lundi 25 mars 2019

Voyage au pays du dragon : Saïgon et le delta du Mékong

Je suis déjà rentrée depuis quelques jours, mais je n'ai pas encore écrit la suite de ce journal et mon séjour à Saïgon. Tout est allé si vite, tout était tellement intense et je privilégie toujours de vivre le moment plutôt que de l'écrire. Le récit de ces quelques jours dans le sud du Vietnam sera donc peut-être un peu différent, un peu moins sur le vif mais les souvenirs n'en restent pas moins très forts. 

Je suis donc arrivée à Saïgon un mercredi soir, une soirée chaude et humide, de cette moiteur typique de ce que l'on appelait jadis la Cochinchine. J'ai rejoint la grande métropole du sud seule, Alice prolongeant son séjour à Hoi An jusqu'à vendredi. Dans le bus entre Hoi An et l'aéroport de Da Nang, j'ai fait la connaissance d'une autre Anglaise, encore une Londonienne, très sympa avec qui j'ai bavardé en attendant mon vol. Cela fait huit ans que j'ai commencé à voyager seule, et pourtant je suis toujours surprise par cette magie de la rencontre, ce lien qui se crée presque instantanément entre voyageurs. 

Le bus me dépose quelque part dans la ville, au milieu des gratte-ciels, entre les braseros de rue, les vendeurs ambulants et le trafic délirant des deux-roues. La ville, qui a officiellement pris le nom de Ho Chi Minh Ville en 1975, mais que tout le monde continue d'appeler Saïgon, a toujours cultivé son indépendance et sa spécificité, se détachant d'Hanoï, la capitale, plus sage et plus traditionnelle. Saïgon a toujours été l'enfant terrible du Vietnam, et elle est sans conteste aujourd'hui la capitale économique du pays. Ruche bourdonnante de plus de 8 millions d'habitants (8 officiellement, mais on peut compter facilement 11 millions...), elle garde de nombreuses traces de son passé colonial, lorsque les Français la surnommaient "la Perle de l'Extrême-Orient". 

Guidée par les locaux, j'atterris devant mon auberge, Aloha Saigon, en plein coeur du "quartier routard" dans une ruelle qui serait coupe-gorge si l'on n'était pas au Vietnam, et qui a pour voisinage les nombreux bars de nuit et autres établissements où les tenues affriolantes des jeunes femmes ne laissent guère de doutes sur la nature de leur activité... Le responsable de l'auberge tente de m'entourlouper en essayant de me faire payer le prix d'un lit double que je n'ai jamais demandé mais je lui montre ma confirmation de réservation et il abandonne rapidement. Je hisse mon gros sac à dos sur la paillasse qui me sert de lit, installe mon campement de romano, essaie d'essuyer la clim qui goutte sur mon lit, abandonne rapidement le combat et je décide finalement de sortir manger quelque chose et prendre la température des nuits saïgonnaises. 

Je tourne à gauche en sortant de la ruelle et dix mètres plus loin, je tombe dans LA rue du quartier routard, celle où les bars ont envahi ce qui servait jadis de trottoir, où les scooters et autres mobylettes tentent de se frayer un chemin dans la foule, entre les promeneurs et les vendeurs ambulants en tous genres (fruits, rouleaux de printemps, paquets de mouchoirs mais aussi cigarettes, marijuana et cocaïne, proposée sous le manteau et avec, comme toujours, le sourire). La rue me fait aussitôt penser au Times Square new-yorkais, en plus bordélique indéniablement. Des lumières de partout, tant et si bien qu'on y voit comme en plein jour, de la musique crachée par des hauts-parleurs à plein volume et une foule détendue et joviale. Je me restaure d'un bun cha dans un petit resto étonnamment calme et propre dans une des rues les plus animées, servie par une jeune femme souriante et je décide ensuite de sortir boire un verre et profiter de la frénésie nocturne de la ville. 

Je branche le "hang out" de Couchsurfing et rapidement, m'organise avec un autre voyageur pour se retrouver devant le Highlands Coffee (sorte de Starbucks vietnamien) et aller déambuler dans les rues animées du quartier. Chose dite, chose faite, je retrouve Frédéric, débarqué à Saïgon depuis déjà quelques temps, après 21 000 kilomètres parcourus à vélo depuis Lausanne. On s'installe en terrasse et il me raconte ses aventures "monstre" passionnantes, ponctuées par un accent et des expressions toutes helvétiques. On décide finalement d'aller visiter Cholon, le quartier chinois de Saïgon le lendemain aprèm et j'abandonne Fred devant mon auberge où il tente de s'extirper des griffes de mes voisines court vêtues. 

Réveillée pas trop tard le lendemain, je pars à la recherche d'un pho et d'un café. La rue a presque l'air d'avoir la gueule de bois, mais au détour d'un coupe-gorge, je tombe sur une gargote comme je les aime. Je commande un café et un pho au poulet et je demande à partager la table de Lily, une jeune Allemande de Munich sirotant son café et fumant sa cibiche matinale. On rigole bien toutes les deux, et par chance, on se recroisera plus tard dans la ville. Je pars ensuite explorer la ville, la cathédrale (censée ressembler à Notre-Dame-de-Paris, on comprend pas bien où ni comment mais soit), la poste dont la charpente est signée Gustave Eiffel, le marché de Ben Tanh, etc. Recroisant Lily alors que je prends une petite pause sur un banc dans un parc, on décide finalement de poursuivre notre chemin ensemble et on termine sur le balcon d'un café. Le café vietnamien est décidément merveilleux. Lily s'envole ensuite pour Hanoï et je sors Fred du lit (enfin je le réveille à 14h quoi...) pour nous commander deux Grab (taxi-motos) direction Cholon, le quartier chinois. 

Si, comme moi, vous avez dévoré le roman de Marguerite Duras, le nom de Cholon (à prononcer Tseuleunne) ne vous est pas inconnu. C'est le quartier dont est originaire l'Amant, un Chinois de Cholon dont le père a fait fortune. Aujourd'hui Cholon est un quartier comme vous en trouverez beaucoup au Vietnam, une succession de petites échoppes, de vendeurs en tous genres, d'un grand marché. Fred tente les rouleaux de printemps crus achetés à une dame avec une palanche en bambou, et on s'attable ensuite pour un plat de nouilles comme on les aime. Après un coup d'oeil à la pharmacopée traditionnelle chinoise (hippocampes séchés, étoiles de mer séchées et autres réjouissances) et un énième café (glacé pour Fred et chaud pour moi) sur une terrasse d'où l'on a une vue plongeante sur la marée de scooters, on rentre au centre de la ville (à trois sur une moto, mais on n'est plus à ça près).

Réveil tardif sur ma paillasse, il est déjà près de 11h quand je mets le nez dehors. Il fait une chaleur étouffante et le soleil est sorti de derrière les nuages. Un pho et un café (combo gagnant désormais), je retrouve Fred que j'embarque pour la visite des tunnels de Cu Chi, un immense réseau de galeries souterraines et d'étroits boyaux creusés à la main par les Vietcong pour se protéger et se défendre contre la machine de guerre américaine. Les Vietcong ont fait preuve d'une grande ingéniosité, et d'une détermination farouche, piégeant de bambous empoisonnés une partie des tunnels sur lesquels venaient s'empaler les chiens et les soldats envoyés par les Américains. On visite une version élargie des tunnels, déjà relativement étroite et Fred et moi sommes les seuls à tenir 100 mètres dans le boyau. Des sorties tous les 20 mètres ont été aménagées au cas où un touriste ferait une crise de claustrophobie. Le guide qui nous ouvre la voie nous demande tous les 20 mètres si on veut sortir mais on insiste en lui disant que tout va bien et qu'on peut largement faire les 100 mètres. Finalement, et tandis que le groupe s'éloigne, on demande si on peut rapidement retourner dans le premier tunnel, à la taille d'origine et on s'y engouffre. C'est très, très, TRÈS étroit et je vous prie de me croire, cinq minutes là-dedans vous suffiront largement, alors y passer toute une journée... J'avance sur les genoux dans les feuilles et la terre, une bestiole voltige devant moi mais il fait beaucoup trop sombre pour que j'identifie la chose. On avance à la lueur de mon portable. Les Vietnamiens ont eu l'idée, surprenante à mes yeux, d'installer un stand de tir à l'arme de guerre sur le site des tunnels. Comme s'il n'y avait pas eu assez d'armes utilisées à cet endroit... Toute notre visite et les explications du guide (qu'on a affectueusement surnommé Johnny parce qu'il prend un accent très, TRÈS américain lorsqu'il parle anglais) sont donc ponctuées par des tirs de Kalachnikov ou de je-ne-sais-quelle-arme de guerre. On adore... Finalement retour à Saïgon après être restés coincés un moment dans les embouteillages, banh mi et au lit.


Impossible pour moi de fermer l'oeil, le café de la veille me tient éveillée toute la nuit et vu que j'ai rendez-vous à 7h devant le marché pour partir dans le delta du Mékong pour la journée, vers 6h je me lève. Douche, et direction le marché pour trouver un petit quelque chose à me mettre sous la dent. J'achète un mini-régime de bananes, obtient un café à un petit stand à peine ouvert (mais à ma tête de déterrée, je pense que la dame a eu pitié). Le guide arrive avec Jason (qu'il appellera Jackson la majeure partie de la journée), et on passe ensuite récupérer David et Judith. Après deux petites heures de route, on arrive dans un bled dans le delta, on enfourche les vélos et c'est parti pour 25 kilomètres. Evidemment, je trouve le moyen de me prendre une gamelle et de m'étaler de tout mon long, mais heureusement, je ne me fais pas mal. Pause déjeuner, on traverse le Mékong à bord d'une sorte de bac avec les vélos. Un bac sur le Mékong... On fait ensuite un tour en bateau et on fait glisser les kayaks à l'eau. On pagaie dans les ramifications de ce fleuve énorme qui irrigue toute la région et assure la culture du riz, faisant du Vietnam le cinquième producteur mondial. Je reste longtemps à contempler le fleuve, le soleil qui se reflète sur l'eau et à savourer ma chance, ce privilège incroyable de pouvoir réaliser ce rêve, traverser le Mékong en bateau. Retour à Saïgon en car (je m'assoupis à l'arrière et dors pendant quasi toute la durée du trajet), petite douche avant de ressortir prendre un verre avec Alice sur un rooftop pour y admirer les buildings qui poussent à la vitesse d'un champignon. 


Un énième café et je quitte Saïgon à bord d'un taxi-moto, direction l'aéroport, à Hanoî je perds 20 degrés et retrouve Duong. Vols pour Hong Kong et pour Paris. J'arrive à Paname en état de choc thermique, passablement déphasée et déjà nostalgique. Ce voyage a été tellement intense, tellement stimulant, presque salvateur. Un immense merci à tous les Vietnamiens pour leur accueil chaleureux, leurs sourires, leur douceur. Merci à tous les voyageurs rencontrés pour avoir partagé leurs expériences. Merci à vous d'avoir lu ce blog. Cảm ơn! 

jeudi 21 mars 2019

Voyage au pays du dragon : Hoi An et le Centre

Mercredi 13 mars 2019

Je suis une nouvelle fois hyyyyyper en retard sur le récit de ce voyage. Le temps passe super vite et je dois avouer que je préfère largement profiter du moment présent et vivre ce voyage à 100%, par conséquent je ne prends pas toujours le temps nécessaire pour me poser et vous narrer mes aventures. Mais je suis sûre que vous comprendrez ! 

Nous sommes donc arrivés à Hoi An avec Alice et Ian, un autre Anglais rencontré dans le bus. On a marché un bon moment, surtout moi car mon auberge est un peu excentrée de la vieille ville. Après 35 minutes de marche, j’arrive en nage à la villa. Ma chambre n’étant pas encore prête, je patiente au bord de la piscine. On va pas pleurer non plus. Je me suis accordé un petit plaisir et j’ai réservé une belle chambre pour moi toute seule dans une belle villa avec piscine, petit déjeuner servi dans le jardin et tout ce qui s’en suit. À 15 euros la nuit, j’aurais eu tort de me priver... La villa met aussi à disposition des vélos, moyen de transport prisé à Hoi An, mais surtout par les touristes, les locaux préférant semble-t-il toujours les mobylettes et les scooters. Ceux qui me connaissent savent que le vélo et moi, ça fait deux... Si je suis montée trois fois sur un biclou ces dix dernières années, c’est un record. Toujours est-il que j’emprunte donc une bicyclette (de ville, c’est encore ce que je préfère) et un antivol pour pouvoir déposer l’engin quelque part. Et c’est parti, je charge Google Maps et je parcours les deux kilomètres qui me séparent de la ville. Je laisse la bicyclette sur la première petite place que je croise, où sont déjà gares de nombreux engins. Impossible de fermer l’antivol, pas tout jeune et tout rouillé. Au bout de 20 minutes de lutte acharnée et tandis qu’un chien errant me lèche le coude, j’abandonne la partie et je laisse mon vélo avec l’antivol ouvert en priant pour le retrouver à mon retour. Le vieux centre de Hoi An est réservé aux vélos et aux piétons à partir d’une certaine heure, mais ça n’empêche pas certains de continuer à utiliser leurs deux-roues. Et pour être tout à fait honnête, vue la densité de touristes c’est impossible de continuer, même à vélo. Je continue donc à pied, ça m’évitera de tuer quelqu’un. J’erre dans les petites ruelles, c’est très mignon, le patrimoine est bien conservé. Mais ça me donne rapidement le sentiment d’un musée à ciel ouvert, d’une sorte de Disneyland réservé aux touristes où tous les magasins sont des échoppes de souvenirs ou des tailleurs pour se faire faire des vêtements (Hoi An est réputé pour ça). Les restaurants sont plutôt modernes, presque chics et les petits bouis-bouis qui me sont chers sont relégués à l’extérieur de la vieille ville. Je trouve néanmoins un resto où m’attabler pour goûter une des spécialités locales : le cau lao. Il s’agit d’un plat de nouilles avec du porc, des herbes et tout un tas de trucs. C’est délicieux et la serveuse est adorable (même si elle m’a apporté le ventilateur et me l’a branché en plein sur moi en pensant que j’aurais trop chaud). Je l’ai coupé en douce parce que je déteste ça. Je me balade ensuite dans les rues, fais quelques emplettes en tentant de négocier (je suis toujours assez mauvaise et les Vietnamiens sont tellement attachants qu’il est difficile de leur résister). Vers la fin de l’après-midi et comme il fait beaucoup plus chaud ici que dans le Nord, je décide de rentrer pour profiter de la piscine avant de ressortir ce soir. J’ai la joie de constater que malgré l’antivol ouvert, mon vélo n’a pas bougé et je me mets donc en route pour la villa. C’était sans compter sur mon sens de l’orientation, ma mémoire désastreuse sur ce point et le fait que je n’ai pas Internet. Après avoir tourné, viré, fait demi tour 874 fois, j’en suis arrivée à me retrouver en dehors de la ville et à atteindre le village suivant. En désespoir de cause, je m’arrête sur le bord de la route et lance « Anh oi! » aux deux jeunes hommes qui bricolent dans un garage. « Anh oi! », c’est un des trucs en vietnamien que Duong m’a appris. C’est un moyen d’attirer l’attention d’un homme plus âgé que soi. Littéralement, ça signifie « grand frère » mais c’est comme ça que l’on s’adresse à un inconnu, si celui-ci est un homme et qu’il est un peu plus âgé. Donner un âge aux Vietnamiens n’est pas toujours très évident pour moi, mais Duong m’a aussi dit que c’était une marque de respect et que ça pouvait facilement inciter le monsieur en question à m’aider. Inutile de vous dire que ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde, j’en userai et en abuserai tout au long de ce voyage, mais de toutes façons les Vietnamiens sont globalement très aimables et aident volontiers les étrangers en galère. Je montre donc mon adresse aux deux mecs, qui me font signe de rebrousser chemin (ça je me doute bien...) mais je leur fais comprendre que je suis perdue, que j’ai fait le tour de la ville un nombre incalculable de fois et qu’il est possible que je ne retrouve jamais mon hébergement (je développe de réels talents en mime ahah). Sans doute pris de pitié, un des deux mecs me fait signe de la suivre. Il enfourche sa mobylette et je n’ai plus qu’à le suivre. Je pensais être pas loin, mais en fait j’étais à peu près à l’autre  bout de la ville et je pense que sans lui, j’y serais encore. J’arrive donc à ma villa, je fais rapidement trempette dans la piscine et je rejoins ensuite Alice (à pied, la bicyclette ça suffira pour aujourd’hui) dans la vieille ville. Victime d’une intoxication alimentaire ces derniers jours, Alice a envie de manger dans un resto qui propose de la nourriture occidentale et c’est donc en terrasse du très chic resto Cargo que nous nous installons. Heureusement ils proposent aussi de la cuisine vietnamienne, et la salade de papaye verte et le cao lau sont délicieux. On fait connaissance avec deux Canadiens de la table voisine et c’est tous les quatre que l’on part prendre un verre dans un bar qui fait aussi club de plongée (si si) ouvert par un Parisien (tout est possible dans ce pays). Je rentre finalement à pied, j’ai le plaisir de découvrir des petits cookies laissés sur ma table de chevet « pour me souhaiter une bonne nuit » et je m’endors comme un bébé. 


Réveil agréable, petit déjeuner dans le jardin et j’enfourche la bicyclette direction l’hôtel d’Alice au centre-ville pour une journée visite du patrimoine de Hoi An. On visite les maisons anciennes (en même temps qu’un groupe de Français avec un guide dont la précision du vocabulaire est impressionnante). Les maisons sont petites mais très jolies et fleuries. Le système digestif d’Alice semblant revenu à la normale, on déjeune d’un banh mi acheté dans la rue (très bon) et on passe l’après-midi à écumer les boutiques et tailleurs car Alice veut se faire copier une robe qu’elle a acheté en Angleterre. C’est drôle de négocier, de voir les tissus, de comparer, etc. Alice a l’air désolée de m’entraîner là-dedans mais elle a tort car je passe un très agréable après-midi. J’en profite également pour faire quelques courses. J’ai également profité de mon séjour à Hoi An pour goûter certains fruits exotiques que je voulais goûter depuis longtemps parmi lesquels probablement le plus connu et le plus controversé d’entre eux : le durian. Ce gros fruit à l’écorce hérissée de piquant est réputé autant pour sa mauvaise odeur que pour son goût, adoré par certains et détesté par d’autres. Le durian est un fruit relativement cher, pour le Vietnam. Je négocie donc un peu le prix, la dame me l’ouvre, extrait des quartiers la pulpe jaune dans laquelle sont cachés de gros pépins noirs et me l’emballe dans trois petites barquettes en polystyrène. J’ai goûté mon durian dans un petit café qui diffusait du Georges Brassens. L’odeur ne m’a pas effrayée tant que ça (et pourtant je suis très sensible aux odeurs), celle du durian est réputée tellement désagréable qu’il est interdit d’en emporter dans les transports publics. La texture est probablement ce qui m’a le plus déplu. C’est crémeux un peu bizarre, ça donne le sentiment d’avoir été mâchouillé, avalé puis régurgité. Pas foufou. Le premier goût est bof, en revanche l’arrière-goût que cela laisse dans la bouche est plutôt agréable. J’en ai fait goûter à deux Français rencontrés dans le café, mais c’était pas leur tasse de thé. J’ai également profité de ce séjour pour regoûter les longanes, ces petits fruits entourés d’une écorce marron qui se présentent en grappe et ressemblent pas mal à des litchis. Délicieux. J’ai également goûté les ramboutans, ces fruits « poilus » et qui ressemblent là aussi à des litchis. Même Alice a été séduite. Repas dans un joli resto le soir et retour à la villa en vélo. Je pars le lendemain pour le sud, seule car Alice prolonge son séjour à Hoi An de quelques jours. 

mercredi 13 mars 2019

Voyage au pays du dragon : l’île de Cat Ba et la baie d’Ha Long

Vendredi 8 mars 2019

Réveil en fanfare sur les coups de 6h dans mon dortoir, je pense que tout le monde m’a maudite. Je plie bagage dans le dortoir et met le cap sur l’adresse indiquée sur ma réservation de bus. En chemin je me dégote un banh mi et un café au lait (concentré sucré) histoire de ne pas mourir de faim. J’attends ensuite devant l’adresse indiquée par Google Maps mais plus le temps passe et plus l’hypothèse que mon bus pour l’île de Cat Ba vienne un jour me chercher ici me paraît hautement improbable. Je tourne et vire dans tous les sens, demande à mille personnes, compare les adresses une fois, deux fois, vingt fois. Finalement je demande à un touriste en terrasse qui me confirme que je ne suis pas au bon endroit. Vue l’heure, il ne fait aucun doute que j’ai clairement raté mon bus. Je me rends donc à l’adresse indiquée par le touriste en me disant que je peux toujours acheter un billet pour le bus suivant. En arrivant là-bas et tandis que je tente d’expliquer la situation à un employé de la compagnie, celui-ci me dit simplement de monter dans le premier bus qui part pour Cat Ba. Tout simplement. A bord du bus, et tandis que je me demande toujours si je vais arriver à bon port, je fais la connaissance de quatre Françaises en voyage : Amandine, Sigrid, Laure et Laurène. Trois Marseillaises et une Lyonnaise en voyage au Vietnam depuis quelques jours et à qui il est déjà arrivé un nombre non-négligeable de galères. Avec mon écran bousillé moins de 24 heures après mon entrée sur le territoire, je me sens susceptible d’intégrer le groupe. Les filles sont super cools, on discute tout le long du voyage et c’est à regrets que je les quitte une fois arrivée à Cat Ba. 

Sur les indications du chauffeur, je remonte la rue jusqu’à mon hôtel, Le Pont hôtel. Je fais mon check-in, et je découvre avec délectation que contrairement à ce que je croyais, je n’ai pas réservé un lit en dortoir cette fois-ci mais une chambre pour moi toute seule. Je vais donc pouvoir étaler tout mon bazar partout, vider mon sac à dos qui est sens dessus dessous et peut-être même bien dormir. J’en profite pour faire un brin de toilette (j’ai une jolie salle de bains avec tout le nécessaire) et comme il est plus de midi et que je suis un ogre affamé, je me mets en quête d’un petit resto. Cat Ba est devenue une destination très touristique et les restaurants en front de mer ne me semblent pas des plus authentiques. Je commence donc à errer dans les petites ruelles à la recherche d’un endroit davantage fréquenté par les locaux. Beaucoup de poisson et de fruits de mer à Cat Ba, et beaucoup de restaurants ont en devanture de grands aquariums dans lesquels crabes, homards et autres crustacés attendent de passer à la casserole. Au détour d’une petite rue, je tombe sur un petit resto qui affiche quasi complet, et dont la clientèle est un mélange de locaux et d’étrangers. Ça fera très bien l’affaire. Comme toutes les tables sont occupées, et qu’un monsieur est seul à l’une d’entre elles, je lui demande si je peux m’installer avec lui. Il accepte gentiment et on commence à discuter. C’est un touriste serbe d’environ 60 ans, à l’anglais approximatif mais bien sympathique. Il sourit en apprenant que je suis allée en Serbie l’été dernier et on trinque donc au fameux « Živeli! ». Il est en train de manger une petite salade et me demande si je connais le film « L’Odeur de la papaye verte ». Je ne l’ai jamais vu, mais j’ai lu que c’est un film réalisé par un Vietnamien né en France (on les appelle ici Viêt Kiêu, les Vietnamiens d’outre-mer). Caméra d’or à Cannes en 1993 et César de la meilleure première œuvre en 1994 pour Trần Anh Hùng. Je ferai en sorte de le voir en rentrant en France. Le monsieur m’explique qu’il a beaucoup aimé ce film et qu’il est donc en train de déguster une salade de papaye verte. J’en commande donc une aussi, ainsi qu’une assiette de nems. Je discute un peu avec mon voisin de table ainsi qu’avec deux Françaises installées derrière moi. Lorsque le monsieur serbe termine son repas, je m’installe avec les deux filles. Perrine et Pauline sont deux Françaises en voyage depuis quatre mois dans toute l’Asie du sud et du sud-est. Elles sont sur la fin de leur voyage et sont très sympas. On termine le repas ensemble et comme je n’ai pas grand chose de prévu cet après-midi ayant réservé le tour de l’île pour le lendemain, je décide de les accompagner. Pauline veut faire une pédicure et j’en profite pour me faire masser mes petits pieds endoloris par tant de marche. Les filles doivent ensuite reprendre le bus direction Hanoï, je leur fais donc mes adieux et je rentre me reposer un moment à mon hôtel. Le « petit repos à l’hôtel » s’est transformé en une sieste de trois heures. En émergeant vers 19h, passablement affamée, je me mets en route vers un restaurant. Je suis attablée en train de déguster une salade de fleurs de banane et un poulet aux noix de cajou quand un autre touriste voyageant seul s’installe à la table à côté de moi. Comme il est tout seul, je lui propose de dîner ensemble. Il accepte gentiment. C’est un Néerlandais, il s’appelle Samuël et il a pas mal voyagé. Il me montre de magnifiques photos qu’il a faites en Namibie, ajoutant ainsi la Namibie à la longue liste de pays que je veux découvrir. On monte ensuite sur le rooftop du restaurant pour boire un café et on se quitte en ayant tous les deux passés une excellente soirée. Mes trois heures de sieste ne m’empêchent pas de m’endormir comme une masse. Je pense que mon organisme est enfin en train de se remettre du décalage horaire et par conséquent toute la fatigue accumulée me tombe dessus d’un coup. 

Je me lève le lendemain matin de bonne heure, bonne douche dans ma petite salle de bains rien que pour moi. Je m’habille pour la rando et repousse le plus possible le moment fatidique de mettre mes baskets... Encore dégueulasses et trempées depuis Sapa, elles n’ont pas séché et continuent à goutter un peu partout. Je descends prendre mon petit déjeuner, croise la famille de Français avec qui j’ai discuté la veille, leur explique que je m’apprête à partir en rando une éponge à chaque pied. Probablement prise de pitié, la maman me propose très gentiment de me prêter les chaussures d’un de ses fils. N’en revenant pas de ma chance, j’accepte avec joie et c’est donc avec des chaussures bien sèches que je prends la direction de l’arrêt de bus. J’y rencontre Rita, une Autrichienne de 36 ans avec qui je sympathise. 

Le bus arrive, on grimpe à bord et il nous emmène direction l’entrée du parc national de Cat Ba. C’est en fait un morceau de jungle sur l’île. Nous sommes un groupe d’une douzaine, deux couples de Néerlandais, une famille d’Allemands (le père, la mère, le fils et sa copine, d’origine vietnamienne), deux copines argentines et Rita et moi. C’est parti pour 15 kilomètres dans la jungle. Bon, 15 kilomètres de rando, ça passe, mais 15 kilomètres dans la jungle, c’est rapidement l’enfer. On marche, on crapahute, on glisse, on enjambe, on s’accroche. Au bout d’un moment et alors que je commence à trouver le temps un peu long, le guide nous annonce qu’il nous reste 5 kilomètres sur les 10 que l’on doit faire avant la pause déjeuner. Donc non seulement c’est une très mauvaise nouvelle, mais en plus je crève la dalle. On se concentre, on continue à discuter avec Rita et les Néerlandais, on s’accroche et après un interminable passage qui consiste à purement et simplement grimper sur des rochers pointus et à ne pas se casser la gueule dans la boue (tout le monde y a eu droit), on arrive à la pause déjeuner dans un petit village. Je me laisse choir sur ma chaise et je n’ai pas encore eu le temps d’ouvrir ma canette de 7up (je n’aime pas vraiment les sodas mais là, j’étais pas loin de l’hypoglycémie donc c’était plus que bienvenue), qu’un petit chat saute sur mes genoux. On était 12 attablés au même endroit, mais c’est direct vers moi qu’il est venu. Il ne pouvait pas mieux choisir. Commence une séance de gratouilles et de câlins. La nourriture est servie, ce qui ne manque pas d’intéresser le petit cœur. Je lui donne de petits morceaux de viande tout en essayant moi aussi de me sustenter. Repu, le petit cœur s’endort rapidement sur mes genoux en ronronnant. Inutile de vous dire que j’aurais pu rester là à peu près jusqu’à la fin des temps, malheureusement il a fallu repartir. J’en suis à mon cinquième bol de riz avec sauce, chou et cacahuètes quand on redonne le signal du départ. C’est parti pour les 5 derniers kilomètres, qui sont tout plats et permettent enfin d’admirer le somptueux paysage qu’il y a autour de nous. Une végétation luxuriante, des camps avec des vaches marrons et des buffles, des dames coiffées du chapeau conique traditionnel qui s’affairent dans les champs. Ces images merveilleuses sont gravées à tout jamais dans ma mémoire, et aucune de mes photos ne pourra malheureusement rendre la beauté du paysage. C’est également là que je me suis rendu compte que je marchais vite, puisqu’avec un Allemand qui nous a rejoints et Rita, on est arrivés à l’embarcadère avec dix bonnes minutes d’avance sur les autres, sans même se presser et en s’arrêtant pour prendre des photos. Comme diraient certains « On l’appelle Grands Pas ». 

Après ces 5 derniers kilomètres, on embarque à bord d’un bateau en bois pour la baie d’Ha Long, où plus précisément la baie de La Han, qui est la partie de la baie d’Ha Long qui borde l’île de Cat Ba. Ça sent la mer, l’iode et le vent souffle, il fait donc assez frisquet mais la vue est superbe. Bien que dissimulée par un léger brouillard, la baie n’en paraît que plus mystérieuse et sauvage. On longe les villages de pêcheurs, sortes de petites cabanes flottantes, où les habitants vivent dans des conditions très simples. Après une bonne demi-heure de traversée, on est de retour à Cat Ba (Ville). Rita meurt d’envie d’un café vietnamien (il est différent de celui que l’on prépare en Europe mais j’y reviendrai) et moi j’ai envie de faire une jolie razzia de fruits et de profiter d’être ici pour déguster tous ces fruits exotiques qui coûtent un bras à Paris et trois fois rien ici. J’achète à une dame une belle mangue bien mûre, un fruit du dragon et deux fruits de la passion. On s’installe, Rita, l’Allemand et moi dans un café, on commande et je demande de quoi découper les fruits. À Paris, on m’aurait clairement envoyée balader, ou dans le meilleur des cas on m’aurait tolérée comme s’il s’agissait d’une faveur exceptionnelle. Ici, on m’apporte aussitôt une assiette, un couteau et trois fourchettes et le serveur m’aide même à découper mon fruit du dragon puisqu’apparemment je m’y prends comme un manche. Rita et l’Allemand (on n’a même pas pensé à lui demander son prénom, la honte) découvrent le fruit du dragon qu’ils ne connaissaient pas et les fruits de la passion dont ils avaient entendu parler mais qu’ils n’avaient jamais goûtés. On se régale tous avec la mangue, qui est parfumée, sucrée et mûre à point. Une merveille. Notre acolyte nous offre gracieusement nos cafés et nous dit au revoir. Avec Rita, on décide de passer la soirée ensemble. Au programme : retourner d’abord chacune à notre hôtel pour prendre une bonne douche, nous changer parce qu’on est sales à faire peur, puis aller se faire masser, dîner et tester le karaoke. Chose dite, chose faite. Une bonne douche, une tenue propre (ça se raréfie dans mon sac à dos...), et direction le massage. On négocie un peu le prix (marchande de tapis...) et c’est parti pour une heure de massage. Je suis au bord de l’endormissement à la fin, et ça m’a fait un bien fou à mes cuisses pleines de courbatures depuis Sa Pa. Dîner ensuite dans le premier restaurant que j’avais testé (nems et pho au bœuf) puis direction le karaoke. Quand Rita a compris que c’était une salle privative et que personne ne nous entendrait chanter, elle a tout de suite été beaucoup plus enthousiaste. C’est donc dans un décor digne de la mafia chinoise et effrayant de mauvais goût que l’on commence à pousser la chansonnette. Très peu de chansons françaises et pas forcément les meilleures références à mes yeux, mais quelques tubes anglophones incontournables. On passe donc une bonne heure et demi à beugler dans nos micros, passant de « Hotel California » à « We are the champions » et autres grands classiques. Rita passe de toute évidence un très bon moment et elle me le confirmera en m’envoyant un petit message le soir ainsi que les vidéos mythiques de notre performance. On se sépare devant le karaoke et je rentre me coucher. Après cette longue et riche journée, je dors comme un bébé. 

Dimanche 10 mars 2018

Je me suis réveillée sur l’île de Cat Ba, j’ai déjeuné de deux œufs au plat trop cuits (ils cuisent le jaune ici, comme dans beaucoup de pays où les œufs peuvent contenir des microbes, pour limiter le risque, on cuit les jaunes). Je finis ensuite mon sac, demande à Ha, la gentille réceptionniste de l’hôtel où je dois aller attendre mon bus, elle m’explique et me voilà en route. Deux minutes plus tard, je suis rattrapée par Ha, toute essoufflée, qui vient de descendre toute la rue en courant avec ses claquettes pour me dire qu’elle s’est trompée et que comme on est dimanche, le bus ne part pas du même endroit et elle s’est mise d’accord avec eux pour qu’ils viennent me chercher à l’hôtel. Elle me dit en rigolant qu’elle ne pensait pas que je marchais si vite (certains m’appellent Grands Pas...). On remonte donc tranquillement la rue toutes les deux. Je patiente devant l’hôtel en discutant avec Iara, une Argentine de Buenos Aires (dédicace à mon Leo qui est toujours mon Argentin préféré) et finalement, le bus arrive, le mec (beau gosse, soit dit en passant) me charge mon sac dans la soute et en route pour quatre bonnes heures de trajet avec ferry et changement de bus inclus. On me dépose dans le vieux centre de Hanoï où je dois retrouver Alice, ma Londonienne de Sa Pa avec qui je pars tout à l’heure à Da Nang. Je sirote un café assise sur une mini chaise sur le trottoir en attendant qu’elle arrive. J’engloutis un pho au poulet, on commande un taxi et en route pour l’aéroport. Le chauffeur de taxi a des ongles uuuuuuuuuuultra longs, ce qui au Vietnam est plutôt positif, ça signifie qu’il ne travaille pas la terre, qu’il n’est pas un paysan, mais ce qui à nos yeux d’Européennes est surprenant et pas très joli. Il nous dépose finalement à l’aéroport. Après un énième café au lait (concentré sucré, comme presque toujours ici), on embarque à bord de notre vol pour Da Nang. Une heure et demi de vol, pas de retard, nos bagages nous attendent à l’arrivée. On discute avec un petit couple d’Allemands et on partage notre taxi avec eux. On se pose à l’auberge, ils nous dégotent deux lits dans un dortoir, on largue nos sacs et on part se promener. Da Nang est la troisième plus grande ville du Vietnam, sa croissance est assez récente puisque pendant des siècles, la grande ville de la région a été Hoi An. Mais suite à l’ensablement de la rivière passant par Hoi An, c’est Da Nang qui en a profité pour devenir le pôle économique de la région. Cela lui a aussi valu d’être terriblement bombardée pendant la guerre, alors que Hoi An, difficilement accessible à cause de cette rivière ensablée, a été plutôt épargnée. La chute de Da Nang a été selon les témoignages de l’époque d’une violence terrible et d’une atrocité inédite... À ce propos, j’avais évoqué avec Siu lors de notre soirée ensemble à Hanoï, la guerre d’Indochine (appelée assez logiquement « guerre française » ici) et la perception qu’ont aujourd’hui les Vietnamiens de l’ancienne puissance coloniale et donc des Français. Siu a, en une phrase, résumé je crois le point de vue de ses compatriotes ou du moins le sentiment qu’ils me donnent en tant que Française ici. Elle m’a dit avec mansuétude « The past is the past » (Le passé c’est le passé). Les Vietnamiens ne donnent pas le sentiment de conserver à notre égard une rancune du passé, se concentrent sur le présent et regardent résolument vers l’avenir. 

On a un peu galéré à trouver un endroit où dîner. Alice, après avoir été malade (un genre d’intoxication alimentaire), n’a pas très faim. Je prends un truc un peu au hasard ne reconnaissant pas grand chose sur la carte. Un peu de tout, de la viande, du tofu, des nouilles, c’est pas mauvais. Le serveur amène une sauce dont la simple odeur me soulève le cœur. Il nous explique que c’est de la sauce aux crevettes (ceci explique cela...) et que si on n’aime pas ça, il peut la changer pour une à base de légumes. Oh oui, changez-la s’il vous plaît ! Après ce dîner un peu en demi-teinte, on rentre à l’auberge se coucher. 


Le lendemain, on galère un peu à trouver un endroit où prendre un petit dej, surtout qu’on ne cherche pas exactement la même chose. Alice, dont le système digestif est encore un peu fragile, aimerait assurer le coup avec un petit déjeuner à l’occidentale, tandis que mon désormais traditionnel pho me manque. On trouve le bon compromis sur un marché où Alice peut acheter des bananes et moi un bol de pho (le moins cher de ce séjour, moins d’un euro) à une petite dame au milieu des étals qui dégagent des odeurs plus ou moins alléchantes. Je profite d’être au marché pour acheter une grosse grappe de longanes, des petits fruits exotiques que j’avais déjà eu l’occasion de goûter grâce à une collègue mauricienne. Ça ressemble un peu à des litchis en plus petits et en plus ronds, avec une fine écorce marron et un petit noyau. Je mange ça en attendant le bus qui doit nous conduire à Hội An. 

samedi 9 mars 2019

Voyage au pays du dragon : Sapa (2)

Jeudi 7 mars 2019

Comment vous raconter les deux jours extraordinaires que je viens de passer ? Et par où commencer ?

Lors de ma dernière soirée à Hanoï, j’ai dîné avec mes deux amies Duong et un Américain qu’elles avaient contacté par Couchsurfing. Mars avait pas mal voyagé et était plutôt sympa. On a dîné dans une petite gargote de riz frit, ce n’était pas ce que j’ai mangé de meilleur ici mais ce n’était pas mauvais non plus. On a ensuite été se balader un peu, Duong Thuy nous a laissés car elle avait beaucoup de choses à préparer pour la fac et les deux autres se sont achetés un glace. Finalement je leur ai fait mes adieux et Duong m’a appelé un chauffeur Grab pour me conduire jusqu’à la gare. La gare était hyper excentrée, j’ai bien mis une demi-heure pour y arriver. En descendant, des chauffeurs de taxi se ruent sur moi en mode « Sapa ? Ha Long ? Dien Bien Phu ? ». J’ai déjà acheté mon billet en ligne, donc je trace ma route jusqu’aux guichets. La dame me dit d’aller directement sur les quais. Je demande les bus pour Sapa, on m’indique un quai. Personne ne parle anglais, le mec prend mon sac et le met dans la soute, me fait signe de monter dans le bus. Une fois installée, il vient me voir et me fait signe que je dois le payer. J’essaie désespérément de lui faire comprendre que j’ai déjà payé par Internet mais il ne semble pas comprendre. Je ressors de mon siège, je redescends du bus, ressors mon sac de la soute et retourne au guichet. J’explique à la dame, le chauffeur m’a suivie et elle lui fait la traduction. Finalement elle m’indique un autre quai, où le bon bus est là. Je monte, c’est donc un bus-couchettes, probablement pas le plus confortable mais ça fera l’affaire. Je me glisse sous la grosse couverture, et j’essaie de m’endormir. J’ai attendu désespérément qu’un autre touriste monte à bord, mais non, il n’y a que des Vietnamiens. Pourquoi j’ai attendu des touristes ? Parce que le bus est censé arriver à Sa Pa sur les coups de 3h du matin, que je n’ai rien réservé et que je dois attendre 9h30 pour rejoindre mon guide devant l’église. Sauf que personne à part moi n’a eu l’idée stupide de réserver ce bus-là. En attendant, je pique un petit somme dans mon bus. 

J’ai dû dormir à peine deux heures. Nous sommes effectivement arrivés sur les coups de 3h du matin, par la fenêtre du bus, j’aperçois un groupe de touristes de mon âge avec leurs gros sacs à dos sur le perron d’un restaurant. En descendant du bus, je remonte direct la rue dans leur direction. Ce sont trois Espagnols, on commence un peu à discuter et ils m’expliquent qu’ils ont réservé une auberge mais que Ñato (le mec) a oublié son passeport et son argent dans le bus avec lequel ils sont venus. Il est d’ailleurs en train de négocier ferme avec des chauffeurs de taxi pour aller à Lao Cai essayer de rattraper le bus. Il se met d’accord avec les chauffeurs pendant que je discute avec les deux filles. Il part finalement direction Lao Cai et toutes les trois nous prenons un taxi pour rejoindre leur auberge. Les deux filles font leur check-in et partent se coucher. Je demande gentiment au gérant de l’auberge s’il est possible que je reste un peu dans la salle commune, que je prenne une douche et que je lui laisse mon sac pendant les deux jours où je partirai en trek avec le guide. Il accepte sans problème, ce qui me confirme que j’ai vraiment le cul bordé de nouilles. Le mec aurait carrément pu m’envoyer balader en me disant que je n’avais rien réservé, que c’était pas une consigne ni l’armée du salut. Mais non, je suis tombée sur un mec adorable. Je prends donc une bonne douche, je charge mon téléphone, profite de la wifi pour rassurer ma mère qui kiffe pas trop les bus de nuit et patiente sur les fauteuils de la salle commune. Il n’y a rien eu à faire pour que j’arrive à dormir, mais c’était toujours mieux que rien. Je profite de ma nuit blanche et d’avoir Internet pour planifier un peu la suite de mon voyage. 

Quand le jour se lève, je laisse donc mon sac à l’auberge et je pars prendre un petit dej. Je remonte la petite rue en direction de l’église et je tombe sur un petit boui-boui ouvert et qui vend du phổ. Je m’installe, ça a l’air de beaucoup réjouir le serveur. Il me sert un pho au poulet et un café. Après ma nuit blanche, et en vu dés sept heures de trek qui m’attendent, ce n’est pas de trop. Le pho est une fois de plus délicieux. Le serveur est marrant, toutes les cinq minutes environ, il sort sur le trottoir et harangue le chaland pour qu’il vienne manger son pho. Tu peux assez facilement deviner à quoi ressemble le passant selon la langue qu’il emploie. Il est de taille moyenne, très mince, et son visage est très intéressant. Des pommettes très hautes, le visage anguleux, la peau tirée comme s’il n’en avait pas assez pour tout son visage. On commence à discuter tous les deux (son anglais n’est pas excellent mais tout à fait suffisant pour faire connaissance). Il s’appelle Ton (ou quelque chose comme ça, ce n’est jamais facile pour moi de comprendre les prénoms vietnamiens quand je ne les vois pas écrits au moins une fois), il a 25 ans, il vient d’Hanoï mais il a déménagé à Sa Pa il y a 4 ans et n’en bougerait pour rien au monde. Le plus amusant a le regarder est qu’il a une voix mille fois plus puissante que son apparence physique ne le laisserait supposer, une vraie voix de stentor. Une bien jolie rencontre. 

Je me remets ensuite en route direction l’église. Sa Pa et sa région ont pendant très longtemps été très isolées du reste du pays et du monde. Situés à environ 1500 mètres d’altitude, la région est habitée par des minorités ethniques, parmi lesquelles les Hmong sont sans doute les plus connus et les plus nombreux. J’ai réservé pour ces deux jours à Sa Pa, un trek dans la vallée avec un guide, qui va nous emmener découvrir les villages habités par les Hmongs, les rizières en terrasses, la forêt de bambous, etc, etc. En attendant le guide, et puisque l’église est ouverte, je rentre jeter un œil. Je me retrouve en pleines répétitions des chants en vue de la messe. L’église est très simple, peu décorée, en revanche, je constate qu’elle se remplit à vue d’œil. Je suis la seule étrangère, à part un petit groupe que je soupçonne d’être des touristes coréens. Finalement, le prêtre arrive, la messe commence et puisque j’ai suivi une bonne partie des répétitions, je suis capable de chanter avec les fidèles (les paroles défilent sur un écran, ça aide !). Ayant rendez-vous à 9h30, je sors de l’église à temps, me rends compte au passage que des gens suivent la messe depuis l’extérieur car il n’y avait plus assez de places.

À 9h30, je retrouve Sinh, notre guide, et nous rejoignent rapidement, Graham, Bridgit, Peter et Yvonne, deux couples d’amis en voyage au Vietnam. Graham et Bridgit sont britanniques, vivent à moitié à Londres, à moitié en Angleterre après avoir été longtemps expatriés, notamment en Inde où ils ont fait la connaissance des deux autres. Peter est néerlandais, Yvonne est allemande, ils se sont rencontrés il y a dix ans sur une plage de Long Island. Ils ont tous entre 42 et 50 ans. Graham se révèle très vite être le gai luron de la bande, celui qui chante, taquine tout le monde et surtout sa femme (mais je n’y échapperai pas haha!) et un bon randonneur. Bridgit est beaucoup moins sportive, c’est le Gaston Lagaffe du groupe, elle est plus douce et discrète. Peter est calme et posé, il s’intéresse à plein de choses. Yvonne est dynamique, souriante, douce et super intéressante. Elle a des yeux incroyables et je me suis particulièrement bien entendue avec elle. Très vite, je me réjouis de partager cette expérience avec eux et je n’aurai pas à revenir sur ma première impression. 

Après un café acheté pour réveiller Peter, nous nous mettons en route pour le trek. La vue est très vite à couper le souffle. Nous empruntons de petits chemins de terre, que les villageois empruntent également. Trois femmes Hmongs se joignent à nous (Sinh nous avait prévenus, elles sont également là pour nous vendre des objets issus de leur artisanat à l’arrivée, mais elles ne se montrent jamais insistantes ni pénibles. Par ailleurs, leur main secourable sera plus d’une fois la bienvenue). Sinh nous explique qu’il y a 10 ans à peine, la région était totalement isolée, les habitants n’avaient pas de voiture, ni même de mobylettes ou d’engins motorisés et qu’ils montaient à Sapa à cheval pour vendre leurs marchandises au marché. Aujourd’hui ils sont nombreux à avoir des mobylettes mais beaucoup se déplacent encore d’un village à l’autre à pied par ces petits chemins. Les chemins servent également aussi lorsqu’ils s’agit d’accéder aux rizières pour la plantation ou la récolte du riz. 

Les Hmongs sont donc une minorité ethnique du Nord-Vietnam, habitants des montagnes. Ils sont divisés en plusieurs catégories selon la couleur et les motifs de leurs vêtements traditionnels. Sinh et les autres personnes que nous rencontrerons pendant ces deux jours appartiennent à l’ethnie des Hmongs noirs. Leurs vêtements sont teints à l’indigo d’un bleu très foncé, presque noir et brodés de différents ornements de couleurs vives. Les femmes portent une veste mi-longue, croisée sur le devant, ceinturée par une large ceinture. Certaines (les plus jeunes) portent une jupe plissée un peu plus colorée, d’autres une sorte de pantalon légèrement bouffant. Sur leurs longs cheveux noirs enroulés sur leur tête, certaines nouent de jolis foulards colorés, tandis que d’autres préfèrent un chapeau noir en forme de toque. J’ai demandé à Sinh, ça n’a pas de signification particulière, c’est simplement une question de goût. 

On marche pendant plusieurs heures dans un décor de toute beauté. Des rizières en terrasses, la montagne derrière. Le soleil joue à cache-cache dans les nuages, il tombe quelques gouttes mais rien de bien méchant. La rando est intense par moments, beaucoup plus simple à d’autres. Nous croisons de nombreux locaux, hommes, femmes, enfants et aussi des touristes. Et c’est aussi l’occasion de croiser plein d’animaux : des buffles majestueux, des cochons, des chèvres, des oies, des canards, plein de chiens et plein de poules suivies de leurs petits poussins. Yvonne est comme moi, le genre de personnes qui peut rester vingt minutes à s’émerveiller devant un cochon. On prend évidemment plein de photos, du paysage, des animaux et des gens (avec leur permission, cela va sans dire). C’est un paysage que je voulais voir une fois dans ma vie et je n’aurais jamais pu imaginer que cela soit aussi beau. On s’arrête déjeuner dans un petit resto. Petit bouillon aux légumes avec des nouilles et du tofu.

On repart en direction du troisième village, Lao Cai. C’est là que nous passerons la nuit, chez May. Nous y retrouvons Alice, une Anglaise, avec qui on a fait connaissance au déjeuner. Je suis ravie de la retrouver, elle a le même âge que moi, voyage elle aussi toute seule et elle avait l’air super. Cela se confirmera ! On arrive donc chez May. May est une femme incroyable, elle a 37 ans, elle a eu 3 enfants, deux fils et deux filles d’un premier mariage, son mari étant décédé, elle s’est remarié il y a trois ans avec Tu. C’est l’occasion également pour nous d’en savoir plus sur les traditions matrimoniales des Hmongs. Quand un homme veut épouser une femme, il la kidnappe, la garde dans sa famille pendant trois jours et à la fin des trois jours, la jeune fille doit dire si elle est d’accord pour l’épouser ou pas. Si elle est d’accord, ils se marient, sinon, elle rentre chez elle. D’après ce qu’on a compris, faut pas dire non trop de fois sinon tu finis vieille fille. May a donc été kidnappée par son mari mais de toute évidence, elle a dit oui. 

Alice et moi profitons de la soirée pour aider May à préparer le dîner. On épluche une sorte d’herbe, puis les haricots verts. Enfin, on l’aide à préparer les nems. Je vous l’avais déjà dit dans mes Chinoiseries à Pékin, les nems ne sont pas chinois mais vietnamiens. J’en profite pour demander à May sa recette. Chou, champignons, oignons, carottes, nouilles, de la coriandre et un œuf. On apprend donc à rouler les nems et on les met à frire dans une grande poêle sur le feu. Au milieu de la cuisine de May, il y a un trou dans le sol avec un feu. J’ai passé une grande partie de la soirée là, inutile de vous le dire. On dîne ensuite tous ensemble, avec May et son mari, les enfants ont déjà mangé. May est vraiment une femme exceptionnelle, elle a appris l’anglais avec des cours payés par l’organisme de tourisme pour lequel elle travaille, et son anglais est excellent. 

May nous a préparé un véritable festin : les nems frits et croustillants, l’herbe que nous avons épluché en salade vinaigrée, les haricots verts, de la viande de porc hachée, du poulet avec des légumes, du riz, de la goyave bouillie et du canard. Parenthèse sur le canard. Le canard était encore vivant il y a quelques heures, une magnifique cane avec des plumes blanches et beige, on a même pu lui faire un petit câlin avant que May ne lui coupe la tête (je n’ai pas pu assister à ça et inutile de vous dire que je n’ai pas non plus pu manger le pauvre canard). Après donc ce festin et quelques verres de « happy juice » (alcool de riz à réveiller un mort) qui a mis tout le monde un peu pompette (je n’en ai pas bu, comme vous vous en doutez), on a mis le cap sur nos chambres. Lit bien confortable et grosse couverture moelleuse (la même que dans le bus de nuit). Je partage mon lit avec Alice, avec qui je m’entends super bien et que j’espère recroiser pendant le voyage. On arrange la moustiquaire, et après deux quasi nuits blanches et sept heures de trek dans la montagne, inutile de vous dire que je ne fais pas de vieux os. 

Nous sommes réveillées le lendemain matin par le bruit de la rivière et le chant du coq. Il a plu une grosse partie de la nuit, ce qui augure des sentiers plutôt boueux et glissants... Petite toilette de chat au lavabo (j’avais pris une bonne douche chaude la veille au soir) et on se retrouve tous dans la pièce principale pour le petit déjeuner. May nous a préparé des crêpes, et je peux vous assurer qu’elle n’a rien à envier à la plus émérite des cuisinières bretonnes. Sucre ou sirop de sucre, ainsi que des bananes et de l’ananas, avec une bonne tasse de thé. Le paradis. Avant de partir, May nous propose de revêtir les costumes traditionnels des Hmongs. Petite photo souvenir avec cette merveilleuse hôte. Je la sers fort dans mes bras avant de partir et lui fais un gros bisous sur la joue (je lui ai bien sûr demandé si elle était d’accord, je ne suis pas une sauvage). A ce propos, les Vietnamiens sont plus tactiles que je ne l’aurais pensé. On ne se fait pas la bise mais on se serre volontiers dans les bras (sorte de hug à l’américaine). Surprenant. 


On repart dans la montagne toujours guidé par Sinh. Ayant bien dormi et bien nourrie par la cuisine de May, je suis en pleine forme. Mes baskets sont dans un état lamentable, trempées et pleines de boue, mes chaussettes feraient fuir une meute de chacals mais qu’importe. Mon entrain me vaut un beau compliment de Graham « T’es géniale, je sais pas comment tu fais, à ta place je pourrais pas ». On continue donc à crapahuter dans la vallée, ça monte et ça descend. Il y a malheureusement ce matin un épais brouillard qui cache une bonne partie de la vue mais respirer l’air frais de la montagne fait toujours du bien. On marche pendant environ 4 heures avant d’atteindre un petit restaurant où l’on se retrouve entre touristes randonneurs. Je fais la connaissance de Mathieu et Carolina, un couple franco-italien qui habite à Londres. On prend ensuite une voiture pour rejoindre Sapa. Elle s’arrête devant mon auberge le temps que je récupère mon sac et ensuite c’est Sinh qui m’emmène sur sa mobylette jusqu’au point de départ de mon bus pour Hanoï. Je lui fais mes adieux en le remerciant chaleureusement pour la merveilleuse expérience que je viens de vivre et que je n’oublierai jamais. En attendant mon bus, je fais la connaissance de Lilo, Anni et Marie, trois Allemandes. Lilo et Anni voyagent ensemble, Marie voyage seule également. En attendant le bus, j’entends à côté de moi un groupe de personnes dont la langue sonne familier à mon oreille. Je demande au monsieur le plus proche de moi d’où ils viennent mais il secoue la tête pour me dire qu’il ne parle pas anglais. Je lui redemande « Where are you from? » mais il secoue de nouveau la tête et me dit « Nerozumím » (Je ne comprends pas, en tchèque). Je souris et lui réponds « Mluvíte česky? ». Il a l’air extrêmement surpris, me dit oui oui et je commence à taper la discute avec eux, un groupe d’environ 6 personnes entre 55 et 65 ans. Ils hallucinent complètement de rencontrer au Vietnam une Française qui parle (un peu !) tchèque. Ils viennent de Brno et c’est un heureux hasard que de les avoir croisés. Après un peu plus de 5 heures de bus, une halte sur une aire d’autoroute où j’ai essayé un truc emballé dans une feuille de banane proprement immangeable et un petit truc sucré au riz noir plutôt bon, nous sommes arrivés à Hanoï. J’ai dîné rapidement d’un bún cha avec mes trois Allemandes puis chacune a regagné son auberge. Perchée au deuxième étage de mon lit superposé, je m’endors difficilement. 

lundi 4 mars 2019

Voyage au pays du dragon : Hanoï (1)

Samedi 2 mars / Dimanche 3 mars 2019

Il est désormais plus que temps de commencer ce nouveau journal de bord. Je suis actuellement en vol quelque part au-dessus de la Chine, en direction de Hong Kong, où je ferai une courte escale avant d’atteindre ma destination finale : Hanoï. 

Je rêvais de partir en Asie du sud-ouest depuis plusieurs années mais j’attendais de pouvoir prendre des vacances à cette période de l’année, ce qui n’était pas le cas lorsque j’étais étudiante. Il était grand temps de réaliser ce projet. 

Pour ce premier voyage, j’ai donc choisi le Vietnam, un peu par hasard, un peu en souvenir de ce roman et de ce film que tant aimés, « L’Amant » de Marguerite Duras, où les deux protagonistes se rencontrent alors qu’ils se trouvent « sur un bac sur le Mékong ». De fil en aiguille, j’ai donc acheté un billet d’avion et posé deux semaines pour découvrir ce pays. 

Je suis à bord de ce zinc depuis presque 9 heures, j’en suis à mon cinquième film et je n’ai pas réussi à fermer l’œil une seule seconde. J’ai fait une razzia dans les mini-paquets de pop-corn, je me suis tortillée dans tous les sens sans jamais trouver la bonne position pour m’assoupir et j’ai finalement déclaré forfait. 

La large sélection de films offerte par Cathay Pacific m’a permis de rattraper tous les films que j’avais ratés au cinéma ces derniers mois (Colette, Green Book, Papillon et La Favourite). J’en suis désormais à mater un film chinois qui a l’air archi glauque et je devrais arriver à Hong Kong sur les coups de 14h (heure locale). 

Lundi 4 mars 2019

Ça y est, je suis déjà méga à la bourre dans le récit de ce voyage. Je suis arrivée hier à Hanoï sur les coups de 19h après une courte escale à Hong Kong et un vol d’environ deux heures et demi pendant lesquels j’ai eu un écran (mais j’avais fait le plein de films...) et un repas (merci Cathay Dragon). J’arrive donc, la chaleur moite me saisit dès la sortie de l’avion, cette sensation de rentrer dans une salle de bains dans laquelle quelqu’un vient de prendre une bonne douche. Je passe l’immigration, un tampon sur mon passeport, récupère rapidement mon sac, retire de l’argent, casse un gros billet pour des plus petits et cours pour choper le bus direction le centre-ville. Tout ceci s’est fait avec une étonnante facilité. 

A bord du bus, je m’assois à côté d’un jeune homme qui s’est rapidement retrouvé sur Google Maps en train de chercher où se trouvait mon auberge pour me dire à quel arrêt descendre. C’était un Coréen qui vivait à Hanoï depuis deux ans. On papote un peu, il parle un excellent anglais, mais pas un mot de vietnamien d’après lui. Finalement il m’indique mon arrêt et comment rejoindre mon auberge. Je saute du bus et commence à remonter la rue. 

Je me prends alors le bourdonnement de Hanoï en pleine face. Un tourbillon de bruits, d’odeurs qui me saisissent et me ravissent tout à la fois. L’odeur du feu de bois des barbecues de rue, l’odeur du riz en train de cuire qui me met déjà en appétit, l’odeur des pots d’échappement et des ordures aussi parfois, il faut bien l’avouer. Le bruit des klaxons qui ici aussi semblent être un sport national et signifier tout à la fois « attention j’arrive », « salut mec » et « bouge de là crétin », le bruit de la musique à plein volume qui s’échappe de tel et telle échoppe, le bruit des conversations car quand les Vietnamiens conversent, c’est souvent avec entrain et pas forcément discrètement. 

Là encore je trouve mon auberge avec une facilité déconcertante et je suis accueillie par le sympathique sourire de la réceptionniste. L’auberge est tout à fait quelconque, le dortoir est exigu et sombre, mais il y a des rideaux autour de chaque lit, une petite lampe et un coffre qui ferme à clef. A deux euros la nuit, peut-on réellement se plaindre de quoi que ce soit ? Je largue mon sac à dos et je contacte Duong, que je dois rencontrer dès ce soir. Elle m’a contactée via Couchsurfing et nous échangeons déjà par messages depuis quelques semaines. Elle me rejoint en moto taxi et nous partons à pied à la découverte des ruelles de Hanoï. Là encore l’activité me surprend. Dans un dédale de ruelles et dans une forêt de lumières, déambulent badauds et touristes, dans un joyeux tintamarre. Cafés, bars, restaurants en tous genres, boutiques, c’est ultra vivant, surtout pour un dimanche soir. Énormément d’Occidentaux, dont les typiques « backpackers anglophones » dont je reparlerai peut-être à l’occasion. 

Duong et moi nous faufilons dans la foule jusqu’à un petit boui-boui qui vend les fameux « banh my », ces désormais célébrissimes sandwichs nés de l’union des gastronomies vietnamienne et française. Un morceau de baguette dans lequel est glissé un mélange de lamelles de viande, légumes et sauce aux saveurs vietnamiennes. Dé-li-cieux. Un au bœuf et poivre et un au canard, les deux sont exquis. Les banh my rapidement engloutis nous poursuivons notre chemin en quête d’un dessert. Duong me propose de goûter le « chè ». Rien à voir avec les révolutionnaires sud-américains, même si le mélange est lui aussi... détonnant. Dans une échoppe qui ne passerait pas la première étape d’un contrôle sanitaire, et entourée par une horde de jeunes gens empressés, une dame réalise un mélange des plus improbables dans de petits bols. Elle y verse une sorte de yaourt décongelé, y ajoute toutes sortes de fruits (fraises, ananas, ...) et de machins en gelée improbables (toujours pas identifié l’ingrédient de base du truc). Elle verse là-dessus une sorte de crème anglaise et de lait concentré sucré, une grosse poignée de glace pilée et roulez jeunesse. On s’assoit à une des tables riquiqui en devanture et je me risque. Contre toute attente, c’est pas si degueu et même tout à fait mangeable. Je finis donc mon bol. Curieusement mes intestins auront très bien supporté tout ça, même la glace pilée sur laquelle je n’aurais pas parié bien cher. 

Après une dernière balade le long du lac en admirant les jolies lumières et le petit temple, Duong me dit au revoir et on prévoit de se revoir le lendemain. Je regarde le chemin sur mon GPS, il y en a officiellement pour 7 minutes. Après 20 bonnes minutes de marche, avoir demandé à cinq personnes et fait demi tour trois fois, je commence à perdre patience. Je me dis que je vais finir par arrêter un taxi moto, lui montrer l’adresse de l’auberge, me faire entuber et arriver à mon auberge. En désespoir de cause, je finis par demander à un jeune garçon installé sur un trottoir. Il appelle son copain qui parle anglais, lequel m’explique le chemin. Peu convaincue car je me suis déjà perdue en prenant le chemin qu’il m’indique, je me mets en route. Vingt mètres plus loin, il me rattrape en scooter et me demande si je veux qu’il me dépose. Une âme charitable ! J’arrive donc en quelques minutes à mon auberge. Passage impératif par la salle de bains car je n’ai pas vu une douche depuis 48 heures. Rafraîchie et épuisée, je me glisse dans les draps et m’endors en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. 

Réveillée ce matin relativement tôt, je me mets en route d’une petite gargote où déguster un bon pho. Cette soupe traditionnelle vietnamienne connue dans le monde entier peut être dégustée à toute heure du jour ou de la nuit, mais c’est un plat que les Vietnamiens apprécient tout particulièrement au petit déjeuner. Je pars à pied, l’adresse recommandée par le Routard n’étant pas bien loin. J’arrive, comme le guide le précisait, il y a la queue. C’est bon signe ! Le couple derrière moi (qui se révélera être un couple de Coréens en vacances) m’invitent à me joindre à eux à leur table et c’est donc tous les trois que nous dégustons notre soupe (bouillon de bœuf avec des vermicelles de riz, des végétaux, je sais pas trop lesquels et des lamelles de bœuf bien cuites). La dame a veillé à passer une lingette sur la table, probablement un chouïa poisseuse à son goût. Le pho est excellent, il ne coûte qu’une poignée de dongs et ça vous cale l’estomac pour quelques heures (même le mien). Le couple partage avec moi leurs beignets que l’on trempe dans le bouillon en prenant exemple sur les Vietnamiens. 

Au moment de partir, je me lève sans réfléchir et mon portable, qui était posé sur mes genoux tombe par terre. Il est déjà tombé environ 8 593 fois mais là, c’est la fois de trop. Écran tout brouillé, à moitié blanc, système tactile qui ne répond plus. Problème avec un P majuscule. En dehors du fait que personne n’a envie de bousiller l’écran de son iPhone parce que ça coûte cher et que c’est relou, je ne peux raisonnablement pas envisager de poursuivre ce voyage avec un téléphone inutilisable. Premièrement parce que je n’ai pas mon ordinateur, deuxièmement parce que je fais tout avec mon téléphone (GPS, réservations, applications en tous genres), troisièmement parce que je ne pourrai même pas rassurer ma mère que je sais capable de contacter l’ambassade de France si je ne réponds pas dans les 24 heures. Il n’y a donc qu’une solution : faire réparer au plus vite ledit téléphone. 

Dans ma malchance, j’ai eu le bon goût de bousiller mon téléphone dans le quartier des 36 corporations, aka le quartier de Hanoï où tu peux trouver à peu près tout et n’importe quoi, avec une densité de 4 567 boutiques au mètre carré. Croisant un Occidental qui selon toute vraisemblance parle anglais, je lui demande s’il connaît un endroit où je pourrai faire réparer mon téléphone. Sa réponse restera dans les annales « Je ne sais pas exactement où mais vous trouverez, on est au Vietnam, tout est possible ». Amen. Je demande à un premier café, puis à une dame qui ne parle pas anglais mais percute assez rapidement quand je lui montre mon écran. Elle m’indique une boutique. J’attends l’ouverture mais ça ne vient pas. Sans doute prise de pitié de me voir faire le pied de grue de l’autre côté de la rue, elle revient m’amener un papier sur lequel elle a écrit le nom et l’adresse d’une autre boutique. Je n’ai plus qu’à montrer le papier et à suivre les gestes ou indications des passants. Un grand merci à cette petite dame. J’arrive à la boutique indiquée, qui m’oriente vers une autre boutique et finalement, j’arrive au bon endroit. Ça ne ressemble pour ainsi dire à rien, quatre mecs dévissent des téléphones avec toutes sortes d’outils, deux jeunes femmes pianotent sur leurs ordinateurs. L’une d’elle parle anglais. « Il faut changer votre écran, ça vous coûtera « prix tout à fait acceptable au vu de la valeur du téléphone et de l’urgence de la situation ». « Ça va prendre combien de temps ? », « Environ 10 minutes ». Devant mon air ahuri, elle sourit et donne le téléphone à son collègue. Il entreprend de décoller la chose, de la dévisser, de faire je-sais-pas-quoi, toujours est-il que dix minutes plus tard, mon téléphone est comme neuf, et il m’a même ajouté une protection en verre toute neuve dont l’achat à Paris m’avait coûté la moitié de l’opération totale ici. Un magicien. Je paie et ressors de la boutique avec un quasi fou rire. 

Le problème du téléphone étant résolu, je commence à me balader dans les ruelles, chacune d’entre elle étant spécialisée dans le commerce d’un truc particulier. Les noms sont les noms d’origine mais la chose vendue a parfois changé au fil du temps. Règne dans ce quartier du vieux Hanoï une ambiance inimitable, un vacarme incessant, un trafic délirant. Scooters, mobylettes, voitures et cyclo-pousses se croisent sans cesse dans un concert de klaxons. Des femmes coiffées d’un nón lá (chapeau conique traditionnel) portent des fruits ou d’autres marchandises dans des palanches en bambou (vous avez déjà vu, vous ne connaissez juste pas le nom, c’est đòn gánh en vietnamien). Certaines préfèrent pousser des bicyclettes croulantes de panier chargés d’herbes aromatiques ou même de poissons. A l’entrée de nombreuses échoppes ou boutiques, un petit autel avec des offrandes assure au propriétaire un commerce florissant et de bonnes affaires. Ce qui vous sautera probablement aux yeux, c’est que tout ou presque se passe dehors, sur le trottoir, devant la boutique bien plus qu’à l’intérieur de la boutique. On cuisine dehors sur une sorte de brasero ou de réchaud. On discute dehors sur de petites chaises de la taille des chaises pour enfants. On stocke ses marchandises dehors pour les montrer et attirer le chaland. 

Des hommes et des femmes de tous âges travaillent ainsi, sur le trottoir, assis à ras du sol. Avec mon mètre 72, je suis ici clairement plus grande que la moyenne et globalement j’ai l’air d’un crapaud sur une pomme assise sur ces fameuses chaises. Je ne comprends pas très bien à quel moment on préfère déguster sa soupe la tête entre les genoux et à moitié plié en deux, mais si quelqu’un a une explication à ce phénomène, je serais ravie de la connaître ! Comme d’autres peuples d’Asie, les Vietnamiens patientent souvent accroupis mais d’une manière un peu différente de la nôtre. J’ai vu un groupe de personnes jouer aux cartes accroupis ainsi sur le trottoir. 

La notion de trottoir n’est clairement pas ici la même qu’en France. Le trottoir est avant tout une prolongation du magasin, une cuisine, une arrière-boutique (on pourrait parler d’avant-boutique), une vitrine à l’air libre, une terrasse, un parking à deux-roues, et après seulement un endroit destiné à la circulation des piétons. Résultat, après avoir tenté le slalom sur 3 kilomètres, vous abandonnez rapidement le combat et vous vous retrouvez à marcher le long de la route comme il se doit. Là vous devez encore éviter les scooters et mille autres moyens de transport et tenter de ne pas vous faire tailler un short. Traverser la rue est ici une discipline à part entière. Mon conseil : allez-y franchement mais pas trop, rapidement mais pas trop, prudemment mais pas trop. Tout est question de dosage, à peu près comme le nuoc mâm dans la cuisine locale. 

Mais reprenons donc le cours de cette journée. Après avoir bien arpenté le quartier, dégusté un jus d’orange pressé dans un petit café dont le niveau sonore atteignait probablement celui d’une piste d’atterrissage, je me suis décidée à rentrer me reposer un peu à l’auberge, souffrant d’un léger mal de tête. Je conviens avec Duong de la retrouver dans un petit restaurant près de chez elle. C’est à l’autre bout de la ville, je décide donc sur ses conseils de télécharger une appli qui est en quelque sorte le Uber local et qui permet d’appeler un taxi moto pour aller d’un point À à un point B. C’est la vie ce truc. Pas besoin de marchander en n’ayant aucune idée du prix réel de la course, pas besoin de galérer à faire comprendre ta destination, bref, la simplicité et l’efficacité incarnées. 

Aussitôt dit aussitôt fait. Mon chauffeur Grab m’attend, vêtu d’une veste et coiffé d’un casque vert. C’est parti pour une grosse vingtaine de minutes de taxi moto. Je n’en avais pas repris depuis le Togo mais j’ai gardé l’habitude. Et que je te grille le feu rouge, et que je te klaxonne à tout bout de champ, et que j’essaie de me faufiler dans un trou de souris. Bref, le chauffeur me dépose finalement entière devant le restaurant indiqué par Duong. On déguste un bún chả excellent. Une sauce pour faire trempette avec la viande grillée, les nouilles et les herbes en tout genre. Un peu de jus de kumquat et c’est parti. Excellent.

Après ça on part en taxi direction le quartier de l’église catholique (construite pendant la période coloniale, vous serez pas trop étonnés). La cathédrale dénote un chouïa dans le paysage mais pas tant que ça non plus. Hanoï regorge de très belles maisons et beaux bâtiments à l’architecture clairement française, entrelacés par des arbres un peu partout ce qui donne à la capitale une atmosphère très verte que je n’aurais pas soupçonnée. Et on adore ! Duong m’emmène ensuite dans un de ses cafés favoris, installé à l’étage d’une belle maison ancienne. Le café est moderne et clairement « tendance ». On y trouve entre autres du matcha latte et des smoothies. Néanmoins et bien qu’il ne fasse pas froid en dépit d’une légère bruine qui est tombée dans la matinée, je me laisse tenter par un chocolat chaud qui figurera sur le podium des meilleurs de ma vie. Le moment est ensuite venu de prendre mon premier cours de vietnamien. Inutile de vous dire qu’en dépit de l’alphabet latin qui donne à la langue un aspect moins « exotique » et inaccessible que le chinois ou d’autres langues asiatiques, l’apprentissage du vietnamien n’est pas un long fleuve tranquille. Cependant, et d’après Duong, j’ai une prononciation plutôt bonne et un talent certain pour identifier les tons (qui sont l’une des difficultés majeures de la langue). On est reparlera quand je me souviendrai comment on dit « au revoir ». 

Attablées dans le café, et pendant que je pars en expédition aux toilettes, Duong en profite pour faire connaissance avec nos voisins de table, une famille de Coréens (décidément, c’est une invasion). Les toilettes disais-je, parlons-en. Alors concrètement il n’y a pas de toilette, pas de cuvette de toilette, même pas non plus de toilettes à la turque mais un simple lavabo et par terre une évacuation type douche à l’italienne. Un concept qu’on n’explorera peut-être pas davantage. Un petit panneau nous rappelle aimablement de nous en tenir à l’urine et de ne pas passer à la vitesse supérieure si je puis dire. On n’y aurait pas pensé dites donc... 

Sur les coups de 17h, Duong qui a un cours de vietnamien à donner me laisse dans le café attendre l’autre jeune femme qui m’a écrit sur Couchsurfing et avec qui j’ai rendez-vous ce soir. En attendant, je discute avec Grace, une jeune Américaine en voyage en Asie du Sud-Est. Interessante et sympa, je passe un très bon moment avec elle. Finalement Siu m’appelle pour me dire qu’elle m’attend en bas du café. Elle est venue avec son scooter et un casque supplémentaire pour moi. Je fais donc la connaissance de la jolie et élégante Siu, de son doux sourire et de l’agréable parfum de shampooing qui se dégage de ses cheveux. Elle sort du coffre de son scooter un genre d’imperméable pour moi (il pleut trois gouttes mais c’est toujours mieux) et en voiture Simone. Elle m’embarque direction un petit restaurant pour déguster un Banh cuon. Oh peuchère que c’est bon ! Dans un bouillon (beaucoup de bouillons dans la cuisine vietnamienne, je pense que vous aurez compris) se baladent des morceaux de tofu, on y trempe un « gâteau de riz » (sortes de grosses lasagnes de riz très cuites blanches et moelleuses) et les habituelles herbes aromatiques. De la bombe ce truc ! Je note qu’au Vietnam (et ce comme en Chine) on ne traîne pas à table après avoir fini de manger. 

On reprend donc le scooter direction la « rue du train », une petite rue étroite dans laquelle passe un train plusieurs fois pas jour. C’est hautement dangereux mais c’est une vraie attraction touristique. Assises sur le rebord du trottoir on déguste un thé au gingembre en discutant avec la serveuse du café, une jeune femme délurée à l’allure d’adolescente. Siu me fait ensuite faire le tour de la ville ou presque à bord de son scooter, on passe devant le mausolée de Ho Chi Minh (une sorte de mini-Parthénon en face d’un terrain de foot, conceptuel), dans le quartier des ambassades (les maisons sont toutes plus belles les unes que les autres), on atterrit finalement dans un petit café qui existe depuis une éternité selon Siu car elle veut me faire goûter une spécialité vietnamienne : le café à l’œuf. Oui vous avez bien lu et moi aussi sur le coup j’ai espéré que ce ne soit qu’une expression. Mais non. Café à l’œuf, ça veut dire café à l’œuf, du café et de l’œuf. N’aimant déjà pas le café, j’en avais d’avance des sueurs froides et à ma plus grande surprise, c’est purement et simplement SUCCULENT. La mousse formée par l’œuf est épaisse et onctueuse, sucrée, ça se mélange au café bien chaud pour une boisson onctueuse au goût de tiramisu. Si cette boisson n’est toujours pas disponible à Paris, je monte un business. Mes amis italiens pourront émettre toutes les réserves qu’ils voudront, ce truc gagne à être connu. En ce qui me concerne, je préfère mille fois ça qu’un café noir ou un cappuccino. Et je n’ai eu aucun mal à le digérer. Après cette merveilleuse découverte et une super conversation avec Siu, elle me ramène à mon auberge. Ça a été clairement une vraie joie de la connaître, et j’espère la revoir un jour, en Europe ou ici. 

A l’heure qu’il est, il est 3h40 du matin, même pas l’ombre d’un bâillement à l’horizon et au rythme où vont les choses, je vais être la première cliente du vendeur de pho du coin.