana de l’auberge discute avec un mec qui n’a pas dit deux mots en anglais que je sais déjà qu’il est francophone. Du coup « Tu viens d’où ? _ De Belgique, Bruxelles ». Sébastien et Sandrine sont un couple parti pour une grosse semaine en Albanie. Super sympas, du coup on discute et je leur donne quelques maigres conseils pour leur séjour (les malheureux ont loué une voiture, ils vont pas être déçus du voyage hahaha). Un mec de la chambre veut absolument dormir avec la clim, du coup je me blottis sous la grosse couverture en espérant ne pas tomber plus malade que je ne suis déjà (depuis le bus archi climatisé j’ai le nez pris et je toussote de temps à autre). Je me réveille dans la glacière qui sert de dortoir, plie bagage, me retrouve dans la cour avec quatre Italiens (Giulio, Francesco, Lorenzo et Bernardo, bonjour les clichés) en vacances en Albanie (énormément de touristes italiens ici et beaucoup d’Albanais parlent italien). Finalement Arjon vient me chercher pour me conduire jusqu’à la frontière où il doit récupérer des touristes finlandais. C’est parti pour trois heures et demi de route dont pas mal d’embouteillages. Les chauffeurs albanais (chauffards albanais, ici les deux termes sont synonymes) sont décidément des dangers publics et Arjon ne fait pas exception à la règle. En revanche, et fort heureusement, il ne boit pas d’alcool (un mélange du fait qu’il soit musulman et qu’il n’aime pas ça). Mais j’ai désormais une bonne connaissance d’un chapelet d’insultes en albanais. Arjon n’a rien trouvé de mieux que de doubler sur une ligne blanche en plein devant une voiture de police. Mais apparemment même les flics s’en tamponnent ici. On s’arrête dans une épicerie acheter un café glacé en canette et un genre de croissant fourré au chocolat. Finalement on arrive en vue de la frontière. Arjon arrête un bus et leur demande s’ils peuvent me déposer à Kotor (ils vont en Croatie). Ils lui disent oui, et me disent de passer la frontière à pied et de les attendre de l’autre côté, qu’il y en a pour cinq minutes. Je fais mes adieux à Arjon qui une fois de plus a été une magnifique rencontre et qu’une fois de plus, je ne sais pas comment remercier sinon en lui disant qu’il sera toujours le bienvenu à Paris. Une demi-heure plus tard, et alors que je m’approche du bus en espérant monter à bord, ils me disent qu’en fait ils ne peuvent pas prendre de passager supplémentaire car ils risquent d’avoir des problèmes avec la police. Merci de vous en rendre compte maintenant les cocos. Je me retrouve donc sur le bord de la route, sans aucun bus à l’horizon et sans aucune idée de comment je vais réussir à bouger de là. Et évidemment en plein cagnard. Le moment est donc venu d’essayer le stop, c’était bien la peine de décliner l’offre d’Aga haha. Heureusement, comme c’est la frontière, beaucoup de gens s’arrêtent pour se dégourdir les jambes et notamment pas mal de touristes. Je repère un jeune couple dans une voiture immatriculée aux Pays-Bas. Ça parle bien anglais les Néerlandais. J’ai à peine levé la main qu’ils s’arrêtent aussitôt et acceptent de me déposer à Ulcinj, à la gare routière. Ils sont super gentils, parlent effectivement très bien anglais et c’est donc une grosse demi-heure de route très agréable en leur compagnie. A l’heure actuelle, je suis donc à la gare d’Ulcinj, où j’attends mon bus pour Budva vu qu’il n’y en avait plus pour Kotor. On avisera selon l’heure à laquelle on arrivera.

Je suis donc actuellement accoudée au zinc du café de la gare en train de siroter mon jus de pomme et de tuer le temps en attendant mon bus. Je suis dégueulasse, ma jupe est pleine de taches, il me reste quelque chose comme 15 euros en liquide (le Monténégro utilise l’euro même s’il ne fait pas partie de l’UE, comme le Kosovo). En arrivant à Budva, j’essaierai de choper un wifi et peut-être de réserver un lit quelque part selon l’heure. Bonjour la romano. 

Je suis finalement arrivée à Budva après un voyage de deux heures dans le bus le plus pourave de l’histoire du transport routier. J’y ai fait la connaissance d’un Russe qui avait grandi en Allemagne, du coup on a pas mal discuté et le voyage a semblé moins chiant. Une fois de plus, pas de clim donc je suis arrivée en état de fonte avancée. Je l’ai accompagné à son hôtel histoire de choper un wifi et de pouvoir réserver un endroit où dormir. Je me tape ensuite la demi-heure de marche jusqu’à l’auberge que je viens juste de réserver. J’arrive, c’est une seule grande pièce, réception et dortoir dans une seule et même pièce, j’avais encore jamais vu un truc pareil. Enfin peu importe. Je croise une Russe qui voyage aussi toute seule. Je suis au bout de ma vie et je m’affale comme un vieux sac sur mon lit. J’aurais pu m’endormir direct mais quand Sacha m’a gentiment proposé de l’accompagner pour une promenade, je n’ai pas eu le cœur de refuser. Du coup on repart à pied visiter la vieille ville (magnifique, toute en pierre, dédale de petites ruelles adorables). Sacha, en bonne Russe qui se respecte, a eu la brillante idée de mettre une paire de talons aiguilles pour se promener dans un centre-ville ancien. Du coup je m’assure qu’elle ne se casse pas la figure, parce que pas trop envie de visiter les urgences de Budva ce soir. Mais elle gère pas mal (je pense que c’est obligatoire pour être russe en fait, ils te filent pas la nationalité si tu sais pas marcher avec des talons aiguilles sur des pavés). On finit par se poser dans un resto, je n’ai quasiment rien mangé de la journée et je n’ai clairement pas assez bu compte tenu de la chaleur (du coup j’ai évidemment mal à la tête). 400 grammes de pâtes carbo et un litre et demi d’eau plus tard, je suis réconciliée avec l’humanité toute entière. Sacha tient à me montrer un restaurant d’où la vue sur la ville est magnifique. C’est effectivement très joli et on décide de prendre notre petit dej là demain. Il faut bien savoir que Sacha parle aussi bien anglais que je parle russe donc inutile de vous dire que la compréhension n’est pas des plus faciles. Mais on gère pas trop mal quand même. Là on est rentrées à l’auberge, et à 23h je suis déjà douchée, couchée et bientôt dans les bras de Morphée. 

Mardi 14 août 2018

J’étais beaucoup trop fatiguée hier soir pour vous narrer ma journée. Hier matin, j’ai donc suivi Sacha dans le restaurant qu’elle m’avait montré la veille. Petit déjeuner en terrasse face à ce qui est sans doute la plus belle vue de toute ma vie pour un petit dej. Après ça, on est descendues à la plage pour bronzer un peu et ensuite on a décidé de prendre le bateau pour aller à une autre plage, Ploče. Là on a pris un cocktail (virgin cocktail of course) dans un bar installé dans une piscine, avec de la musique à fond les ballons. Un Ibiza en plus cheap. Après avoir bien grillé deux heures supplémentaires, on est revenues à Budva et rentrées à l’auberge grignoter un morceau (Sacha a eu la gentillesse de partager sa bouffe avec moi). En fin d’aprem, elle m’a accompagnée pour mon baptême en parachute ascensionnel. C’est un truc qui figurait sur ma « bucket list » comme disent les Amerloques depuis au moins 10 ans. Sur le bateau, j’en profite pour discuter un peu avec un couple de Polonais super sympas, et la nana a l’air un peu angoissée et soulagée que je passe en premier haha. C’était initialement interdit de prendre des photos (c’est les mecs du bateau qui en prennent et ensuite ils te les vendent à prix d’or) mais j’avais mis Sacha sur le coup et le jour où l’on empêchera une Russe de prendre des photos n’est pas encore venu. 
Finalement on est rentrées prendre une douche à l’auberge, ressorties grignoter un morceau et j’étais tellement épuisée que je me suis endormie malgré les Allemandes qui braillaient dans tout l’appart. 

Ce matin, Sacha est partie en excursion pour la journée donc je lui ai dit au revoir. Ce séjour à Budva n’aurait pas été le même sans elle, sa bonne humeur et son sourire. Je suis retournée prendre mon petit dej au resto avec la super vue parce que c’est quand même autre chose que la vue de mon quartier à Paname... J’ai plié bagage, dit au revoir au responsable de l’auberge (qui parle très bien russe mais très mal anglais), ce qui m’a valu une chaleureuse accolade et je me suis dirigée vers la gare routière. Là je viens d’engloutir un burek à la viande et un jogurt (trois jours sans et je me sentais dépérir) et je vais pas tarder à aller m’enquérir de quel « peron » part mon bus (ouais, ici peron ça veut dire « quai » comme dans quasi toutes les langues slaves sauf le tchèque). 

Après plus de quatre heures de route, un passage de frontière où tout le monde a dû descendre du bus pour aller montrer patte blanche au douanier, et une discussion sympa avec un couple d’Allemands, je suis arrivée en Croatie, à Dubrovnik, ma dernière étape dans les Balkans. J’ai traîné mon énorme sac à dos jusqu’à la vieille ville (je me souvenais que ce chemin avait été atroce il y a trois ans, et bien figurez-vous qu’il n’a pas changé) et j’arrive sur les rotules à mon auberge. J’ai payé cette nuit en auberge un prix proprement indécent, mais Dubrovnik est devenue excessivement chère en haute saison et les prix s’envolent littéralement. Cette auberge m’a été conseillée par mon amie Océane qui y a séjourné en mai et à l’heure qu’il est, je la remercie du conseil. Accueil très chaleureux par Maritza, une jolie Croate souriante et affublée de grosses lunettes qui lui donne une tête de libellule, elle m’installe dans un dortoir confortable avec une jolie salle de bains, le tout bien climatisé et avec un wifi qui marche du feu de Dieu. Que demande le peuple ? 

Pendant que j’y pense, je m’étais fait une réflexion en Serbie, au Kosovo et en Macédoine et je m’aperçois que j’ai oublié de vous la partager. Une chose m’a extrêmement surprise dans ces trois pays, c’est le très grand nombre de pistes cyclables. Plus ou moins larges et plus ou moins séparées de la chaussée mais tout de même extrêmement présentes, on sent un véritable effort sur ce point. Je ne m’y attendais pas et même si je ne peux qu’encourager l’initiative, dans le cas du Kosovo par exemple, je ne suis pas sûre que ce soit la première des priorités. Mais admettons. 

Une fois installée, je pars en balade dans la ville, c’est déjà le crépuscule et la nuit ne va pas tarder à tomber. J’adore cette ville, je l’ai adorée à la seconde où j’y ai mis les pieds la première fois (il y a trois ans) et je ne m’en lasse pas. Même bondée, même devenue archi touristique, même hors de prix, j’adore toujours autant cette ville. Dubrovnik c’est le genre de ville où chaque ruelle vous donnera envie de prendre une photo, où vous aurez envie de vous perdre dans ces mêmes ruelles. Il y a même un chat, une tortue, des poissons rouges. Il ne manque rien. On dirait le suuuuuuuuud ! (Nino sors de ce corps). Bref, j’adore cette ville, mais je le disais, les prix se sont clairement envolés en haute saison, sans doute une répercussion du succès Game of thrones. S’il y en a encore qui l’ignorent, Dubrovnik a servi de lieu de tournage pour la célèbrissime série, notamment pour la « capitale » King’s Landing. Du coup des hordes de touristes débarquent pour venir photographier la fontaine ou l’escalier dans lequel Cersei effectue sa descente « shame ». Après une petite pizza au resto contigu à l’auberge (j’ai une réduction, autant en profiter), je fais un dernier petit tour, mitraille cette ville toujours si photogénique et je rentre. Tout le monde tente plus ou moins de dormir dans le dortoir malgré la musique à fond du bar voisin. J’ai l’impression de dormir dans une boîte de nuit (ça me rappellera Munich...). Peu importe, je m’endors quand même.

Ce matin, alors que la musique à fond ne m’a pas dérangée, je suis réveillée par un bruit de poubelle que l’on traîne. Je sais, je sais, certains d’entre vous me diraient « boules Quies Laurianne, boules Quies » ;) et vous auriez raison. Quoi qu’il en soit, je profite d’être réveillée de bonne heure pour me prendre une bonne douche et aller explorer la ville avant la cohue. C’est l’heure où Dubrovnik appartient encore à ses habitants, où l’on entend encore parler croate dans la rue. A ce propos, je sais où se cachaient les Français cet été... On est venu narguer l’adversaire ou comment ça se passe ? Des photos de la ville sans personne dessus, c’est un vrai luxe haha. Je suis maintenant attablée en terrasse pour un bon petit déjeuner. Quand j’ai balbutié trois mots de croate, le serveur a eu le bon goût de sourire et de me répondre également en croate en articulant bien et en parlant lentement. Il aura un pourboire haha. 

Mercredi 16 août 2018

Hier, j’ai donc atterri à Varsovie pour une escale d’une demi-journée. L’occasion pour moi de revoir ma chère Aleks dont le bébé doit naître au mois d’octobre. L’occasion également de faire la connaissance du chien de sa sœur et de tester une fois de plus le Uber polonais. Neuf mois sans se voir, inutile de vous dire qu’on avait des choses à se raconter. 

Ce matin, réveil aux aurores pour choper un deuxième Uber et arriver à l’aéroport. Énormément de monde malgré l’heure très matinale (5h...). Je suis actuellement en train de faire la queue au McDo parce que je crève la dalle et si je compte sur LOT pour me nourrir, je risque la crise d’hypoglycémie. 

(...) Je suis finalement rentrée à Paris ce matin. Un avion à l’heure c’est comme une panthère des neiges : en voie de disparition. Je suis donc arrivée chez moi sur les coups de 13h. Émouvantes retrouvailles avec ma machine à laver. 

J’en profite aussi pour remercier toutes les formidables personnes que j’ai rencontrées pendant ce voyage (je l’ai dit, aucun ne parle français mais je sais que certains se font traduire mes articles ;) 
Merci du fond du cœur de m’avoir tant donné, d’avoir donné autant de temps, d’attention et de joie. Merci pour ces moments inoubliables qui restent gravés dans ma mémoire. Merci d’avoir été aussi généreux, aussi ouverts et aussi chaleureux. Ce voyage n’aurait jamais été le même sans vous et je vous attends à Paris !

Merci à vous aussi d’avoir suivi ce journal de bord, j’espère que vous avez pris plaisir à le lire. On se retrouve très bientôt pour une nouvelle destination ! 

Prenez soin de vous,

L. 

mardi 14 août 2018

Back in the Balkans : Les trésors de la riviera albanaise

Vendredi 10 août 2018

Vous dire à quel point je suis à la bourre dans ce journal serait proprement indécent. Je vous avais donc laissés à Struga, au moment où nous embarquions à bord du taxi pour Tirana. Le chauffeur continue à me parler en allemand et je fais la traduction à mes deux compères. On passe la frontière sans aucun problème (première fois de ma vie que je franchissais une frontière à bord d’un taxi). Les paysages albanais sont immédiatement somptueux, de la montagne à n’en plus finir, des routes en lacet et une chaleur étouffante. Une vraie fournaise, même le vent est chaud. On n’a évidemment pas la clim donc on roule fenêtres grandes ouvertes et comme j’ai le soleil sur moi, je suis en voie de liquéfaction avancée. On s’arrête finalement dans une petite station service, le temps pour le chauffeur de faire le plein et pour nous de nous rendre compte qu’on n’a pas le moindre lek (monnaie albanaise). Romeo fera finalement un peu de change avec le chauffeur pour acheter une bouteille d’eau (je me contente de remplir la mienne au robinet des toilettes en espérant que l’eau soit potable en Albanie). On repart dans la fournaise environnante. En arrivant à Tirana, on demande à notre chauffeur de nous déposer à la gare routière, puisqu’on compte bien choper un autre bus pour la côte avant la fin de l’après-midi. Problème, il y a trois gares routières à Tirana et notre chauffeur ne les connaît visiblement pas toutes. Après avoir demandé à une dizaine de personnes et être restés bloqués 45 bonnes minutes dans le trafic démentiel de la capitale albanaise, notre chauffeur nous dépose finalement à la gare routière où se trouvent les bus pour Sarandë. On se fait aussitôt harceler par les chauffeurs de taxi, les conducteurs de bus et de fourgon et plein d’autres gens dont on ne sait pas exactement qui ils sont. Fort heureusement, on a tous les trois l’habitude de voyager et on garde notre idée initiale : choper un bus ou un fourgon (minibus) pour Sarandë, en essayant de ne pas se faire arnaquer. On commence déjà par aller retirer de l’argent dans un distributeur sauf qu’à l’heure actuelle on n’a aucune idée du taux de change (on fera une estimation en voyant le prix des trucs et on se trompe pas de beaucoup, heureusement). On revient à la gare routière avec notre blé, le bus est parti mais il y a un fourgon. On monte à bord, pas de clim et fourgon blindé. On est déjà trempés de toutes façons. C’est parti sur les routes albanaises et je vous prie de me croire, c’était pas une partie de plaisir. Les routes sont étroites et sinueuses (à part une portion d’autoroute en très bon état), les chauffeurs albanais sont les grands champions du dépassement sans visibilité, et ça coupe les virages, et ça se fait des queues de poissons. Au bout de trois bonnes heures de route, on nous fait descendre du fourgon et monter dans le bus qu’on avait initialement raté (on n’a jamais su pourquoi mais c’est pas grave). Choc thermique avec la climatisation du bus (j’ai encore mal à la gorge trois jours après). Et ça continue... La nuit tombe, les routes sont de plus en plus sinueuses, mal éclairées. On est au bout de notre vie et on se demande si on va un jour finir par arriver à Sarandë. Finalement, à plus de 21h, on finira par être déposés au centre-ville. On était partis d’Ohrid à 10h... Si vous regardez Google Maps, ça fait 350 kilomètres... Conclusion : le mec qui crée une liaison Ohrid-Sarandë fait fortune. On atterrit dans un petit bouiboui pour manger un truc et choper un wifi histoire d’essayer de trouver une piaule pour ce soir. Finalement, le gérant du bouiboui appelle une dame, Romeo part en éclaireur voir l’appartement. C’est tout simple mais ça nous convient tout à fait. Mes deux Mexicains se jettent sur la clim comme la petite vérole sur le bas-clergé. On réserve deux nuits et on s’effondre dans nos lits (après un passage sous la douche qui fut sans aucun doute le meilleur moment de cette journée). L’Albanie ça se mérite ! 

Le lendemain, on était tous les trois encore un peu KO de notre voyage de 11 heures, du coup on y est allés mollo et on a passé la majeure partie de la journée à la plage de Sarandë. Elle n’a rien d’extraordinaire, c’est une plage de centre-ville assez quelconque, mais on était trop échaudés par les bus albanais pour retenter l’aventure tout de suite. On a grignoté un truc dans un petit resto le long de la promenade en bord de mer, et le soir on a dîné en terrasse dans un truc un peu plus chic. J’en ai profité pour expliquer le cauchemar du logement à Paris à mes Mexicains et quand Romeo a appris que j’avais vécu 2 ans et demi dans 9 mètres carrés, j’ai cru qu’il allait faire une syncope. Mes deux compères ont décidé de ne pas rester davantage en Albanie et de rejoindre le Monténégro demain. En ce qui me concerne, je vais rester un peu plus longtemps ici, histoire de voir si cette fameuse riviera albanaise vaut vraiment le coup. 

Pour être totalement honnête, je dois avouer que j’abordais l’Albanie avec une certaine appréhension. La faute probablement à la mauvaise image que l’on a généralement de ce pays en France, mélange de corruption, de mafia et autres réjouissances de cet ordre. Rajoutez à ça que certains de mes amis me l’avaient décrit comme l’antichambre de l’enfer et comme un « unnecessary country ». À côté de ça, on m’avait également vanté les mérites de la côte et la beauté des plages. Je décide donc de rester un petit peu plus. Je prolonge la location de l’appart auprès du propriétaire qui ne parle pas un mot d’anglais (il doit savoir compter jusqu’à dix, pas plus) et décide de me poser quelques jours, le temps de parfaire mon bronzage. Je fais mes adieux à mes deux acolytes, ça a été un vrai bonheur de les rencontrer et on a eu des grands moments de fou rire. J’ai contacté un garçon de Couchsurfing pour qu’il me montre peut-être des endroits sympas un peu moins connus. En attendant, je décide d’aller m’affaler sur la plage. J’étais à deux doigts de m’endormir en plein cagnard quand Arjon m’appelle pour savoir où je suis. « Euh... on the beach ». J’essaie de lui expliquer tant bien que mal, mais le pauvre garçon a quand même joué à « Où est Charlie ? » pendant 20 bonnes minutes. Finalement il arrive à me retrouver, me demande ce que j’ai vu et fait à Sarandë jusque là. Quand il a su que je n’avais été que sur la plage centrale, que je n’avais pas encore vu le « château » et que je n’avais pas trouvé le bus pour Ksamil, j’ai cru qu’il allait pleurer. Il me demande si je veux aller à une autre plage, « une plage où vont les locaux, celle-là c’est que pour les touristes ». Un peu mon neveu ! « And do you want something nice or do you want something amazing? ». Bah amazing tant qu’à faire. Allez hop, c’est parti, en voiture Simone, sur les routes albanaises (ô joie). Bon, Arjon conduit pas trop mal, pour un Albanais. Il a quand même une fâcheuse tendance à rouler sur la voie de gauche en plein virage, à envoyer des messages en même temps et à insulter quiconque ne va pas assez vite à son goût (en gros, les 3/4 des autres automobilistes). Après une grosse vingtaine de minutes de bagnole, on arrive à la plage de Lukovë. JÉSUS MARIE JOSEPH. Très probablement la plus belle plage que j’ai vue de toute ma vie. Pas trop de monde, des petits galets blancs bien polis par les vagues, une eau turquoise et tellement transparente qu’on a envie de la boire, un soleil radieux, un bon 36 degrés à l’ombre. Le paradis sur terre les amis. Et en plus la température de l’eau est parfaite, assez chaude pour qu’on y entre sans problème, assez fraîche pour pas avoir l’impression de cuire au court-bouillon. La perfection est donc de ce monde. Je précise pour ceux qui seraient un peu paumés en géographie qu’il s’agit de la mer Ionienne (Corfou est juste en face). Et la mer Ionienne les enfants, c’est un petit bijou. Par contre c’est un bijou extrêmement salé ! On fait donc trempette et on prend des photos pour immortaliser cet endroit magnifique. Puis Arjon me propose d’aller jouer les cabris sur les rochers pour rejoindre les petites criques contiguës à la plage. C’est parti, en maillot de bain et non sans s’être enduits d’une épaisse couche de crème solaire. Du moment où il m’a vue en train de griller sur la plage, Arjon a eu l’air extrêmement inquiet pour moi et a suggéré environ toutes les douze minutes que je mette de la crème solaire. Faut dire qu’il est plutôt blanc aussi, surtout pour un Albanais, et blond aux yeux bleus (la plupart des Albanais sont bruns aux yeux marron foncé et plutôt super mats). Nous voilà donc partis sur les rochers (on a gardé nos pompes quand même, elles craignent rien de toutes façons). On descend finalement sur un rocher en contrebas et on continue l’exploration à la nage. Alors aussi étrange que cela puisse paraître, Arjon a la trouille de la pleine mer et n’aime pas trop nager là où il n’a pas pied. Mais il voit rapidement que je suis parfaitement à l’aise et je crois que ça le détend un peu. Du coup on nage jusqu’à une mini crique, et on s’installe finalement sur un rocher pour se cramer la tronche en plein soleil. Les amis, si vous me cherchez au mois d’août l’année prochaine, sachez que je serai probablement quelque part entre Sarandë et Lukovë, dans une mini-tente, en bikini et en vivant de figues et de mûres sauvages. Sous le soleil exactement, pas à côté, pas n’importe où (vous connaissez la chanson). On revient finalement à la nage. J’en profite pour faire deux minutes de plogging sur la plage (ramasser les déchets qui traînent). Arjon, bien conscient du retard de l’Albanie sur la question de la gestion des déchets et des considérations écologiques, me semble partagé entre « si elle commence comme ça, elle a pas fini » et « ça me touche que tu prennes soin de mon pays ». Bref bien crevés, affamés (surtout moi qui n’ai avalé qu’une petite omelette depuis ce matin), pleins de flotte, de soleil et de sel (surtout de sel, la vache), on décide de grignoter un truc à un des petits restos de la plage. Arjon me trouve apparemment « even more beautiful than this morning ». Bah voyons. Une assiette de spaghetti sauce tomate plus tard, on décide de rentrer sur Sarandë (ça faisait deux semaines que je n’avais pas mangé de pâtes, un jour de plus et il fallait me rapatrier). 

On rentre à Sarandë, Arjon me dépose chez moi pour que je prenne une douche, lave la serpillière qui me sert de chevelure et change de fringues. On se retrouve ensuite pour partir au « château » sur les hauteurs de la ville. On a une vue sur Sarandë by night, toute illuminée. Partout ici on retrouve cette atmosphère méditerranéenne à laquelle je ne pensais pas être aussi attachée. Ça me rappelle immanquablement les vacances formidables quand j’étais gosse en Espagne avec mes parents et mon frère. La chaleur, le soleil, la végétation typique (oliviers, figuiers, etc.), la mer, l’odeur du port (mélange d’essence et d’iode haha) et cette douceur de vivre. A chaque fois que je retrouve cette atmosphère, je réalise à quel point je l’apprécie et à quel point elle me rappelle de merveilleux souvenirs. On déambule sur la promenade le long de la plage et là aussi ça me rappelle les soirées de vacances en famille. 

Après une nuit bien méritée, je suis allée prendre mon petit dej le long de la plage dans une petite gargote qui vendait des crêpes et j’ai testé le café frappé (café au lait avec des glaçons). On s’y fait même si j’ai mis cinq bonnes heures à le digérer. Je retrouve ensuite Arjon qui m’emmène boire un autre café dans un endroit magnifique avec une vue de folie sur la plage. On reste là à chiller, Arjon bosse un peu (il est guide touristique et avait des trucs à organiser) pendant que j’écoute de la musique. Finalement on prend la direction de Ksamil, une des plages réputées les plus belles. Au moment de récupérer sa voiture, on était bloqués par un gros 4x4 immatriculé en Serbie. Du coup on demande à la dame si elle peut déplacer la voiture mais elle nous dit que son mari a les clefs. Je discute un peu avec elle, je lui dis que je suis allée en Serbie, les villes où je suis allée, etc. Et là elle me donne un petit magnet de frigo qui est une carte de la Serbie, le genre de petites babioles que l’on trouve dans les magasins de souvenirs et que personnellement je n’achète jamais, mais quand c’est donné comme ça de bon cœur, un geste de gentillesse complètement random, de quelqu’un qui a juste voulu me faire plaisir, ça prend une valeur toute particulière. Finalement, quelqu’un d’autre déplacera sa voiture avant que son mari revienne et on pourra prendre la route. Mais décidément les Serbes ! Comment ça se passe ? On vous fait des piqûres de gentillesse et de générosité à la maternité ? On vous le met dans le biberon ? Bref, on prend la route pour Ksamil où on grignote un truc dans un resto. On laisse ensuite nos affaires à un couple d’amis d’Arjon car aujourd’hui l’activité du jour, c’est jet-ski. Arjon n’en a jamais fait, et comme c’est nettement plus drôle à deux que de le faire toute seule, je lui ai proposé de venir avec moi. Et là les enfants, ça a été complexe. Déjà il a fallu traverser toute la plage pour rejoindre le petit ponton d’où partent les jetskis (ils ont créé un truc spécial parce qu’il y a quelques années un touriste russe a été tué par un jet, et apparemment le Premier Ministre a pété un câble en mode ça fait désordre quand même...). Là Arjon a commencé à négocier le prix du truc, il a réussi à obtenir une réduction mais il fallait attendre une bonne vingtaine de minutes, ensuite ils ont ramené le jet mais il n’y avait plus d’essence donc on a attendu qu’ils ramènent ça. Finalement, et au moment où je me demandais si j’avais encore un soupçon de patience en réserve, on a pu monter sur le truc. Je prends les commandes, Arjon pense que j’ai méga l’habitude haha (je lui avouerai plus tard que c’était seulement la deuxième fois que je conduisais l’engin). Comme il a la trouille de s’éloigner du bord, j’ai jugé préférable d’attendre pour lui dire ça hahaha. Bref, c’est parti, comme c’est la fin d’après-midi, il y a pas mal de vagues et on se prend plein d’eau dans la figure mais c’est ça qui est marrant. Bref, j’adore ça, vous le savez déjà si vous aviez lu mon « Triptyque balkanique ». Arjon a l’air de kiffer aussi et d’oublier qu’il est loin du bord haha. Il me demande de tourner en rond pour faire un cercle car apparemment il a déjà vu des gens faire ça et voulait essayer. Finalement on ramène le truc et on rejoint ses amis qui nous filent du raisin. Le soir, on passe chercher deux de ses potes (qui parlent pas anglais mais bien italien) et on va jusqu’à la frontière grecque parce que les garçons veulent acheter du parfum au magasin duty free. Techniquement j’ai donc fait 150 mètres sur le territoire grec ahah. Passage de frontière à pied, encore une grande première. Puis Arjon me redépose chez moi pour une petite douche et un bon shampooing et on se rejoint ensuite pour aller en boîte (non sans avoir englouti un souvlaki et une glace). La boîte est pas mal mais personne danse, c’est un peu chelou. Finalement les garçons me raccompagnent chez moi vers 2h30. Tout ceci n’est plus de mon âge haha (même si ça fait trois fois qu’on me donne 22 ans depuis le début de ce voyage, les gens sont fous). Natën e mirë! 

Un petit mot à propos de l’albanais puisque vous savez que les langues c’est ma marotte. Alors autant le serbe c’était plutôt easy-peasy grâce au tchèque et au russe, le macédonien ça pouvait encore se gérer, autant l’albanais c’est une autre paire de manches. Voilà une langue qui appartient à l’immense famille des langues indo-européennes (donc qui dérive du sanskrit au même titre que le français, l’allemand, le russe ou le letton) mais qui constitue à elle seule une branche. En gros vous avez trois grandes branches de langues indo-européennes : latines, germaniques ou slaves, et quelques autres plus réduites (je simplifie sinon on en a pour deux heures). Et des sous-familles à chaque fois. Mais l’albanais c’est une famille à lui tout seul (le grec aussi). Et entre le nord et le sud du pays, ils ont deux dialectes assez différents : le guègue au nord et le tosque au sud. Et d’après Arjon, la compréhension peut être complexe entre deux personnes issues d’un milieu rural par exemple. En ce qui me concerne, l’albanais c’est le néant intersidéral. Pour l’instant je sais dire bonjour, merci (mais je crois qu’ils comprennent une fois sur deux), oui (po) et non (jo) et « eau » (il a fallu sinon je serais morte déshydratée). Rien à faire pour que je me souvienne de « au revoir ». Donc inutile de vous dire que faire une phrase, c’est pas pour demain. 

Une fois de plus la nuit a été courte puisque il n’y a rien à faire pour que je me réveille après 7h (mon organisme est encore bloqué sur mes horaires de boulot, c’est assez relou). Je mets le cap sur une petite crêperie adorable que Arjon m’a montrée il y a deux jours (et que je n’avais jamais réussi à retrouver la veille). Grosse crêpe « Lidia » (Nutella, banane, miettes de biscuit, je pense que vous chopez le diabète au bout de trois bouchées) et un café frappé parce que je suis têtue. L’endroit est super sympa, les serveurs parlent anglais, c’est bon et c’est pas cher (en fait vous pouvez partir du principe que l’Albanie c’est pas cher, pour un budget moyen français bien évidemment). Je fais ensuite mes bagages et quitte le petit appartement que j’occupe depuis quatre jours. Je rejoins Arjon chez lui, on est censés partir en début d’aprem sauf qu’il attend des touristes italiens qui à l’heure actuelle ne sont pas encore arrivés (16h50). Je les ai eus au téléphone (l’italien d’Arjon est pas foufou apparemment), ils étaient sur l’autoroute et devraient être là vers 17h, tous les espoirs sont donc permis. Du coup en attendant on est allés manger dans une petite cantine de cuisine albanaise, c’était super bon et je me suis goinfrée. J’ai croisé des Nantais en vacances pour trois semaines en Albanie, et Arjon leur a filé deux trois conseils au passage. Ensuite petit smoothie avec vue sur la mer et là on est affalés sur le canapé en attendant les Ritals et en digérant notre déjeuner. 


On a finalement quitté Sarandë sur les coups de 17h pour aller chercher des gens qu’Arjon connaissait et qu’il devait déposer près de Tirana pour les redépose chez eux quand les Ritals sont enfin arrivés et retourner les chercher après. On a donc vraiment levé le camp vers 18, avec un couple d’une cinquantaine d’années (des amis de l’oncle d’Arjon si j’ai bien compris) et leur fille de 16 ans, Livia. La jeune fille parle anglais et italien, la maman seulement italien. On s’arrête dans un petit café le long de la route, j’hérite d’un soda au citron et d’un épi de maïs grillé comme si je faisais partie de la famille. 

samedi 11 août 2018

Back in the Balkans : le lac d’Ohrid, perle de la Macédoine

Dimanche 5 août 2018

Ce matin, je me mets en route pour la gare routière. Pas de taxi cette fois, mes petites jambes et c’est tout. En chemin, je m’arrête dans un petit café que j’ai repéré depuis trois jours et où je n’ai toujours pas eu le temps d’aller. Je commande un muesli, un thé et un smoothie avec trois fruits que je comprends et un quatrième truc que je comprends pas. Je m’assois dans un canapé en attendant que mon petit dej soit prêt et là, le mec assis à côté de moi me fixe et finit par s’approcher pour me demander en anglais « Est-ce que par hasard tu serais Laurianne ? Tu es française c’est ça ? ». Doux Jésus, qui est cette personne ? C’est en fait Zladko, un mec qui m’avait écrit sur Couchsurfing mais nos emplois du temps coïncidaient pas. On discute pendant que je prends mon petit déjeuner et quand il apprend que je suis passionnée par la Russie, on se dit que c’est vraiment dommage qu’on n’ait pas pu passer plus de temps ensemble (il est passionné aussi et est allé en Russie quatre fois, jusqu’à Krasnoyarsk). Le hasard aura voulu qu’on se croise autour d’un thé et d’un smoothie (l’ingrédient inconnu se révélant malheureusement être du gingembre, mais c’était buvable quand même). Je dis au revoir à Zladko et reprends ma route pour la gare routière. J’achète mon billet et me pose sur un banc comme j’ai quarante bonnes minutes à attendre. Deux backpackers arrivent et s’assoient à côté de moi. Quand le mec part aux toilettes, j’aborde la fille « Hablas español? » (il m’avait semblé ouïr la langue de Cervantes). « Si! _ De donde vienes? _ Mexico ». Quarante minutes plus tard, on embarquait tous les trois à bord du bus direction Ohrid et son fameux lac. Quatre heures de route pour faire 200 bornes, parce qu’on traverse le parc national de Mavrovo donc deux bonnes heures de route de montagne. On arrive finalement à Ohrid et on décide de déjeuner quelque part parce que tous les trois, on crève la dalle. Sorte de poivrons farcis absolument succulents. Finalement, Romeo et Cindy prennent le chemin de l’appartement qu’ils ont réservé et moi celui de mon auberge. J’arrive, ma réservation a l’air plus au moins prévue, mais on me dégote quand même un lit. Je pose mon sac à dos, commence à taper la discute avec un type de mon dortoir, Steve, un New Yorkais qui voyage un peu partout dans le monde. On part tous les deux visiter le centre de la ville et aller voir le fameux lac. Une glace pour moi et un gyros pour lui, on est sur les bords du lac à profiter de cette vue splendide. On rentre finalement à l’auberge, on s’installe dans le jardin, où on fait la connaissance de Ross, un Anglais qui nous raconte son voyage en stop de Pékin à Newcastle (bordel), de Ofelia (une Mexicaine qui habite à Belgrade) et de Mirt (une adorable Estonienne dont je finis le sandwich et les frites). Je termine la soirée comme ça avant d’aller me coucher dans mon pieu et de réclamer une couverture parce que je me caille à cause de la clim. Dodo ! 

Ce matin, réveil plutôt matinal et je pars prendre mon petit dej dans un resto avec Ofelia. On rigole bien autour d’une omelette et d’un thé à la turque que le resto est allé acheter en face. Je prends ensuite la direction du Cuba Libre Beach Bar qui est le point de rendez-vous pour l’activité du jour : le parapente. Grande première mais vous le savez, j’aime bien essayer de nouveaux trucs pendant mes voyages et c’est l’occasion (et évidemment c’est moins cher qu’en France). Le mec est super cool, on embarque à bord d’une Jeep d’un autre âge, je me retrouve avec une maman et sa fille, deux Belges de Bruxelles. Ça fait plaisir de parler un peu français car je n’ai croisé aucun touriste français depuis Belgrade. On monte sur le sommet de la montagne, lentement parce que la route est pleine de cailloux. Arrivées en haut, j’avoue que j’ai un moment de « bordel mais Laurianne, as-tu perdu l’esprit ? ». Ça ne dure pas et l’excitation prend le dessus sur l’appréhension. Ce baptême sera en compagnie de Lioubé. On m’arnache, casque, sac avec le siège, caméra au bout du bras. On voit une fille essayer de décoller et se casser la figure au bout de dix mètres. « C’est parce qu’elle est un peu grosse » nous dit en douce le responsable du truc, « pour vous ce sera super facile ». On attend le bon moment, que le vent nous soit favorable et c’est parti ! Je cours à peine quinze mètres et j’ai déjà quitté le sol. Lioubé me dit de m’asseoir et de kiffer. La sensation est incroyablement douce, une vraie quiétude. C’est ni trop rapide, ni trop lent, c’est pas violent du tout. Il me demande si je veux essayer de tourner, je dis oui et là ça m’a rappelé les manèges de la fête foraine que j’aimais tant quand j’étais ado. La vue sur le lac est magnifique, le soleil brille, bref, le kiffe. On se pose tout en douceur. Je reste un petit moment au bar en attendant que la dame transfère toutes les photos de la caméra sur un CD et qui je vois arriver au bar ? Mon couple de Mexicains favori. On se pose sur le bord du lac, l’eau n’a pas l’air bien froide, n’y tenant plus je me décide à faire trempette. Romeo a l’air moyennement convaincu, mais il se risque quand même à un petit bain et finalement Cindy aussi. On sèche ensuite toutes les deux au soleil pendant que Romeo s’assoupit à l’ombre (il est super mat de peau et déteste ça, je hais ce genre de personnes hahaha). Après ça, et comme on a tous les trois la dalle, on part déjeuner dans un petit bouiboui le long du lac. On déambule dans la ville à la recherche d’une glace et on décide finalement de monter à la forteresse. Chose dite, chose faite. La vue est canon. On redescend vers la petite église, on se promène sur les hauteurs, une chaude lumière dorée illumine toute la baie. C’est somptueux et on savoure notre chance de contempler ce paysage incroyable. Le soir venu, on se restaure d’une pizza qui n’aurait jamais droit de séjour en Italie mais c’est pas grave, et finalement Romeo et Cindy me proposent de partir avec eux pour l’Albanie le lendemain. Je rentre à l’auberge, me renseigne auprès du responsable des horaires de bus. Ça semble complexe. On se met d’accord pour se retrouver à 10h à côté de la fontaine. 


Ce matin, réveil matinal, je boucle mon sac à dos, je retrouve Mirt, ma belle Estonienne qui une fois de plus n’a pas dormi. Je fais la connaissance d’un Américain qui a sauvé un chaton d’une attaque de chiens et lui a déjà pris rendez-vous chez le vétérinaire pour le faire vacciner et le soigner (il a un genre de conjonctive à un œil). Que Dieu bénisse ce mec. Le petit chaton dort d’ailleurs paisiblement blotti contre lui. On se pose tous sur le balcon pour écouter de la musique. Finalement je leur fais mes adieux et je rejoins Romeo et Cindy. On doit d’abord rejoindre Struga d’où on est censés prendre un bus pour Tirana. On a commencé par attendre le bus une bonne vingtaine de minutes sur le bord de la route. Finalement il est arrivé bondé mais on a réussi à se trouver une petite place pour nous et surtout pour nos gros sacs à dos. On arrive à Struga, comme on savait pas où était la gare routière, on est descendus au centre ville pour se taper ensuite vingt minutes de marche jusqu’à ce qui était censé être une gare routière. On n’a jamais vu le moindre bus, on s’est fait mettre le grappin dessus par deux chauffeurs de taxi. Finalement on trouve la guichetière censée vendre les tickets d’un bus qui n’existe pas, on négocie avec le chauffeur de taxi qui nous propose un prix inférieur au prix du bus (et je sais que d’autres backpackers ont déjà fait ça, parce que la liaison Ohrid-Albanie est probablement une des plus merdiques d’Europe). Mes deux compères expliquent au chauffeur qu’ils sont mexicains, ce qui a l’air d’être extrêmement original pour lui. Il me regarde, commence par me demander si je suis polonaise ou tchèque, je lui dis finalement que je suis française, il me demande alors si je parle allemand (extrêmement logique, n’est-ce pas ?). Comme il ne parle pas un mot d’anglais à part « bus », je vais devoir faire appel à mes maigres souvenirs d’allemand. Bref, on embarque dans un taxi, Romeo devant à côté du chauffeur, Cindy et moi sur la banquette arrière. Pas de ceinture à l’arrière mais on n’est plus à ça près. Le chauffeur nous annonce deux heures vingt de route jusqu’à Tirana (zwei Stunde und zwanzig Minuten, danke schön). Comme on crève la dalle, on lui demande déjà de nous arrêter dans un petit bouiboui où on ingurgite un genre de burger macédonien pas si mauvais. Et c’est parti mon kiki ! 

mercredi 8 août 2018

Back in the Balkans : Skopje, capitale de la Macédoine

Vendredi 3 août 2018

Je suis donc arrivée en Macédoine, à Skopje hier sur les coups de 13h. J’ai pris un taxi pour me rendre jusqu’au AirBnB que j’ai loué pour les trois jours qui viennent. J’avais envie d’être un peu seule, de sortir et rentrer quand je veux et surtout de dormiiiiiiiiiiiir. Le taxi m’a passablement arnaquée (j’ai facile payé le double du prix réel de la course mais je m’en remettrai et ça m’apprendra à pas vouloir marcher). Je retrouve Labina en bas de l’immeuble, elle me montre l’appart, super mignon et très confortable. Je me pose un moment, car je n’ai toujours pas plus de 3 heures de sommeil au compteur et qu’il fait chaud. Je descends à la supérette du coin acheter de la lessive pour profiter de la machine à laver et je pars chercher un truc à manger. J’ai appris par le voleur, pardon le chauffeur de taxi, que c’est un jour de fête nationale et que pas mal de trucs sont fermés (effectivement, il n’y a personne dans les rues et presque tout est fermé). Arriver dans une ville un jour férié n’est jamais le truc le plus excitant mais à l’heure qu’il est, la seule chose qui m’enthousiasme est la vue de mon lit double méga confortable donc c’est pas un drame. Je dégote une boulangerie plutôt alléchante, un genre de burek plus brioché que les autres, un jogurt, un Mars glacé dans un genre de trafika et ayant fait le plein de calories pour la journée, je décide de rentrer (un orage menace). 

J’en profite pour vous partager mes réflexions de ces derniers jours. Clairement, entre le nord de la Serbie (tout particulièrement Subotica) et le Kosovo, on a changé de monde. Le niveau de développement a grandement chuté. Deux indices : les déchets et les animaux errants. Le premier indice vous sautera immédiatement aux yeux. Les villes du nord de la Serbie, y compris Belgrade, sont plutôt très propres, peut-être pas autant que Prague mais quand même un très bon niveau. Alors que Niš et les petites routes qui mènent jusqu’au Kosovo sont parsemées de détritus, de déchets en plastique et les rares poubelles débordent de partout. Le second indice est, pour ceux qui l’ignorent, le critère de développement préféré de mon ami Leonardo. Selon Leo, on peut rapidement se faire une idée du niveau de développement d’un pays ou d’une région au nombre d’animaux errants dans les villes (et dans les campagnes aussi mais surtout dans les villes). Je vous laisse méditer mais personnellement, je trouve que c’est un critère très pertinent et qui se confirme une fois de plus ici. Dans le sud de la Serbie, au Kosovo et ici à Skopje (pour ce que j’en ai vu jusqu’à présent), pas mal d’animaux errants, chiens et chats, se nourrissant dans les poubelles et quémandant parfois aux terrasses (la fin de ma « pizza kosovare » a fini dans l’estomac d’un toutou à Prizren). En rentrant chez moi hier ici à Skopje, pas moins de 9 chats autour d’une benne à ordures. Mon petit cœur se serre à chaque fois, inutile de vous le préciser. 

Après une bonne douche et une nuit de 19h à 6h30, je suis apte à commencer la journée et à partir explorer Skopje. Je pars à pied, ce que j’ai filé au taxi suffira en budget transports à Skopje... Je passe par la Bohemian Street, plutôt calme en ce début de matinée. J’ai faim, et je ferais bien une infidélité à mon traditionnel burek-jogurt. Je tombe sur un genre de bar à smoothies, et engloutis un truc à base de bananes, de lait d’amande et de graines de chia. La boboïsation de Skopje est en marche... Je continue mon chemin, longe la forteresse, atterris dans le Vieux Bazar, vestige de l’époque de l’occupation ottomane. Les ruelles sont pleines de boutiques de souvenirs, de petites bijouteries, d’endroits où l’on peut boire le thé ou le café à la turque et de bars à shisha (qui figurent toujours dans le top 5 des endroits que je déteste le plus sur cette planète, je le rappelle). Collé au grand bazar, se trouve le marché. Bien bordélique comme on les aime. Au détour d’une ruelle, l’une des plus anciennes mosquées de la ville. Au détour d’une autre ruelle, la plus vieille église orthodoxe de la ville. Je redescends vers le mémorial construit en l’honneur de Mère Teresa (née à Skopje en 1910), arrive sur la place principale (aux proportions titanesques). Skopje est une ville à l’harmonie architecturale totalement inexistante. Se succèdent des petites ruelles d’inspiration orientale datant de l’époque ottomane, à des constructions gigantesques et bien lourdaudes de l’époque communiste et enfin des bâtiments plus modernes pas toujours du meilleur goût. Aucune harmonie donc, mais une architecture à l’image du pays : diverse et multiple. Je m’arrête dans un petit café pour prendre un thé, je tombe sur la première jeune femme qui ne parle pas anglais (les Macédoniens se défendent globalement plutôt pas mal sur ce point). Un mot d’ailleurs à propos de la langue. Elle me déconcerte quelque peu. Le macédonien est une langue slave, de la famille des langues slaves du sud, écrite en alphabet cyrillique. Elle a donc de grandes similitudes avec le BCMS (bosniaque-croate-monténégrin-serbe) et le bulgare, néanmoins elle forme une langue bien distincte. Si certains mots me semblent plutôt instinctifs, « zdravo » pour dire bonjour, « priatno » pour dire au revoir, dans l’ensemble je n’ai pas un immense feeling avec la langue. Mais je l’ai dit, tout le monde se débrouille très correctement en anglais. 

Petit récapitulatif linguistique, géographique et historique (rapide, flippez pas). De l’ex-Yougoslavie sont nés aujourd’hui 6 états indépendants (Slovénie, Croatie, Monténégro, Serbie, Macédoine et Bosnie-Herzégovine) et un état dont l’indépendance est toujours contestée (le Kosovo). Nota bene : l’Albanie n’a jamais fait partie de la Yougoslavie. Tout ceci s’est étalé de 1991 à 2008 (avec plusieurs guerres et des dizaines de milliers de morts, et je ne parle même pas des personnes déplacées...). On distingue dans ces 6 pays et demi, 4 langues : le slovène, le BCMS, le macédonien et l’albanais (majoritaire au Kosovo). Entre le croate, le bosnien, le serbe et le monténégrin, il s’agit d’une seule et même langue. Comme toute langue, elle connaît des variantes d’accents, de prononciation et quelques mots de vocabulaire peuvent varier mais linguistiquement, c’est une seule et même langue. Les Serbes l’écrivent plus volontiers en alphabet cyrillique, là où les trois autres utilisent davantage l’alphabet latin mais vous trouvez l’alphabet latin partout également en Serbie. Toutes les personnes rencontrées dans ces quatre pays ont été unanimes : c’est la même langue, et l’intercompréhension se fait à 98% (pas sûre de pouvoir dire la même chose avec le français de Belgique, je plaisante Océ !). Enfin, il faut garder à l’esprit que les différences ont été ces 30 dernières années exacerbées par les différents courants nationalistes. Par conséquent, si certaines personnes vous disent qu’il ne s’agit pas de la même langue, il est préférable d’être conscient que ce sont davantage des considérations politiques que linguistiques. Pour terminer ce rapide topo, je citerai un des Serbes rencontrés pendant ce voyage « Les politiciens ont tout fait pour nous diviser, mais nous avons tant en commun ». 

Après mon thé et avoir encore bien marché dans la ville, je m’accorde une pause dans un resto de kebabche. Rien à voir avec ce que l’on appelle un kebab, ici ce sont des boulettes de viande, servies avec des oignons crus et un genre de piment, du pain et de l’ajvar (la sauce à base de poivrons hachés plutôt relevée). Je décide ensuite l’estomac bien plein et en plein cagnard d’aller escalader la forteresse (Laurianne les bonnes idées, toujours). En haut de la forteresse, une petite photo prise par deux Madrilènes et on redescend. Après avoir encore bien exploré la ville en long en large et en travers, je décide de rentrer (une fois de plus l’orage gronde). Deuxième dodo bien mérité. 


Samedi, j’avais rendez-vous à 10h avec Jovan, un mec de Couchsurfing qui m’avait gentiment proposé une balade dans la ville. Après avoir essayé d’acheter un genre de chausson aux pommes avec des dinars serbes (tout est mélangé dans mon portefeuille c’est le gros bordel), je retrouve Jovan sur la place principale. Il me fait faire un petit tour du centre-ville avec les explications qui vont bien et on part dans le vieux bazar prendre un thé (servi exactement comme à Istanbul). On se dirige ensuite vers un parc pour avoir un peu de fraîcheur (il fait un bon 33 degrés aujourd’hui), on discute et quand mon estomac crie trop famine, on va manger dans la Bohemian Street. Jovan me redépose ensuite chez moi pour une petite sieste et passe me rechercher le soir en voiture pour aller prendre un verre avec ses amis. Je fais ainsi la connaissance de Kristijan, de Stefi et de son amie canadienne en visite chez elle, Janna. Kristijan a eu une réflexion sur le macédonien que je trouve tout à fait juste, donc je me permets de vous la partager. Il m’a dit que le macédonien était au serbe et au bulgare ce que le catalan est à l’espagnol et au français. Proche, mais tout de même une langue à part. Après un verre, une bonne rigolade et une petite balade, Jovan me redépose très gentiment chez moi (je précise qu’il n’a bu que de l’eau, archi fiable le garçon). Kristijan prend mon numéro parce qu’il est possible qu’il vienne à Ohrid dans les jours qui viennent, donc on se reverra peut-être. Gros dodo.

vendredi 3 août 2018

Back in the Balkans : Niš et le Kosovo

Lundi 30 juillet 2018

Ce matin, c’est sur le canapé du salon que je me réveille. J’ai émigré de la chambre vers le salon car mon père ronfle décidément beaucoup trop fort et impossible pour moi de dormir dans la pelle d’un tracteur. Vesna est réveillée également, et on décide d’aller faire le plein de bureks à la pekara pour le petit dej. Entre temps je me dispute avec le robinet de la douche qui hésite toujours entre me congeler ou m’ébouillanter. Je sais que certains lecteurs de ce blog sont de fervents adeptes des douches froides mais c’est pas ma tasse de thé ;) Finalement, c’est le moment pour moi de lever le camp en direction de Niš. Dragan et Vesna m’accompagnent très gentiment à la gare et m’aident également à acheter mon billet. Je grimpe finalement à bord de mon bus et m’assois à côté d’une dame. Elle voyage avec deux autres dames, et toutes les trois ne sont de toute évidence pas serbes. Je tends l’oreille et finalement je me lance « Hablas español? » (ouais je l’ai tutoyée direct, de toutes façons je maîtrise pas la formule de politesse en espagnol, Leo, va falloir bosser). Elles sont toutes les trois vénézuéliennes et voyagent entre Sofia, Belgrade et Sarajevo. On discute un peu (autant que mon charabia me le permet) et je finis par m’assoupir contre la vitre. A l’heure qu’il est, je ne sais toujours pas exactement où je vais dormir ce soir mais on essaiera de résoudre le problème avant que la nuit tombe haha. 

Quand je suis arrivée à Niš, un mec de Couchsurfing m’avait finalement répondu (merci le wifi du bus) et donné son adresse. Je me tape donc la demi-heure de marche entre la gare routière et chez lui, monte les cinq étages, j’arrive donc en nage (il fait plus de 35 degrés) pour trouver porte close. J’appelle le type, « j’arrive tout de suite ». Il arrive rapidement, m’ouvre et je sens rapidement que ça va pas le faire. Ne vous méprenez pas sur mes propos, Miloš n’est pas un mauvais bougre, mais son appartement est à moitié en travaux, il a l’air de n’avoir pas dormi depuis trois jours et je ne me sens pas super à l’aise. Je pose quand même mon sac, on discute un peu, il me propose un café que je refuse puisque je n’aime pas ça. Heureusement, j’ai un autre plan pour être hébergé par un autre mec ce soir, il doit me recontacter vers 17h. Je demande à Miloš s’il veut bien m’accompagner au centre ville acheter quelque chose à manger. On en profite pour discuter un peu en chemin et il est cool, on rigole et comme il a l’air d’avoir quelques galères en ce moment, je lui partage ma théorie du pouvoir de l’esprit (transmise par mon frère il y a quelques mois). Ça le fait sourire jusqu’aux oreilles et la glace est définitivement rompue. On s’arrête dans une petite boulangerie pour se restaurer d’un burek et d’un jogurt. La dame demande à Miloš d’où je viens et le fait qu’une Française soit venue se paumer à Niš et soit en train de lui commander (en serbe !) un burek a l’air d’égayer sa journée. Elle demande à Miloš « mais elle a des origines serbes, un parent, quelque chose ? ». Non non, ma petite dame. D’après Miloš, « c’est vrai que tu ressembles aux gens d’ici ». On déambule dans le centre-ville, on va se poser dans le parc de la forteresse et finalement à une terrasse pour prendre un verre. Là je reçois un message de l’autre gars qui me donne rendez-vous le long de la rivière dans une heure. Avec diplomatie, je dis à Miloš que du coup, je vais le laisser finir ses travaux tranquillement et aller dormir chez l’autre mec. Ça n’a pas l’air de le vexer, donc on retourne chercher mon sac à dos et je me remets en route. Il commence à pleuvoir et j’avoue que j’ai un petit moment de lassitude. Ça arrive toujours dans ce genre de voyages, tu as parfois un petit moment de moins bien, un petit coup de mou, parce que la journée a été compliquée, que tu as pas mal marché, pas beaucoup dormi et que tu te demandes « qu’est-ce que je suis venue faire dans cette galère ? ». C’est donc à peu près dans cet état d’esprit que je retrouve Milan sous un gros arbre près de la rivière. A ma plus grande joie, sa bouille de bébé et son immense sourire m’ont immédiatement remontée à bloc. Un de ses amis (un autre Miloš) et une fille turque qu’il héberge aussi ce soir nous rejoignent. On se dirige tous les quatre vers chez lui et là je sais que j’ai pris la bonne décision. On arrive chez lui, c’est tout mignon et bien propre, il a aussi aménagé son petit balcon avec un genre de canapé, bref je me sens immédiatement super bien. L’autre fille est cool aussi, son pote aussi, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Milan nous offre des bonbons et des gaufres au sirop, une tasse de thé et commence à préparer le dîner. Je lui sers donc de commis pendant que les deux autres se chargent de la musique. Il nous concocte un truc absolument délicieux à base de champignons, poivrons, saucisse et crème. Une tuerie. On a passé un bon moment sur le balcon à fumer (pas moi Maman tu sais bien), à rigoler et à raconter des conneries dans un anglais plus approximatif les uns que les autres. Puis on s’est mis en route pour le centre-ville, on est retournés le long de la rivière et on s’est installés sur des marches où il y avait plein de groupes d’amis venus se détendre et profiter de la soirée. Le pote Miloš est ensuite rentré chez lui mais on le reverra demain et tous les trois on est allés faire le tour de la forteresse. Finalement on est rentrées, Nermin et moi avons mis en commun notre linge sale et foutu tout ça dans la machine. Grosse douche (je suis dans un état de saleté repoussante), encore un moment sur le balcon et finalement j’ai déclaré forfait et je suis allée me coucher. Je partage mon lit avec Nermin (le lit est immense et en fait composé de deux matelas, et ça ne nous dérange ni l’une ni l’autre). Je ne sais pas à quelle heure elle est finalement venue se coucher mais je n’ai rien entendu car j’ai dormi comme un bébé. Un petit mot quand même de la ville de Niš, elle donne le sentiment d’être beaucoup plus pauvre et bordélique que les trois villes que j’ai visitées jusqu’à présent. Pas mal de Roms avec des charrettes, pas mal de trucs sont vieux ou un peu délabrés. Mais quand même des trucs un peu plus modernes au centre-ville. J’espère avoir le temps d’aller au marché aujourd’hui pour acheter quelques fruits rouges. 

Mercredi 1er août 2018

Bon, on va essayer de reprendre les choses là où je les avais laissées. Je vous avais laissés à Niš, avec Milan et les autres. Milan nous a donc laissé son lit pour la nuit, que j’ai partagé avec Nermin, la jeune femme turque et il est allé dormir je-ne-sais-où. J’ai tellement bien dormi que je n’ai pas entendu, ni l’orage, ni Nermin quand elle est venue se coucher, ni rien du tout. Quand je me réveille, Milan est en train de nous préparer le petit dej. Et qualifier ceci de « petit » déjeuner est ici totalement ridicule. Omelette aux champignons, bureks à la viande et au fromage, tartines de Nutella, jus de fruits, thé, etc. Milan a même été assez adorable pour étendre notre lessive et du coup nos fringues sont propres et sèches. Une fois prêts on se met en route pour aller voir la « skull tower », tour des crânes. C’est une tour qui a été érigée par les Ottomans avec les crânes des soldats serbes. Initialement destinée à les ridiculiser, cette tour est finalement devenue un emblème de la résistance serbe. Aujourd’hui il ne reste que 58 crânes alors qu’au départ, il y en avait plusieurs centaines. Ensuite direction le camp de concentration nazi. Je précise ici qu’il s’agit d’un camp de prisonniers, pas d’un camp d’extermination comme Auschwitz-Birkenau ou Treblinka. Pas de chambre à gaz, ni de four crématoire, mais des cellules dans un grenier et de nombreux panneaux d’explications en serbe et en anglais (et en bon anglais). La grande majorité des personnes qui ont été détenues ici ont ensuite été exécutées par balle quelque part dans les collines environnantes. Beaucoup de Juifs, mais aussi des résistants serbes (les Serbes étaient du côté des Alliés pendant la Seconde Guerre Mondiale). On passe ensuite par la gare routière pour vérifier les bus, on a bien fait puisque le bus que je devais initialement prendre n’existait pas et qu’il n’y en avait qu’un à 18h. Du coup on est allés manger avec Miloš et des gens qu’il connaissait (enfin je crois qu’il les connaissait) dans un resto où tu paies le repas le prix que tu veux (un concept). Comme on était trop nombreux pour la table du resto, ils nous ont installés une table dans le jardin de l’immeuble d’en face et on a tous traversé la rue avec nos assiettes et nos couverts à la main. Repas végétarien (une grande première en Serbie), enfin à moitié végétarien puisqu’il y avait du poisson, mais un repas sans viande est déjà un exploit absolu. Après ça, Milan et moi sommes allés faire le tour des marchés pour trouver des mûres et on est rentrés les bouffer sur son balcon avec Nermin. Finalement il a été l’heure de partir. On a dit au revoir à Milan à regrets, surtout que c’est son anniversaire demain et on aurait adoré le fêter avec lui. Je vais quitter la Serbie ce soir puisque je prends le bus pour Pristina, la capitale du Kosovo. Je passerai sur la question « Le Kosovo est-il ou non un État indépendant ou est-ce encore la Serbie ? ». Au vu du passage de la frontière, je pencherai pour dire que ce sont deux pays différents... Je quitte donc la Serbie à regrets, j’y reviendrai ça c’est sûr. Si je ne connaissais personne en arrivant, j’ai aujourd’hui des gens que j’adorerais revoir, ici ou ailleurs. J’ai rencontré des personnes absolument merveilleuses, d’une générosité et d’une gentillesse incroyables. Je vous prie de me croire, l’hospitalité pour les Serbes n’est pas un vain mot. Merci à tous (même si aucun d’eux ne parle français) pour ces moments incroyables, pour avoir partagé votre histoire, votre philosophie de la vie, des anecdotes sur votre pays. Merci d’avoir été aussi curieux, ouverts d’esprit et généreux. HVALA <3

Hier soir j’ai donc repris la route pour le Kosovo. De Niš à Pristina. On m’avait vendu 2h30 de route. Ouais ouais. Bref, je fais mes adieux à Milan et je grimpe à bord du bus. Le chauffeur me fait signer de m’asseoir devant, peut-être qu’il a eu peur que je sois malade en transports et que je vomisse partout dans son bus. Il faut dire que vu l’état des routes, ça aurait pu être le cas (merci Maman de m’avoir faite avec l’estomac bien accroché). Je découvre qu’ici les chauffeurs sont absolument polyvalents. Le mien peut conduire le bus sur des routes pleines de nids de poules et qui tournent sans arrêt, sous l’orage et sous la pluie, tout en répondant au téléphone, en s’engueulant avec son voisin de derrière et en bouffant des genres de gressins. Polyvalent je vous dis. Après deux bonnes heures de routes en colimaçon, on arrive en vue de la frontière. Et là les enfants, croyez-moi que ça a duré. Une longue file de bagnoles qui n’avançaient pas. Et par malheur, ma vessie commençait déjà à se manifester depuis un moment. Au bout d’une demi-heure et voyant qu’on n’avait pas avancé d’un mètre, je décide de demander à aller faire pipi quelque part. Je demande à la jeune fille derrière moi si elle parle anglais, non mais la dame à côté d’elle, oui, le ciel soit loué. Elle me fait signe de la suivre, qu’elle va m’accompagner. On arrive donc au poste de douane, elle demande les chiottes, le mec dit qu’il n’a pas la clef (j’ai réussi à comprendre ça par je ne sais quel miracle), nous fait signe de faire le tour. Finalement un douanier aura pitié de nous et nous filera la clef de chiottes qui figurent en bonne position dans le classement des toilettes les plus sales que j’ai vus de ma vie. Peu importe, ma vessie est soulagée, je peux remonter à bord du bus. Le monsieur qui était assis à côté de moi a laissé sa place pour que Vesna puisse s’asseoir à côté de moi. Vesna est une Serbe du Kosovo, elle vit à Pristina et me parle de ses trois enfants, tous partis à l’étranger (Japon, Pologne et Etats-Unis). Elle est absolument charmante et finira par me donner son numéro avant de partir au cas où j’aurais besoin de quoi que ce soit. Jusqu’au bout les Serbes auront été merveilleux. C’est finalement à 22h passées que j’arrive à Pristina, dans une gare routière assez flippante, escortée par le chauffeur albanais et une autre fille qui m’a tapé la conversation dans le bus. J’arrive à choper un wifi pour contacter Tim, le mec qui doit m’héberger ce soir. Il est au centre-ville et me retrouve environ 30 minutes plus tard. 

Les gars, je suis une fois de plus méchamment à la bourre. Je vous avais laissés à Pristina au moment où Tim m’avait récupérée à la gare routière. On arrive chez lui, grand appartement tout confort. Je meurs de faim et il a la gentillesse d’aller m’acheter un burek à la boulangerie du coin. On discute un peu mais je suis épuisée et j’ai vraiment besoin de dormir. J’ai une chambre pour moi toute seule et je ne tarde pas à sombrer dans les bras de Morphée. 


Le lendemain, j’y voyais un peu plus clair. Tim part travailler et je dois donc quitter son appart. J’avais initialement l’idée d’aller faire un tour dans Pristina avant de retourner à la gare routière pour choper le bus pour Prizren. Sauf que je suis à plus de 30 minutes de marche du centre et à seulement 10 minutes de la gare routière, j’ai mon sac à dos et je dois encore faire deux bonnes heures de bus pour arriver à Prizren. La décision est prise rapidement, tant pis pour Pristina, je n’en aurais vu que la gare routière et une forêt d’immeubles plutôt anarchique. Je mets directement le cap sur la gare routière, direction Prizren. Sur le chemin de la gare routière, je constate rapidement qu’une jeune femme avec un gros sac à dos n’est probablement pas une vision très courante dans le quartier. Mais aucun regard désagréable, juste passablement étonné. La gare routière est en vue, je grimpe à bord de mon bus qui part une grosse dizaine de minutes plus tard. C’est parti pour deux bonnes heures de route et un nombre incalculable d’arrêts. On doit être à 50 kilomètres heure environ, avec une pointe à 70 dans les descentes et on doit tomber à 40 dans les montées. Finalement, Prizren. Ici m’attend Aga avec qui je dois potentiellement partir en stop jusqu’à Skopje (j’abandonnerai finalement le projet, pas de panique Maman). Je marche vers le centre de la ville car je sais que l’auberge où bosse Aga (et où je dois passer la nuit) n’est pas loin. Comme dans pas mal de villes, personne ne semble connaître ici le nom des rues et Google Maps me sauve la mise une nouvelle fois. A ce propos, Free, qui a sans doute estimé que la note serait suffisamment salée comme ça au retour m’a purement et simplement désactivé la 3G (que je n’ai pourtant utilisée que dans les situations extrêmes et quand je n’arrivais pas à trouver un wifi). Du coup, on en revient maintenant à la bonne vieille méthode de demander son chemin aux passants. Je finis par arriver à l’auberge. Ils ont l’air d’être en plein ménage car règne dans l’auberge un certain capharnaüm. Un homme m’accueille chaleureusement, je commence à caresser le chien qui dort sur le canapé. Il me demande d’où je viens, je réponds que je suis française et là il s’exclame « oh mais t’es française, mais j’suis de Montréal moi ! » avec l’accent québécois le plus fort que j’ai entendu de toute ma vie. Céline Dion à côté c’est de la limonade. Son accent est tellement fort et ses expressions tellement caricaturales que je me demande un moment s’il ne s’agit pas d’une plaisanterie. Mais non. Vingt minutes plus tard, Franck m’avait raconté comment il était parti six mois en voyage dans les Caraïbes avec sa « blonde » rencontrée dans un bar de Playa del Carmen au Mexique, et qui l’avait finalement largué à Port of Spain. Il monte ensuite me montrer la terrasse en rooftop mais je ris tellement que j’ai du mal à monter les escaliers. Je fais la connaissance d’Aga, une Polonaise de 22 ans qui m’a donc contactée sur Couchsurfing. Elle me dit les deux trois trucs à voir dans la ville, je file m’acheter un burek et je pars explorer. Je monte jusqu’à la forteresse d’où on a une vue magnifique sur les forêts alentour. Je redescends dans les petites ruelles, je vais remplir ma bouteille d’eau à la fontaine de la mosquée. Le tonnerre résonne une fois, deux fois, trois fois dans le ciel de Prizren, je juge plus sage de rentrer à l’auberge. Deux minutes plus tard c’était le déluge. Je reste un moment à chiller sur la terrasse avec Aga et Arbra, une Kosovare de 17 ans qui passe une bonne partie de son temps à l’auberge. Franck se fait un truc à manger et j’hérite d’une assiette, je crois qu’il m’a à la bonne (je cite « t’es ben belle et t’es ben sérieuse »). Comme c’est la dernière soirée d’Aga, on décide de sortir pour fêter ça. Direction un bar du centre avec Dennis (l’autre volontaire turc) et Angelo (un backpacker néerlandais qui vient d’arriver). Un peu plus tard, on est rejoints par Gaydim (le propriétaire de l’auberge) et Hajrije (une Albanaise de 23 ans qui a grandi à Chicago). On s’entend bien toutes les deux, et elle me comprend quand je lui dis que le stop, je suis moyennement enthousiaste. Elle m’aidera même à regarder les horaires de bus. Vers 2h du matin, on rentre à l’auberge, tout ce petit monde s’installe dans les canapés du rez-de-chaussée et fume (j’ai l’impression de vivre dans un fumoir depuis que je suis partie, et c’est pas ce que je préfère de ce voyage mais c’est pas dramatique). Il semble que je me sois endormie dans le canapé puisque Hajrije me réveille à 5h du matin pour littéralement me mettre au lit. De mémoire j’ai dormi toute habillée (rien ne va plus dans ce voyage), et deux heures plus tard mon réveil sonnait pour aller prendre le bus. Un peu hagarde après ma nuit de deux heures (que dis-je ? Ma sieste), je retrouve finalement le chemin de la gare routière, commande un thé à une terrasse qui n’avait de toute évidence pas vu une femme en terrasse depuis un moment... et le chauffeur de bus vient directement me chercher en mode « Skopje ? ». Environ quatre heures et demi de bus, réveillée par la police kosovare à la frontière pour que je leur donne mon passeport et on arrive à Skopje sur les coups de 13h. 

lundi 30 juillet 2018

Back in the Balkans : Novi Sad et la Voïvodine

Jeudi 26 juillet 2018

Je suis donc bien arrivée à Novi Sad. J’ai réussi à choper un wifi au McDo de la gare routière et dix minutes plus tard, Dalibor, mon hôte pour les deux jours qui viennent arrivait avec sa voiture pour m’épargner le trajet jusqu’au centre ville avec mon sac. Qu’il soit béni. Il me dépose au centre ville, repart travailler et me donne rendez-vous pour 16h. J’en profite pour explorer le vieux centre, adorable, avec une petite place pleine de terrasses de cafés, des maisons colorées dans les tons pastels et une ambiance détendue. Un petit 28 degrés absolument parfait. Je me délecte d’un chocolat froid à la terrasse d’un café et je poursuis mon exploration du centre-ville. Une église catholique trône au beau milieu de la place principale, plus loin plusieurs églises orthodoxes côtoient une synagogue. Dans une des églises orthodoxes, je laisse un petit cierge en pensant à ma grand-mère comme je le fais parfois. 

(...) Bon les gars, comme d’habitude, on est déjà samedi après-midi et j’ai rien eu le temps de raconter. J’en étais donc restée à jeudi aprem et mon exploration du centre-ville. Ça s’est poursuivi au marché où j’ai découvert que je pouvais acheter une énorme barquette de framboises (au moins 500 grammes) pour moins d’un euro. Inutile de vous dire que je ne me suis pas fait prier. J’ai ensuite retrouvé Dalibor à la sortie de son boulot et il m’a emmenée à la « plage ». C’est un endroit aménagé le long de la rivière, un genre de « Novi Sad plage » avec du sable, des gens en maillot de bain, des jeux pour les gosses et des marchands de glace. On prend un verre, les pieds dans le sable (et aussi un peu dans les mégots de cigarette malheureusement...). Il fait beau et chaud, je tente donc de parfaire mon bronzage en vue de passer de blanc à blanc cassé. On a fini par dîner là, à une petite terrasse, assortiment de viande (clairement la Serbie c’est pas le pays des végétariens), salade šopska, ajvar, etc. Dalibor refuse que je paie quoi que ce soit, et ce sera comme ça pendant deux jours. Vedrana m’avait bien dit que c’était normal que les hommes paient en Serbie mais enfin quand même... Dalibor m’emmène ensuite voir le coucher du soleil depuis le haut d’une forteresse avec une vue plongeante sur le Danube. On reprend ensuite sa voiture direction une petite bourgade qui abrite une des plus anciennes écoles de Serbie. On rentre finalement, il me dépose en bas de « chez moi » puisque j’ai littéralement un appartement à disposition pour moi toute seule. C’est Couchsurfing version grand luxe. Vendredi matin, je repars en exploration de la ville, le petit parc, les petites ruelles avec les maisons aux couleurs pastels. Évidemment, mon petit dej a consisté en un burek au fromage et un jogurt. A 14h, j’ai rendez-vous avec Milan, qui m’a écrit sur Couchsurfing. Il n’a aucune référence, et normalement je refuse systématiquement mais dans un élan de bonté, et en me disant qu’un café au centre-ville ne me faisait pas courir un grand risque, j’ai accepté. Et bien m’en a pris ! Milan est adorable, super cool, intéressant et marrant. Il me fait faire le tour des universités (toutes regroupées au même endroit), on retourne à la plage prendre un verre (et j’en profite pour engloutir trois crêpes gorgées de Nutella...). Il parle super bien anglais (comme beaucoup de gens ici en fait), il est étudiant en informatique et tente de perfectionner mon serbe (la différence entre tch et tch’ c’est pas encore pour demain...). Finalement il me propose d’aller jouer au billard. Je lui explique que je suis assez désespérante mais il me dit que c’est pas grave, qu’il n’est pas un expert non plus et qu’il va me montrer. Malheureux ! Tant de patience et d’abnégation, ça force le respect. On a pris ça à la rigolade, il était encourageant et cool et j’ai au final pas si mal joué que ça et on a bien rigolé. On se quitte en se disant qu’on va peut-être se revoir puisqu’il rentre à Subotica où sa famille habite et que c’est la ville où je pars demain. Je retrouve Dalibor qui m’emmène dîner (en taxi car il me dit qu’il a déjà bu deux bières avec ses collègues) dans un magnifique restaurant. Déco comme une ancienne maison de campagne, la nourriture est délicieuse et surtout, surtout, il y a un groupe de musiciens qui joue des chansons traditionnelles serbes et des Balkans en général. L’ambiance est géniale et je passe une merveilleuse soirée. Je suis épuisée car j’ai encore marché près de 20 kilomètres dans la ville, du coup Dalibor dit au taxi de me déposer en bas de chez moi. Pourrie gâtée la nana. Gros dodo pour clore cette formidable journée. 

Ce matin, on part dans le parc de Fruška Gora, malheureusement il a plu hier et c’est un peu boueux. On prend notre petit dej dans la forêt et on remonte jusqu’à un hôtel perdu au milieu des bois. Un petit thé pour moi, un genre de citronnade pour Dalibor et c’est là que le déluge s’est déclaré. Il est tombé en 25 minutes ce qu’il tombe dans le désert de Gobi en 40 ans je pense. Du coup ça a un peu écourté la promenade vu que ça menaçait à tout moment de recommencer et qu’il a recommencé à pleuvoir quand fort heureusement, on était en vue de la voiture. Dalibor m’a déposée à la gare routière, aidée à acheter mon billet et a attendu de s’assurer que je monte bien dans le bon bus. J’ai été incroyablement gâtée pendant ces deux jours et je ne sais même pas comment le remercier. J’espère du fond du cœur avoir l’occasion un jour de le revoir à Paris. Je suis donc actuellement à bord de mon bus pour Subotica. 

(...) Nous sommes déjà dimanche matin. Je suis arrivée hier à Subotica, Milenko, mon hôte pour la nuit m’avait envoyé son adresse, la ville est plutôt petite donc il habite pas loin du centre et je n’ai pas trop à marcher. Je m’installe, il est cool et plutôt bavard, il me sert une tasse de thé à l’amande qu’un ami lui a ramené d’Israël. Ce truc est une pure merveille, si l’un d’entre vous part en Israël, faites un stock je vous en prie. On est ensuite allés faire un tour dans le centre-ville, il connaît plein de choses, d’anecdotes historiques et autres sur Subotica, du coup c’est super cool. Il connaît aussi plein de monde et on croise plusieurs de ses amis. On finit attablés dans un resto où je me régale d’une soupe et d’une salade šopska et après ça, Milenko me fait goûter un dessert à base de châtaignes absolument délicieux. On prend ensuite sa voiture, direction le lac de Palic. On déguste une glace à une petite terrasse et Milenko m’explique plein de trucs sur le lac et sur la région de Subotica en général. Région particulièrement intéressante, qui fut pendant longtemps territoire hongrois. Aujourd’hui encore plus de 30% de la population est hongroise. Et tout est écrit dans les deux langues dans la ville. Subotica n’est d’ailleurs qu’à quelques kilomètres de la frontière hongroise. L’architecture de la ville est particulièrement belle et je ne regrette pas d’avoir choisi d’y faire une halte. 

Dimanche 29 juillet 2018


Grosse journée. Pour commencer, je me suis tapé une insomnie d’enfer et je me suis endormie vers 2h du mat. Réveillée à 6h30 sans aucune raison valable. Je commence à me rendormir quand Milenko débarque à 8h30 avec une tasse de thé. J’ai compris que ma nuit était finie... Heureusement que son thé est absolument merveilleux. On part ensuite prendre un petit dej dans le centre ville. Grosse omelette au jambon et au fromage, toujours dans le diététique Laurianne. On fait ensuite le tour des églises qu’on n’avait pas vues hier et pour finir on se pose dans un petit parc. On repasse par l’appart de Milenko pour que je boucle mon sac et je lève le camp car j’ai rendez-vous avec Milan qui est rentré chez ses parents et qui est donc à Subotica. Je remercie Milenko pour son accueil et pour ses nombreuses explications de l’histoire de la ville et de l’histoire serbe en général. Milan me propose de laisser mon gros sac dans le coffre de sa voiture (merveilleuse idée) et comme il fait plus de 35 degrés aujourd’hui, d’aller se poser sur le bord du lac de Palić (deuxième merveilleuse idée). En route ! On se pose donc sur le bord du lac et on refait le monde pendant deux bonnes heures. C’est finalement avec mon père que je terminerai cette journée puisqu’il est en vacances en Serbie avec ma belle-mère et mes petites sœurs, et un couple d’amis serbes, Dragan et Vesna. On se retrouve donc tous sur les bords du lac, je dis au revoir à Milan qui est très timide et n’ose pas venir prendre un verre avec nous, et on s’attable finalement car personne n’a rien mangé depuis ce matin. Finalement on reprend la route direction Belgrade, je monte en voiture avec Dragan et Vesna. On arrive dans l’appartement qu’ils ont loué pour quelques jours. Avec Vesna et ma petite sœur Océane, on décide d’aller chercher à manger. La boulangerie en face est fermée, on commence donc à se mettre en quête d’un truc quelconque comestible. On dégote un genre de burgers serbes, quelques bouteilles d’ice tea et c’est là que les ennuis ont commencé. On s’est perdues. Mais genre, vraiment perdues. On a donc tourné, viré, on s’est aperçues qu’on ne connaissait pas le nom de la rue et que le bâtiment qu’on pensait être l’ambassade italienne ne l’était pas. Au bout de plus d’une heure de marche et après avoir demandé à une demi-douzaine de personnes, on arrive à retrouver notre immeuble. J’engloutis mon burger et je vais aller me coucher rapidos, je suis lessivée. Bonne nuit les amis !