Mercredi 8 juillet 2015
Aujourd'hui, grosse journée. On se réveille dans le four qui nous sert de dortoir, complètement desséchées, et avec une seule idée : la douche. On tourne à deux douches par jour ici, et c'est vraiment le minimum syndical. Bref, douche, petit dej, et nous voilà parties pour la gare routière, puisqu'à 10h, nous prenons le bus pour Kotor, au Monténégro. C'est parti pour 85 km de route de montagne, toujours plus sinueuse et étroite, frôlant le bord de la falaise évidemment, sinon c'est pas drôle. Heureusement, notre chauffeur semble plutôt prudent (du moins, celui de l'aller...). Arrive le passage de la frontière : premier contrôle des passeports, où le mec de la douane jette un oeil au nôtre mais ne l'embarque pas (contrôle croate, Union européenne, libre circulation des personnes, tout ça, tout ça...). Deuxième contrôle des passeports : là le mec nous les embarque et nous les rend ornés d'un nouveau tampon (contrôle monténégrin). Curieusement, alors même que le Monténégro ne fait pas partie de l'UE, la monnaie en circulation est l'euro. Allez savoir... Bref, une fois passée la frontière, on se rend vite compte que le Monténégro n'est pas aussi riche que la Croatie (région de Dubrovnik j'entends). Un bon nombre de barres d'immeuble auraient besoin d'un sérieux coup de ravalement. On constate aussi que si 70% des panneaux et indications sont en alphabet latin, il en demeure encore en alphabet cyrillique, vestige de l'époque où le Monténégro était encore rattaché à la Serbie (seul état des Balkans à écrire cette langue en cyrillique). On longe toute la baie sur 30 bons kilomètres et on est forcées de constater que les bouches de Kotor n'ont pas volé leur inscription au Patrimoine mondial de l'UNESCO. Les bouches de Kotor sont considérées comme un "fjord", sauf qu'on n'est pas en Norvège ni au rayon yaourts de votre supermarché préféré. Une baie archi-découpée, entourée de montagnes, où en 10 kilomètres à peine, on plonge déjà dans une eau turquoise et transparente. Sublime. On n'a pas assez d'yeux pour savourer ce paysage magnifique. Enfin, on arrive à Kotor, petite ville fortifiée entourée d'une enceinte, dont une partie grimpe tout le long de la montagne telle une petite muraille de Chine. On fait le tour de la ville, on visite une église orthodoxe, on s'achète une glace (on a fait une petit pique-nique ce midi devant le port). Ayant rapidement fait le tour de la ville, on décide d'aller sur une petite plage qu'on a aperçu. La tentation de piquer une tête est terrible, mais la perspective de passer deux heures mouillées dans le bus beaucoup moins. Finalement on se contentera de se baigner les mollets. L'eau est délicieuse, claire à se pâmer, on lance des petits cailloux dans l'eau (plage de mini-gallets) et on savoure le paysage. Vient rapidement l'heure de rentrer, on se dirige vers la gare routière pour apprendre qu'il faut rajouter deux euros sur le billet de bus au nom de je ne sais quelle réservation chelou. Bref, on n'a pas d'autre choix, on ne peut pas rester là. On constate avec une petite angoisse que notre nouveau chauffeur ne conduit pas aussi prudemment que le premier, fort heureusement, on arrivera à Dubrovnik sans encombre. En rentrant, et parce que je bave littéralement depuis deux jours que je les vois dans la baie, on décide de craquer pour 30 minutes de jet-ski. Première expérience pour Léa, lointain souvenir pour moi, et surtout première fois pour moi aux commandes. C'est encore plus grisant que dans mon souvenir. Cette petite merveille obéit à une simple pression de mon index pour nous propulser sur l'eau. Léa adore aussi, on fait quelques petits sauts, et on profite aussi de la merveilleuse vue sur la ville et la baie que ce nouveau point de vue offre. J'ai toujours adoré les sports nautiques, ne les considérant pas vraiment comme du sport, mais plus comme une source de plaisir uniquement, j'aime la vitesse, bref, le jet-ski, si j'étais riche, vous ne me verriez plus à terre. Notre petite séance terminée, on retourne à l'auberge pour se poser un peu, finaliser mon inscription à Assas (ô joie de la paperasse étudiante) et on rencontre dans la cuisine de l'auberge, Mateus, un Brésilien jovial et tout sourire, qui achève six mois d'échange à Paris et parle un très bon français. Il se joint donc à nous pour une part de pizza sur le port, on en profite pour admirer Dubrovnik by night, et on projette déjà de se retrouver à Split (il y part demain et nous vendredi). Petite glace coco pour terminer la soirée (offerte par Mateus en parfait gentleman) et on regagne l'auberge. Petit boeuf à la guitare avec notre nouveau pote, la Brésilienne de notre chambre et un Canadien de passage. Douche, brossage de dents et dodo. Demain, la Bosnie, Mostar et une grosse part de l'histoire sanglante des Balkans nous attendent.
Jeudi 9 juillet 2015
Ce matin, deuxième réveil dans notre four. Je suis absolument en nage, le tartinage de Biafine d'hier soir n'a rien arrangé, j'ai un mélange de sueur et de pommade sur la peau... Bref, une douche s'impose. Dernier petit déj' dans la cuisine de l'auberge, on laisse un petit mot à notre Brésilien que l'on reverra peut-être à Split et direction la gare routière. En bus cette fois, parce que pas question de se retaper les 30 minutes de marche avec les bagages. D'autant plus qu'à 8h du matin, il fait déjà 30°C. On monte à bord du bus (quasi vide), il a pour terminus Sarajevo mais nous descendrons à Mostar, notre unique étape en Bosnie-Herzégovine (et plus précisément en Herzégovine, Mostar étant la capitale de cette région). C'est parti pour trois bonnes heures de bus, ponctuées par la musique du chauffeur, le sourire de l'assistant et le quadruple contrôle des passeports (je déconne pas). Et avec tout ça, même pas un petit tampon pour témoigner de notre passage, snif ! Enfin on arrive à Mostar sur les coups de 11h30, il fait déjà 36°C, la mer est loin, subsiste un petit vent qui tente tant bien que mal de rafraîchir l'atmosphère. Immédiatement, on sent que l'on a changé d'ambiance. Les alentours de la gare sont beaucoup plus pauvres que ce que l'on a pu voir en Croatie. A Mostar, églises et mosquées se côtoient, clochers et minarets se partagent le ciel, jeunes femmes voilées et demoiselles en short également. Nous sommes de la deuxième catégorie, doit-on se changer ? Nullement. On se traîne en direction de la vieille ville puisque notre réservation se trouve à quelques mètres du vieux pont, le fameux Stari Most (qui a donné son nom à la ville, Stari Most, Mostar, vous me suivez ?). On s'engouffre dans la vieille ville au milieu d'une sorte de grand bazar, boutiques touristiques et marchands de glace se succèdent, le tout dans un décor à mi-chemin entre l'Orient et la culture slave. Pourquoi l'Orient me direz-vous ? La Bosnie a longtemps fait partie de l'Empire ottoman, la culture ottomane et donc turque a été très influente, les baklavas sont pas arrivés tout seuls. Quant à nous, on arrive en vue de notre auberge (hôtel ? Ici ils appellent ça "pansion"). La charmante jeune femme de la réception nous accueille et nous montre notre chambre, tout confort, salle de bains privative, climatisation et petit balcon. Que demander de plus ? Elle nous informe également qu'une boisson de bienvenue nous sera offerte si on se pointe au bar d'en bas. C'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd et comme on crève de soif après notre marche depuis la gare, une fois posées les affaires, on met direct le cap sur le bar. Cocktail sans alcool joliment présenté dans un décor digne d'un hôtel 4 étoiles. Une immense terrasse avec des tables, des canapés, des énormes coussins blancs et même un hamac dans lequel faire la sieste. Si le Guide du Routard conseillait cette "pansion" pour son excellent rapport qualité-prix, on ne s'attendait pas à un tel luxe. On savoure notre chance et ce petit moment de confort. On part ensuite à la découverte de la vieille ville, qui nous dépayse énormément. La vieille ville de Mostar et notamment le vieux pont sont le symbole de la coexistence des communautés, le pont reliant Mostar-Est la musulmane et Mostar-Ouest la croate. En 1993, les Croates détruisent le vieux pont... Les collines qui entourent la ville rappellent la cruauté des combats et se font désormais face les cimetières croate, serbe et musulman. Le 21 novembre 1995, les accords de Dayton sont signés, mettant fin au conflit. En 2004, la reconstruction du pont commence. En 2005, la vieille ville de Mostar est classée Patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO, comme pour prendre le monde à témoin. Aujourd'hui la paix est revenue à Mostar et la sécurité ne semble plus poser aucun problème. La ville est pleine de touristes, énormément de Français, nous qui pensions être originales, raté ahah ! On décide d'aller manger un truc car nos céréales croates sont fort loin et on a repéré des adresses sympas dans le Routard. On se dirige vers un petit restaurant qui ne paie pas de mine, on est chaleureusement accueillies par le serveur (monsieur d'une bonne cinquantaine d'années), qui est aux petits soins pour nous. Burek à la viande, baklava dégoulinant de miel et petit thé, nous voilà repues pour une minuscule poignée d'euros. Petite parenthèse sur la monnaie : trois devises sont en circulation en Bosnie : la monnaie vraiment locale, le mark, la kuna croate et l'euro. Les prix sont la plupart du temps indiqués en kunas mais on peut payer avec ce qu'on veut. On se balade dans la ville, on pose notre séant le long de la rivière (fort fraîche comparée aux eaux plutôt chaudes de l'Adriatique), on regarde des jeunes Bosniaques sauter du haut du pont (à déconseiller, c'est quand même relativement dangereux). Laurianne gros boulet ne trouve rien de mieux à faire que de poser son postérieur en plein dans une flaque d'eau et sa chaussure gauche dans la rivière, mais vu la chaleur qu'il fait, c'est pas un drame. On visite, on monte de petit escalier en petit escalier, on remplit notre bouteille d'eau à la fontaine de la mosquée, on explore les ruelles, et comme il fait vraiment chaud, on finit par trouver refuge dans un bar installé dans une grotte. Oui vous avez bien lu. Ambiance rafraîchissante. Une petite glace et une balade plus tard, on a visité l'ensemble de la vieille ville, on se repose un peu au frais sur notre terrasse préférée et on attend que la chaleur se calme un peu. Sur les coups de 18h, on reprend la balade pour admirer la lumière sur les murs de la ville, on retourne à la rivière et comme on commence à avoir un peu faim, direction un petit resto en terrasse à côté du Petit Pont. Festin bosniaque à coup de feuilles de vigne farcies, de légumes farcies, de petites saucisses de viande hachée. Tout est absolument délicieux et on conclut le repas par un café bosniaque accompagné d'un loukoum. Alors le café bosniaque s'apparente à son cousin le café turc, c'est-à-dire qu'on laisse le marc. Pour quelqu'un qui n'aime pas le café, ça passe ou ça casse. Bah figurez-vous que ça passe pas si mal (même si à l'heure où j'écris, j'ai un chouïa du mal à le digérer). Mais c'est pas si mauvais. Enfin balade de nuit dans la vieille ville, et retour à la chambre où le plus beau nous attend : une douche et un bon lavage de cheveux.
Je tiens à souligner l'accueil adorable et la gentillesse toute particulière des Bosniaques. Toutes les personnes à qui nous avons eu affaire aujourd'hui, de la guichetière de la gare à la jeune femme de l'hôtel en passant par les serveurs, se sont montrés particulièrement sympathiques.
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