jeudi 13 février 2020

Comment voyager eco-friendly ?

Nous sommes de plus en plus nombreux à voyager. Et le voyage, comme tout le reste, a un impact sur l'environnement. Si nous sommes heureusement de plus en plus nombreux à nous soucier de l'avenir de notre planète, pas question d'abandonner toutes nos bonnes résolutions et nos gestes eco-friendly sous prétexte que l'on voyage. 

Loin de moi l'idée de jouer les donneuses de leçons, il n'est pas question d'essayer d'être parfait, de produire zéro déchet, d'avoir l'empreinte carbone d'un bigorneau et de ne jamais explorer plus loin que le bout de son jardin. Mais certains gestes peuvent être facilement adoptés et auront des conséquences plus que bénéfiques !

  • Limiter ses déplacements en avion et privilégier autant que possible les moyens de transport moins polluants
On le sait, l'avion est un moyen de transport extrêmement polluant et à l'heure où les spécialistes de l'environnement parlent d'urgence climatique, il peut être intéressant de s'interroger sur nos déplacements par la voie des airs. Indéniablement, l'avion est pratique, rapide et parfois l'unique moyen de transport envisageable compte tenu des contraintes de temps. Si vous prévoyez un city break de 3 jours à Budapest, difficile de passer plus d'une journée à y aller... On est bien d'accord. Néanmoins, pour bien des destinations, il existe des solutions alternatives qui parfois ne prennent pas beaucoup plus de temps. 

Au départ de Paris, des villes comme Londres, Genève, Bruxelles, Amsterdam ou Cologne sont facilement accessibles en train ou en bus. Si l'on additionne le temps passé à aller à l'aéroport (souvent éloigné du centre-ville), le temps d'avance que l'on doit avoir pour prendre son vol et le temps pour rejoindre ensuite le centre de la ville d'arrivée, on s'aperçoit vite que le train ou le bus ne mettent pas beaucoup plus de temps. Pensez aussi aux bus ou trains de nuit qui n'empiètent pas sur votre temps de visite. Et quel plaisir d'arriver au petit matin, quand la ville s'éveille lentement... Je reviens d'un week-end à Londres où nous sommes partis en bus et me réveiller en apercevant par la fenêtre les cabines téléphoniques rouges et les bus à double étage m'a immédiatement donné le sourire. 

Pour les voyages plus longs et les déplacements intérieurs, ne pas hésiter également à privilégier le train ou le bus. Vous verrez du paysage et expérimenterez davantage la vie des locaux. Mon voyage en train entre Moscou et Saint-Pétersbourg reste un des grands souvenirs de mon voyage en Russie. 

  • Explorer autour de chez soi plutôt que de partir toujours à l'autre bout du monde
C'est sans doute une des habitudes les plus difficiles pour moi. Pendant très longtemps, partir en vacances ou en week-end rimait systématiquement pour moi avec partir à l'étranger. Explorer la France ne m'intéressait pas beaucoup, je voulais parler une autre langue, voir autre chose, galérer un peu, me sentir étrangère... 

Si j'aime toujours partir loin, découvrir de nouvelles cultures, si j'ai toujours envie d'être dépaysée, parfois presque déconnectée et si mon amour pour l'Europe centrale et de l'est ne s'est jamais démenti, j'apprécie de plus en plus d'explorer ma région, voire même ma ville. J'habite à Paris depuis 10 ans et je me rends compte, alors que je vais bientôt le quitter, que je ne le connais pas si bien que ça, mon grand Paris... 

Alors parfois, aller visiter un musée où on n'a jamais pris le temps d'aller, aller bouquiner dans le square au coin de la rue et essayer un nouveau petit resto de son quartier peuvent suffire à se sentir un peu "en vacances". J'ai ces dernières années eu davantage l'occasion de partir en France, et sans vouloir faire la chauvine : ah quel beau pays ! 

Qui parmi vous a déjà eu l'occasion d'explorer l'Orne ou le Gers ? 

  • Limiter ses déchets et avoir sous la main ses alternatives réutilisables
Il est parfois tentant d'abandonner ses bonnes habitudes en voyage et de ne pas trimballer ses sacs de vrac, sa gourde ou ses tote-bags... Pourtant, selon les pays, les déchets produits peuvent avoir des répercussions encore plus néfastes pour l'environnement. En effet, tous les pays n'en sont pas au même stade en ce qui concerne la gestion des déchets et le recyclage. Et c'est souvent dans les pays moins développés que la gestion des déchets est la plus problématique. Vous constaterez aussi que c'est souvent dans ces pays que tout est vendu dans du plastique, qu'on vous donne des sacs en plastique pour chaque grain de riz que vous achetez et ces pays se trouvent actuellement confrontés à une véritable "crise des déchets". 

Pour tenter de limiter son impact et de participer le moins possible au désastre, n'oubliez pas vos alternatives réutilisables et zéro-déchet ! Une gourde que vous pourrez remplir aux fontaines ou aux robinets (quand l'eau est potable), une gourde filtrante dans les pays où elle ne l'est pas. Pensez aussi à prendre un thermos pour vos boissons chaudes à emporter plutôt que les maudits gobelets Starbucks... Ayez toujours votre tote bag sous la main, ça sert à tout ! Enfin si vous savez que vous allez faire des courses pendant votre voyage, quelques petits sacs de vrac glissés dans votre valise vous éviteront les sacs plastique !

Enfin, privilégiez les restaurants et cafés où l'on vous sert dans de la vraie vaisselle plutôt que dans des assiettes ou verres en carton qui finiront à la poubelle. Je me rappelle d'un café/resto prétendument "green" à Lausanne où l'on m'a servie dans une assiette en carton alors que je mangeais sur place. Pas si green que ça...

  • Refuser et boycotter les trucs inutiles qui ne sont que des déchets supplémentaires
Refusez les flyers, pailles, touillettes et autres parasols dans votre coupe de glace. Ca ne sert à rien, c'est complètement démodé et ça pollue. 

Réfléchissez deux fois et tournez votre porte-monnaie sept fois dans votre poche avant de dévaliser une boutique de souvenirs. Est-ce que ce bibelot kitsch sera vraiment du plus bel effet sur votre étagère ou est-ce que vous allez le balancer après l'avoir épousseté trois fois ? Lors de mes premiers voyages, j'ai acheté des souvenirs. Aujourd'hui, je n'en achète plus du tout. Mes souvenirs sont dans ma tête et dans mon cœur. Je prends des photos et j'écris. Ça suffit amplement. Et ça ne prend pas la poussière. 

  • Acheter votre équipement d'occasion
Conseil particulièrement valable si vous préparez un voyage pour lequel vous aurez besoin d'un équipement particulier (matériel de camping, de sport, de randonnée, etc.). Est-ce que tout doit absolument être flambant neuf ? On trouve de très bonnes occasions sur des sites comme Leboncoin, Vinted, etc. Valable aussi pour les vêtements un peu spécifiques que vous ne porterez qu'à de rares occasions. 

  • Voyager local
Privilégiez l'hébergement chez l'habitant, faites vivre les petites chambres d'hôtes plutôt que les grands groupes hôteliers. Allez manger dans un boui-boui ou une petite gargote de rue plutôt que d'engraisser les chaînes comme McDo ou KFC qui ont déjà largement assez de sous. Rien ne vaut un bon phở dans une petite cantine de ruelle à Hanoï. 

Et vous, quels sont vos conseils pour voyager eco-friendly ?

mardi 8 octobre 2019

Mes bonnes adresses à Varsovie

J'adore Varsovie, vous le savez déjà. Souvent boudée par les touristes au profit de la belle Cracovie, la capitale polonaise est pourtant une ville pleine de surprises. Je l'ai découverte en décembre 2013, pendant la semaine entre Noël et le jour de l'An, quand les églises sont envahies par les crèches et les fidèles venus se recueillir. Depuis j'y suis allée 8 fois, une à deux fois par an environ. J'y ai des amis très chers, ce qui m'amène aussi à y retourner fréquemment mais la ville en elle-même me séduit chaque fois un peu plus. 

Varsovie n'est peut-être pas une ville qui vous séduira au premier coup d’œil. Il faudra apprendre à la connaître, à la découvrir et à l'aimer. 

Dire que Varsovie a beaucoup souffert de la Seconde guerre mondiale est un euphémisme. La ville a été détruite à plus de 80%, la communauté juive (la plus importante d'Europe avant 1939) exterminée. Le 1er août 1944, la résistance polonaise déclenche l'insurrection de la ville. Riposte sauvage de l'armée allemande, inertie totale des troupes soviétiques. L'insurrection est écrasée en un peu plus de deux mois. Hitler ordonne de raser la ville, en guise de représailles. 

Varsovie est donc une ville récemment reconstruite. Seul le centre historique a été reconstruit à l'identique, tel qu'il était avant la guerre. Varsovie s'apparente donc plus à une ville comme Berlin qu'à une ville comme Prague ou Budapest. Mais Varsovie a une énergie incroyable, un développement fulgurant que je constate à chaque nouvelle visite. Les endroits branchés se multiplient, les berges de la rivière ont été aménagées, les quartiers excentrés ne sont pas en reste. De nouveaux lieux culturels sont aussi créés (comme le musée Polin, ouvert en 2013). 
Bref, voici mes endroits préférés à Varsovie ! 

Où bien commencer la journée avec un smaczne śniadanie (bon petit déjeuner) ?

Varsovie est le paradis des petits déjeuners. Que vous le préfériez salé et traditionnel avec des oeufs ou une szakszuka ou plus moderne avec des pancakes et un latte, vous trouverez de quoi commencer la journée avec le sourire ! 

Moko-tuff - Aleja Niepodległości 92/98
Une de mes adresses préférées, dans le quartier éponyme de Mokotów. Adresse chaleureuse, les pancakes sont divins, leur porridge aussi. Une adresse où je vais à chaque fois (un de mes amis habite le quartier) et je ne m'en lasse pas !
Ils ont également une deuxième adresse, que je n'ai jamais testée.

Śniadaniownia - Jarosława Dąbrowskiego 38
Mon dernier coup de coeur, toujours dans Mokotów. Leur croissant fourré au Nutella et aux fruits m'a laissé un souvenir impérissable. Cappuccino plus que correct, lieu cosy et moderne. Personnel anglophone et sympa.

SAM - Ul. Lipowa 7a
Adresse géniale dans le quartier branché de Powiśle. Leur granola maison est à se damner, l'endroit est très spacieux. Végétariens et végétaliens sont les bienvenus et trouveront des plats élaborés et savoureux. On adore !

STÓŁ bistro - Nowolipki 17C
Encore une bonne adresse pour le petit dej, beaucoup de plats avec des œufs. L'adresse propose aussi des pancakes et des crêpes pour les becs sucrés. 

Kawiarnia Fawory - Adama Mickiewicza 21
Une adresse sympa dans le quartier cossu de Żoliborz. Comme son nom l'indique, on y vient surtout pour un bon café (kawa) mais leurs pâtisseries et plats ne sont pas en reste ! Mention spéciale pour le matcha latte, excellent !

Où faire une pause gourmande dans l'après-midi ?

Il serait plus que dommage de venir en Pologne sans goûter aux délicieux gâteaux polonais. Mon préféré est sans aucun doute le sernik, qui se décline de mille et une façons, mais en automne/hiver vous vous régalerez aussi avec une szarlotka tiédie ou un makowiec pour ceux qui aiment le goût du pavot. 

Cafe Iluzja - Narbutta 50A
Un des cafés préférés de mon ami Paweł, qui me l'a fait découvrir. L'endroit est également un cinéma et lieu culturel. Leurs gâteaux sont excellents (et les portions sont gargantuesques, attention !). La terrasse est super aux beaux jours. L'endroit comme le personnel sont très dog friendly, vous pouvez donc emmener votre compagnon à 4 pattes sans problème !

Secret Life Coffee - Słowackiego 15/19
Un café hyper cosy dans Żoliborz. Le genre d'endroits où l'on passe l'après-midi à refaire le monde sans même s'en apercevoir. Personnel sympa et parfaitement anglophone. 

Wrzenie Świata Konstantego Ildefonsa Gałczyńskiego 7
Un café-librairie découvert totalement par hasard alors que j'attendais une amie. Endroit cosy et bon café. Adresse très centrale mais cachée dans une petite rue.

Où aller dîner et sortir prendre un verre ?

Hala Gwardii - plac Żelaznej Bramy 1
Sans aucun doute un de mes endroits préférés à Varsovie, découvert grâce à mes amis Paweł et Marta. Ancien hangar réhabilité en halle, c'est une sorte de foodcourt avec des stands de bouffe du monde entier et plein de tables au milieu pour manger avec vos potes. Le lieu est canon !

Hala Koszyki - Koszykowa 63
Littéralement "le marché aux paniers". Là encore, concept super réussi, un chouïa plus chicos que sa cousine Gwardii. Sorte de marchés avec des stands de produits régionaux, un bar au centre et une foule de restaurants. Structure métallique qui rappelle le concept de marché couvert.

Powiśle - Nad Wisla
Ma dernière adresse n'est pas un restaurant ni un bar mais tout simplement les berges de la rivière. Totalement aménagées l'été et envahies par les bars, les food trucks et les stands de nourriture. Une super ambiance, des burgers savoureux dégustés les pieds dans le "sable". Adresse estivale évidemment, quand Varsovie sera sous la neige, je vous conseille plutôt un resto bien chauffé ! 

mercredi 21 août 2019

Mon expérience en Italie avec Workaway

Workaway, mais qu'est-ce que c'est ?

Workaway, c'est en gros un site Internet qui vise à mettre en relation des gens qui cherchent à faire une expérience de volontariat et des gens qui cherchent quelqu'un pour les aider en échange du gîte et du couvert. 

Quelles sont les missions proposées ?

Les volontariats et les tâches proposées sont très variées. Cela peut aller de l'aide dans une ferme ou exploitation agricole (ce que l'on appelle le woofing), à des travaux de bricolage ou de bâtiment, en passant par de l'aide ménagère ou avec des enfants (on se rapproche alors du job de jeune fille au pair), mais aussi de l'animation, de l'aide dans les refuges animaliers, de l'accueil dans une auberge de jeunesse, etc, etc. Bref, vous l'aurez compris, il y a de tout !

Mon conseil : Lire attentivement les annonces, faire le tri et ne pas hésiter à poser des questions aux hôtes, à préciser les tâches qui vous seront demandées et à dire si vous avez des compétences particulières ou si vous ne vous sentez pas capable de faire quelque chose.

Mon expérience : Chez Alessandro et Petra, j'ai seulement aidé Alessandro. Je l'ai aidé dans le jardin (désherbage, ramassage des oignons et des fraises, plantation des oignons, etc.) et avec quelques travaux de bricolage (application d'un produit de protection du bois sur les fenêtres, application d'un produit anti-rouille sur le mur). Je l'ai aussi aidé à préparer les colis pour expédier les bulbes de safran qu'il vend. Alessandro a toujours parfaitement respecté ce qui était annoncé dans son offre, à savoir pas plus de 4 heures par jour et 5 jours par semaine (ce qui signifie que j'avais mes après-midis et mes week-ends libres). 

Est-ce qu'on est vraiment logé, nourri, blanchi ? 

Le principe de base du Workaway, c'est que l'on est logé et nourri en échange du travail fourni. 
Cependant, là encore, les "termes" du contrat peuvent légèrement varier selon l'offre et la structure d'accueil. La majorité des hôtes proposent le gîte et le couvert, mais ce n'est pas toujours le cas.
Certains hôtes proposent une chambre partagée avec d'autres volontaires, d'autres n'offrent que deux repas par jour ou vous donne accès à une cuisine mais vous devez faire vos courses, etc. 

Mon conseil : Là encore, lire attentivement, ne pas hésiter à poser des questions et surtout à lire les avis laissés par les Workawayers précédents. 

Mon expérience : J'ai eu énormément de chance chez Alessandro et Petra. J'avais une chambre pour moi toute seule avec un lit super confortable, une table de chevet, une commode et une armoire pour ranger mes affaires. La maison était très confortable et impeccable. Je mangeais avec eux à tous les repas, Petra était une excellente cuisinière et j'étais invitée à me servir dans les placards, le frigo et à prendre tout ce que je voulais. J'ai découvert la cuisine familiale italienne et je vous prie de croire qu'il n'y a rien de meilleur. Je prenais mon petit déjeuner avec Alessandro tous les matins au café du village (un cappuccino et un croissant fourré au Nutella, de quoi commencer la journée avec le sourire), plus un second petit déjeuner vers 10h (café et un petit gâteau ou fruit), puis le déjeuner et le dîner (pâtes en "primo piatto" à l'italienne, le paradis). Tous les après-midis, ils me proposaient des glaces, Petra faisait des gâteaux (dont un gâteau aux abricots d'anthologie) et on a également mangé deux fois chez les parents d'Alessandro, Alvaro et Patrizia, qui m'ont aussi beaucoup gâtée et m'ont fait goûter plein de spécialités toscanes. 
Alessandro et Petra ont également eu la gentillesse de m'inviter au restaurant pendant le séjour, de m'offrir une glace et un café à chaque village qu'ils m'ont proposé de visiter. Vous l'aurez compris, on mange bien en Italie, ce n'est pas une légende !
Petra m'a aussi demandé régulièrement si j'avais des vêtements à laver. Bref, logée, nourrie, blanchie ! 

Qu'est-ce qu'on fait de son temps libre ?

Selon l'offre, vous aurez vos matinées ou après-midi libres, ou vos week-ends. Ensuite, cela dépend de la structure d'accueil dans laquelle vous êtes et de où vous êtes situés. Si vous êtes en ville, il est probable que vous puissiez facilement sortir et aller visiter ou vous divertir. Si vous êtes à la campagne, vos déplacements dépendront si vous avez une voiture ou non, etc. C'est aussi l'occasion idéale pour partager des moments avec vos hôtes, discuter avec eux, partager vos expériences, etc. Enfin, vous avez tout le temps nécessaire pour lire, regarder un film ou une série, faire du sport, du tricot, que sais-je !

Mon conseil : Bien se renseigner et ne pas hésiter à demander si l'endroit est isolé ou non, desservi ou non par les transports en commun, etc. Prévoir de quoi s'occuper comme un bon bouquin, votre paire de baskets pour aller courir, votre ordinateur pour regarder une série ou autre. N'attendez pas de vos hôtes qu'ils occupent tout votre temps libre, gardez à l'esprit que vous êtes peut-être en vacances, mais eux pas forcément ! En revanche, acceptez ce qu'on vous propose, c'est l'occasion de tester de nouvelles choses, de découvrir de nouveaux endroits et de rencontrer de nouvelles personnes.

Mon expérience : Là encore, j'ai eu énormément de chance de tomber sur Alessandro et Petra, qui ont eu très à cœur de me faire découvrir la région. Le hameau où ils habitaient était isolé, et peu desservi par les transports en commun, et n'ayant pas de voiture, je ne pouvais guère me déplacer par moi-même. J'avais décidé de ne pas emmener mon ordinateur pour tenter de limiter le temps passé devant l'écran (je travaille déjà sur ordi 8 heures par jour donc ça suffira...), j'avais seulement prévu deux bouquins, un en italien et un en français. Ça a été l'occasion d'atteindre mon objectif d'un bouquin par semaine (objectif 2019 pas forcément respecté le reste de l'année...), de regarder la télé en italien (pas beaucoup mais au moins les infos), de jouer avec les chats et les chiens du voisinage (le bonheur) et de faire beaucoup la sieste (surtout la première semaine). 

Alessandro et Petra m'ont emmenée voir plein de choses. Nous sommes allés à la mer, sur la superbe plage de Marina d'Alberese, faire du bateau polynésien à voile sur le lac de Bolsena, se baigner dans les vasques d'eau chaude de Bagni San Filippo. Ils m'ont emmenée voir des villages parmi les plus beaux de Toscane comme Pitigliano, Sorano, Abbadia San Salvatore, San Casciano dei Bagni, etc. On a joué aux cartes, fêté l'anniversaire de leur petit neveu, mangé des lupins sur le Monte Amiata, on a beaucoup parlé et beaucoup ri. Le bonheur.

Pourquoi faire un Workaway ? Quel est l'intérêt ?

On ne fait pas un Workaway uniquement pour faire des vacances pas chères et être logé et nourri. Tout comme les Workawayers ne sont pas là pour constituer une main d'oeuvre bon marché que les hôtes veulent exploiter (j'ai déjà entendu ce genre d'inepties). 

Workaway, c'est pour découvrir une culture, un pays à travers le regard et la vie quotidienne des habitants, échanger avec eux, apprendre de nouvelles choses, vous ouvrir aux autres. On peut aussi le faire avec un objectif linguistique, mais n'oubliez pas non plus que vos hôtes ne sont pas des profs. 

Mon conseil : Tentez l'expérience avec l'esprit ouvert, sans plans particuliers et prenez ce qui vient. Si quelque chose ne vous convient pas, discutez-en et sinon, vous êtes toujours libre de partir. 

Mon expérience : Ce séjour a été une des meilleures expériences de ma vie, et je pèse mes mots. J'ai amélioré mon italien, appris plein de nouveaux mots, fait des choses que je n'avais jamais faites (tondu la pelouse par exemple ahah). J'ai vécu la vie quotidienne d'une famille italienne, partagé leur table, découvert leurs habitudes. J'ai aujourd'hui le sentiment d'avoir vécu en Italie, pas seulement d'y avoir fait du tourisme. Et je peux dire que j'aime l'Italie encore plus qu'avant. J'ai eu énormément de chance de tomber sur Alessandro et Petra, qui ont été les hôtes les plus merveilleux qu'on puisse imaginer et avec qui je me suis très bien entendue.

Et vous, ça vous tente l'expérience Workaway ?


samedi 25 mai 2019

Mes bonnes adresses à Prague

Retour aux origines de ce blog si j'ose dire puisque je l'avais initialement créé pour partager mon expérience d'étudiante Erasmus à Prague. J'y ai vécu un an (de septembre 2014 à septembre 2015), année qui fut probablement l'une des plus belles de ma vie et j'ai pour cette ville un amour tout particulier. J'essaie d'y retourner de temps à autre, en novembre 2017 en compagnie de mon meilleur ami Leonardo et plus récemment en avril 2019 avec le sieur Rémy. Et la magie opère chaque fois comme si c'était la première fois ! J'ai eu pour cette ville un coup de foudre qui ne s'est jamais démenti. Je constate une évolution de la ville, de nouvelles adresses ouvrent, des quartiers jusqu'à présent purement résidentiels deviennent branchés et même "hipster", il y a des travaux partout. A n'en pas douter, l'économie tchèque est l'une des plus saines de l'Union européenne et cela se voit ! Mais trêve de bavardages, je partage avec vous sans plus tarder mes bonnes adresses de restos et de cafés (avril 2019). 

Ce nouveau séjour a été l'occasion pour moi de découvrir un quartier que je ne fréquentais guère à l'époque de mon Erasmus (il n'y avait pas grand-chose dans ce quartier, qui était plutôt résidentiel). Il s'agit du quartier de Karlín, situé dans Prague 8. Depuis de nombreuses adresses ont ouvert, toutes plus modernes et branchouilles les unes que les autres. Les prix sont plus élevés que dans la traditionnelle hospoda de Papa mais restent bien inférieurs au prix parisiens, londoniens ou autres. Beaucoup de mes adresses sont dans ce quartier et sont parfaites pour un petit déjeuner/brunch plein de saveurs. 

Loft Cafe Karlín - Křižikova 512/68
Réputé un des meilleurs cafés de Prague. N'étant pas amateurs de café ni l'un ni l'autre, nous ne l'avons pas goûté (shame) mais nous nous sommes régalés avec leur chai latte et leurs pâtisseries (le cheesecake à la mangue est une petite merveille !). L'endroit a ouvert il y a trois ans et la déco est très jolie. Serveuse très agréable, souriante et anglophone, que demander de plus ?

Bistro Proti Proudu - Březinova 22
Un super endroit où prendre le brunch, ils font aussi restaurant et proposent des plats du jour originaux. Leur yaourt servi avec du granola et des fruits est à tomber et leur chai latte est délicieux. Un peu plus réservée sur le golden milk, un chouïa trop épicé. L'endroit est très joli également mais attention, il n'y a pas beaucoup de tables. Pâtisseries alléchantes et service sympa. 

Můj šálek kávy - Křižikova 105
Littéralement "ma tasse de café". Le brunch du week-end est vraiment top et il y a de super options végétariennes pour ceux qui limitent leur consommation de viande. Leur chai latte est top là aussi. Menu en anglais et serveurs anglophones. Attention, n'hésitez pas à réserver, l'endroit est très apprécié ! (et vous le savez, les Tchèques réservent tout !). 

Havran Café - Sokolovská 444/118
Une dernière adresse dans Karlín pour ceux qui voudraient mettre un petit goût de Vietnam dans leur séjour. Vous le savez sans doute, il y a eu en République tchèque une forte immigration vietnamienne à l'époque communiste et vous trouverez donc des adresses de qualité. Celle-ci est moderne, lieu joli et chaleureux. Leur pho est une merveille et ils font le café à la vietnamienne (ils font même le coconut coffee si ça vous dit de tester). La jolie serveuse vient d'Hanoï et parle un anglais impeccable. Prix très très sages. 

On quitte Karlín pour rejoindre Žižkov (Prague 3, le quartier de la tour de la télé). Présenté comme le quartier des mauvais garçons il y a encore quelques années (on rigole), c'est clairement the place to be. Outre les nombreux bars dans lesquels passer vos soirées et profiter de la tolérance pragoise sur toutes sortes de choses..., vous trouverez pas mal de restos et de cafés très sympas. 

Cafefin - nám. Jiřiho z Poděbrad 1407/4
A quelques pas de la place Jiřiho z Poděbrad (aka JZP du temps de notre Erasmus). Une adresse qui mêle recettes européennes et inspiration du sud-ouest asiatique, tout est très réussi. Goûtez leur matcha latte, vous m'en direz des nouvelles. Service sympa. Là encore une réservation n'est pas inutile, le lieu est également très prisé.

Même si j'aurais tendance à vous dire d'éviter le centre-ville pour ne pas vous faire avoir dans l'inévitable lot d'attrape-touristes, il peut vous arriver de vouloir faire une petite pause entre le quartier juif et Malá Strana. Je n'ai qu'une adresse de café à vous conseiller car vous l'aurez compris, nous avons privilégié les quartiers adjacents. 

Cafe Ebel - Řetězová 9
Encore une adresse spécialisée dans le café, mais ils ont aussi des chocolats et le London fog (je ne connaissais pas cette recette mais c'est pas mal). Serveuse charmante et lieu plutôt cosy. 

Et enfin une adresse tchèque pour ceux qui souhaiteraient profiter de cette ambiance de hospoda, goûter la svičkova ou autres recettes traditionnelles tchèques. Il vous faudra sortir du centre touristique si vous ne voulez pas payer le prix touristes et vous diriger vers la Jiraskovo náměsti (et la "Maison qui danse"). 

Restaurant Orlík - Masarykovo nábř. 2018/10
La vraie hospoda, avec la déco et le service qui vont avec. Pas mal de spécialités tchèques à prix tchèques. Ils ont aussi la bière Kozel černé (aka la bière aimée des gens qui n'aiment pas la bière). 

mardi 7 mai 2019

Voyager seule en étant une femme

Je vous avais proposé cet article sur Instagram et je vous avais demandé de me poser toutes vos questions sur le sujet. Merci à tous pour vos retours ! 

Je ne prétends pas avoir toutes les réponses à ce sujet, je ne prétends pas que mon article sera révolutionnaire et vous donnera des infos auxquelles vous n'auriez jamais pensé vous-mêmes. Vous trouverez une myriade d'articles parlant de ce sujet sur le web, je ne prétends pas que le mien sera meilleur que les autres. 
Je souhaite juste partager mon expérience à ce sujet et mes conseils. 

Quand et pourquoi as-tu commencé à voyager seule ?

Mon premier voyage solo a eu lieu en août 2011. Je suis partie trois semaines en Russie, à Moscou et à Saint-Pétersbourg. J'avais 20 ans, une furieuse envie de découvrir ce pays sur lequel j'avais tant lu et tant rêvé. A cette époque, personne n'était disponible ni très motivé pour venir avec moi. J'avais depuis quelques années déjà cessé de partir en vacances avec mes parents, je n'avais pas d'amoureux avec qui partager ce genre de projets et pour la plupart de mes amis, la Russie n'était pas une destination de vacances digne de ce nom. 

Je me suis donc jetée à l'eau. C'était partir seule ou ne pas partir. Dire que je n'ai eu aucune appréhension serait mentir, dire que je n'ai pas eu un moment de panique la veille au soir ne serait pas vrai. Mais dire que j'ai regretté, pas un seul instant ! Ce voyage était un de mes rêves et je l'ai réalisé. 

Comment passer le cap de voyager seule ?

Comme vous l'aurez compris, mon premier voyage solo a plus été une conséquence de la situation qu'un choix de ma part. Pourtant j'ai renouvelé l'expérience dès l'année suivante. On prend vite goût à voyager seule ! Si l'idée vous trotte dans la tête mais que vous n'osez pas vous lancer, commencez doucement. Faites un petit city break de quelques jours dans une ville que vous aimez, voire que vous connaissez déjà ! Si vraiment vous faites partie des personnes qui n'envisagent pas de faire une activité seule, commencez encore plus doucement ! Commencez par aller voir un film au cinéma seule, une expo seule, etc., etc. 
Rien ni personne ne vous oblige à vous lancer dans cinq semaines de trek solo au fin fond du Tadjikistan ! Allez-y progressivement, à votre rythme et n'ayez pas non plus peur de réaliser que ce n'est pas votre truc ! Je sais que de plus en plus de femmes voyagent seules et vantent les mérites du voyage en solo, et je suis la première à le faire quand on m'interroge sur le sujet, mais ça ne veut pas dire que cela convienne à tout le monde ni que ce soit une obligation d'y prendre plaisir ! 
Ne vous mettez pas la pression et autorisez-vous à détester ça !

Quelles précautions à prendre lorsqu'on est une femme qui voyage seule ?


Je dirais que les précautions à prendre sont globalement les mêmes que lorsqu'on est chez soi, avec certaines particularités selon la destination. D'une manière générale, fiez-vous à votre instinct ! Si un quartier, un endroit, une personne vous mettent mal à l'aise, prenez la poudre d'escampette. Ecoutez votre instinct et ne vous forcez pas. 


Certains pays ont la réputation d'être plus "safe" que d'autres pour les voyageuses solo. C'est le cas de la plupart des pays d'Asie du sud-est. Revenant d'un voyage au Vietnam, je peux confirmer que c'est une excellente destination pour un voyage solo au féminin. Gardez aussi en tête que selon les cultures, les mentalités, les croyances, les femmes qui voyagent seules peuvent être perçues comme des aventurières, des filles faciles ou des inconscientes. A vous d'infirmer ces préjugés ! 


Une tenue vestimentaire sobre et se fondant dans le paysage ne sera jamais de trop. On n'a pas dit de se promener en habit de nonne avec un chapeau d'apiculteur sur la tête, mais une tenue simple et raisonnablement couvrante (en fonction de la culture locale et de la température) ne pourra être que bénéfique. D'une manière générale, observez les femmes autour de vous et voyez ce qu'elles portent. 


Ayez toujours un peu d'argent pour vous sortir d'une situation délicate si besoin. Prendre un taxi, entrer dans un café plutôt que d'attendre dans la rue, changer d'hébergement si besoin, autant de moments où il vaut mieux pouvoir dépenser un tout petit peu plus que de rester dans une situation où vous n'êtes pas à l'aise. 


Evidemment, les précautions habituelles sont toujours valables (photocopie des papiers d'identité, inscription sur Ariane, numéro de l'ambassade de France en poche, vaccinations à jour et médicaments de premiers secours, etc.)


As-tu déjà eu peur par moments ?


Non, je n'ai jamais eu vraiment peur. Il m'est arrivé de me sentir mal à l'aise mais pas plus qu'à Paris. Et même probablement moins. 

Dans tous les cas, une seule solution : vous éloigner autant que possible. 

Peut-on voyager seule en tant que femme dans tous les pays ?


Plus les années passent, et plus j'aurais tendance à dire oui. Tout dépend de votre expérience, de votre connaissance de la culture, de la langue locale, des contacts que vous pouvez avoir sur place. Toujours garder à l'esprit que la condition féminine n'est pas la même sur l'ensemble de la planète et respecter les modes de vie des pays que l'on découvre. 


Quelle est ta méthode pour bien planifier ton voyage ?


Je ne suis pas sûre de pouvoir répondre à cette question car plus les années et les voyages passent et moins je planifie ! Vous avez peut-être l'impression que tout est carré, prévu, réservé mais pas du tout ! Il y a deux mois au Vietnam, je suis arrivée à 3h du matin dans un bled en n'ayant rien réservé du tout et j'ai passé ma nuit sur les fauteuils d'une salle commune d'auberge de jeunesse. Donc je ne suis pas forcément un exemple sur ce point !


Je crois avoir répondu à toutes vos questions, si vous en avez d'autres, n'hésitez pas à les laisser en commentaires ! 


lundi 25 mars 2019

Voyage au pays du dragon : Saïgon et le delta du Mékong

Je suis déjà rentrée depuis quelques jours, mais je n'ai pas encore écrit la suite de ce journal et mon séjour à Saïgon. Tout est allé si vite, tout était tellement intense et je privilégie toujours de vivre le moment plutôt que de l'écrire. Le récit de ces quelques jours dans le sud du Vietnam sera donc peut-être un peu différent, un peu moins sur le vif mais les souvenirs n'en restent pas moins très forts. 

Je suis donc arrivée à Saïgon un mercredi soir, une soirée chaude et humide, de cette moiteur typique de ce que l'on appelait jadis la Cochinchine. J'ai rejoint la grande métropole du sud seule, Alice prolongeant son séjour à Hoi An jusqu'à vendredi. Dans le bus entre Hoi An et l'aéroport de Da Nang, j'ai fait la connaissance d'une autre Anglaise, encore une Londonienne, très sympa avec qui j'ai bavardé en attendant mon vol. Cela fait huit ans que j'ai commencé à voyager seule, et pourtant je suis toujours surprise par cette magie de la rencontre, ce lien qui se crée presque instantanément entre voyageurs. 

Le bus me dépose quelque part dans la ville, au milieu des gratte-ciels, entre les braseros de rue, les vendeurs ambulants et le trafic délirant des deux-roues. La ville, qui a officiellement pris le nom de Ho Chi Minh Ville en 1975, mais que tout le monde continue d'appeler Saïgon, a toujours cultivé son indépendance et sa spécificité, se détachant d'Hanoï, la capitale, plus sage et plus traditionnelle. Saïgon a toujours été l'enfant terrible du Vietnam, et elle est sans conteste aujourd'hui la capitale économique du pays. Ruche bourdonnante de plus de 8 millions d'habitants (8 officiellement, mais on peut compter facilement 11 millions...), elle garde de nombreuses traces de son passé colonial, lorsque les Français la surnommaient "la Perle de l'Extrême-Orient". 

Guidée par les locaux, j'atterris devant mon auberge, Aloha Saigon, en plein coeur du "quartier routard" dans une ruelle qui serait coupe-gorge si l'on n'était pas au Vietnam, et qui a pour voisinage les nombreux bars de nuit et autres établissements où les tenues affriolantes des jeunes femmes ne laissent guère de doutes sur la nature de leur activité... Le responsable de l'auberge tente de m'entourlouper en essayant de me faire payer le prix d'un lit double que je n'ai jamais demandé mais je lui montre ma confirmation de réservation et il abandonne rapidement. Je hisse mon gros sac à dos sur la paillasse qui me sert de lit, installe mon campement de romano, essaie d'essuyer la clim qui goutte sur mon lit, abandonne rapidement le combat et je décide finalement de sortir manger quelque chose et prendre la température des nuits saïgonnaises. 

Je tourne à gauche en sortant de la ruelle et dix mètres plus loin, je tombe dans LA rue du quartier routard, celle où les bars ont envahi ce qui servait jadis de trottoir, où les scooters et autres mobylettes tentent de se frayer un chemin dans la foule, entre les promeneurs et les vendeurs ambulants en tous genres (fruits, rouleaux de printemps, paquets de mouchoirs mais aussi cigarettes, marijuana et cocaïne, proposée sous le manteau et avec, comme toujours, le sourire). La rue me fait aussitôt penser au Times Square new-yorkais, en plus bordélique indéniablement. Des lumières de partout, tant et si bien qu'on y voit comme en plein jour, de la musique crachée par des hauts-parleurs à plein volume et une foule détendue et joviale. Je me restaure d'un bun cha dans un petit resto étonnamment calme et propre dans une des rues les plus animées, servie par une jeune femme souriante et je décide ensuite de sortir boire un verre et profiter de la frénésie nocturne de la ville. 

Je branche le "hang out" de Couchsurfing et rapidement, m'organise avec un autre voyageur pour se retrouver devant le Highlands Coffee (sorte de Starbucks vietnamien) et aller déambuler dans les rues animées du quartier. Chose dite, chose faite, je retrouve Frédéric, débarqué à Saïgon depuis déjà quelques temps, après 21 000 kilomètres parcourus à vélo depuis Lausanne. On s'installe en terrasse et il me raconte ses aventures "monstre" passionnantes, ponctuées par un accent et des expressions toutes helvétiques. On décide finalement d'aller visiter Cholon, le quartier chinois de Saïgon le lendemain aprèm et j'abandonne Fred devant mon auberge où il tente de s'extirper des griffes de mes voisines court vêtues. 

Réveillée pas trop tard le lendemain, je pars à la recherche d'un pho et d'un café. La rue a presque l'air d'avoir la gueule de bois, mais au détour d'un coupe-gorge, je tombe sur une gargote comme je les aime. Je commande un café et un pho au poulet et je demande à partager la table de Lily, une jeune Allemande de Munich sirotant son café et fumant sa cibiche matinale. On rigole bien toutes les deux, et par chance, on se recroisera plus tard dans la ville. Je pars ensuite explorer la ville, la cathédrale (censée ressembler à Notre-Dame-de-Paris, on comprend pas bien où ni comment mais soit), la poste dont la charpente est signée Gustave Eiffel, le marché de Ben Tanh, etc. Recroisant Lily alors que je prends une petite pause sur un banc dans un parc, on décide finalement de poursuivre notre chemin ensemble et on termine sur le balcon d'un café. Le café vietnamien est décidément merveilleux. Lily s'envole ensuite pour Hanoï et je sors Fred du lit (enfin je le réveille à 14h quoi...) pour nous commander deux Grab (taxi-motos) direction Cholon, le quartier chinois. 

Si, comme moi, vous avez dévoré le roman de Marguerite Duras, le nom de Cholon (à prononcer Tseuleunne) ne vous est pas inconnu. C'est le quartier dont est originaire l'Amant, un Chinois de Cholon dont le père a fait fortune. Aujourd'hui Cholon est un quartier comme vous en trouverez beaucoup au Vietnam, une succession de petites échoppes, de vendeurs en tous genres, d'un grand marché. Fred tente les rouleaux de printemps crus achetés à une dame avec une palanche en bambou, et on s'attable ensuite pour un plat de nouilles comme on les aime. Après un coup d'oeil à la pharmacopée traditionnelle chinoise (hippocampes séchés, étoiles de mer séchées et autres réjouissances) et un énième café (glacé pour Fred et chaud pour moi) sur une terrasse d'où l'on a une vue plongeante sur la marée de scooters, on rentre au centre de la ville (à trois sur une moto, mais on n'est plus à ça près).

Réveil tardif sur ma paillasse, il est déjà près de 11h quand je mets le nez dehors. Il fait une chaleur étouffante et le soleil est sorti de derrière les nuages. Un pho et un café (combo gagnant désormais), je retrouve Fred que j'embarque pour la visite des tunnels de Cu Chi, un immense réseau de galeries souterraines et d'étroits boyaux creusés à la main par les Vietcong pour se protéger et se défendre contre la machine de guerre américaine. Les Vietcong ont fait preuve d'une grande ingéniosité, et d'une détermination farouche, piégeant de bambous empoisonnés une partie des tunnels sur lesquels venaient s'empaler les chiens et les soldats envoyés par les Américains. On visite une version élargie des tunnels, déjà relativement étroite et Fred et moi sommes les seuls à tenir 100 mètres dans le boyau. Des sorties tous les 20 mètres ont été aménagées au cas où un touriste ferait une crise de claustrophobie. Le guide qui nous ouvre la voie nous demande tous les 20 mètres si on veut sortir mais on insiste en lui disant que tout va bien et qu'on peut largement faire les 100 mètres. Finalement, et tandis que le groupe s'éloigne, on demande si on peut rapidement retourner dans le premier tunnel, à la taille d'origine et on s'y engouffre. C'est très, très, TRÈS étroit et je vous prie de me croire, cinq minutes là-dedans vous suffiront largement, alors y passer toute une journée... J'avance sur les genoux dans les feuilles et la terre, une bestiole voltige devant moi mais il fait beaucoup trop sombre pour que j'identifie la chose. On avance à la lueur de mon portable. Les Vietnamiens ont eu l'idée, surprenante à mes yeux, d'installer un stand de tir à l'arme de guerre sur le site des tunnels. Comme s'il n'y avait pas eu assez d'armes utilisées à cet endroit... Toute notre visite et les explications du guide (qu'on a affectueusement surnommé Johnny parce qu'il prend un accent très, TRÈS américain lorsqu'il parle anglais) sont donc ponctuées par des tirs de Kalachnikov ou de je-ne-sais-quelle-arme de guerre. On adore... Finalement retour à Saïgon après être restés coincés un moment dans les embouteillages, banh mi et au lit.


Impossible pour moi de fermer l'oeil, le café de la veille me tient éveillée toute la nuit et vu que j'ai rendez-vous à 7h devant le marché pour partir dans le delta du Mékong pour la journée, vers 6h je me lève. Douche, et direction le marché pour trouver un petit quelque chose à me mettre sous la dent. J'achète un mini-régime de bananes, obtient un café à un petit stand à peine ouvert (mais à ma tête de déterrée, je pense que la dame a eu pitié). Le guide arrive avec Jason (qu'il appellera Jackson la majeure partie de la journée), et on passe ensuite récupérer David et Judith. Après deux petites heures de route, on arrive dans un bled dans le delta, on enfourche les vélos et c'est parti pour 25 kilomètres. Evidemment, je trouve le moyen de me prendre une gamelle et de m'étaler de tout mon long, mais heureusement, je ne me fais pas mal. Pause déjeuner, on traverse le Mékong à bord d'une sorte de bac avec les vélos. Un bac sur le Mékong... On fait ensuite un tour en bateau et on fait glisser les kayaks à l'eau. On pagaie dans les ramifications de ce fleuve énorme qui irrigue toute la région et assure la culture du riz, faisant du Vietnam le cinquième producteur mondial. Je reste longtemps à contempler le fleuve, le soleil qui se reflète sur l'eau et à savourer ma chance, ce privilège incroyable de pouvoir réaliser ce rêve, traverser le Mékong en bateau. Retour à Saïgon en car (je m'assoupis à l'arrière et dors pendant quasi toute la durée du trajet), petite douche avant de ressortir prendre un verre avec Alice sur un rooftop pour y admirer les buildings qui poussent à la vitesse d'un champignon. 


Un énième café et je quitte Saïgon à bord d'un taxi-moto, direction l'aéroport, à Hanoî je perds 20 degrés et retrouve Duong. Vols pour Hong Kong et pour Paris. J'arrive à Paname en état de choc thermique, passablement déphasée et déjà nostalgique. Ce voyage a été tellement intense, tellement stimulant, presque salvateur. Un immense merci à tous les Vietnamiens pour leur accueil chaleureux, leurs sourires, leur douceur. Merci à tous les voyageurs rencontrés pour avoir partagé leurs expériences. Merci à vous d'avoir lu ce blog. Cảm ơn! 

jeudi 21 mars 2019

Voyage au pays du dragon : Hoi An et le Centre

Mercredi 13 mars 2019

Je suis une nouvelle fois hyyyyyper en retard sur le récit de ce voyage. Le temps passe super vite et je dois avouer que je préfère largement profiter du moment présent et vivre ce voyage à 100%, par conséquent je ne prends pas toujours le temps nécessaire pour me poser et vous narrer mes aventures. Mais je suis sûre que vous comprendrez ! 

Nous sommes donc arrivés à Hoi An avec Alice et Ian, un autre Anglais rencontré dans le bus. On a marché un bon moment, surtout moi car mon auberge est un peu excentrée de la vieille ville. Après 35 minutes de marche, j’arrive en nage à la villa. Ma chambre n’étant pas encore prête, je patiente au bord de la piscine. On va pas pleurer non plus. Je me suis accordé un petit plaisir et j’ai réservé une belle chambre pour moi toute seule dans une belle villa avec piscine, petit déjeuner servi dans le jardin et tout ce qui s’en suit. À 15 euros la nuit, j’aurais eu tort de me priver... La villa met aussi à disposition des vélos, moyen de transport prisé à Hoi An, mais surtout par les touristes, les locaux préférant semble-t-il toujours les mobylettes et les scooters. Ceux qui me connaissent savent que le vélo et moi, ça fait deux... Si je suis montée trois fois sur un biclou ces dix dernières années, c’est un record. Toujours est-il que j’emprunte donc une bicyclette (de ville, c’est encore ce que je préfère) et un antivol pour pouvoir déposer l’engin quelque part. Et c’est parti, je charge Google Maps et je parcours les deux kilomètres qui me séparent de la ville. Je laisse la bicyclette sur la première petite place que je croise, où sont déjà gares de nombreux engins. Impossible de fermer l’antivol, pas tout jeune et tout rouillé. Au bout de 20 minutes de lutte acharnée et tandis qu’un chien errant me lèche le coude, j’abandonne la partie et je laisse mon vélo avec l’antivol ouvert en priant pour le retrouver à mon retour. Le vieux centre de Hoi An est réservé aux vélos et aux piétons à partir d’une certaine heure, mais ça n’empêche pas certains de continuer à utiliser leurs deux-roues. Et pour être tout à fait honnête, vue la densité de touristes c’est impossible de continuer, même à vélo. Je continue donc à pied, ça m’évitera de tuer quelqu’un. J’erre dans les petites ruelles, c’est très mignon, le patrimoine est bien conservé. Mais ça me donne rapidement le sentiment d’un musée à ciel ouvert, d’une sorte de Disneyland réservé aux touristes où tous les magasins sont des échoppes de souvenirs ou des tailleurs pour se faire faire des vêtements (Hoi An est réputé pour ça). Les restaurants sont plutôt modernes, presque chics et les petits bouis-bouis qui me sont chers sont relégués à l’extérieur de la vieille ville. Je trouve néanmoins un resto où m’attabler pour goûter une des spécialités locales : le cau lao. Il s’agit d’un plat de nouilles avec du porc, des herbes et tout un tas de trucs. C’est délicieux et la serveuse est adorable (même si elle m’a apporté le ventilateur et me l’a branché en plein sur moi en pensant que j’aurais trop chaud). Je l’ai coupé en douce parce que je déteste ça. Je me balade ensuite dans les rues, fais quelques emplettes en tentant de négocier (je suis toujours assez mauvaise et les Vietnamiens sont tellement attachants qu’il est difficile de leur résister). Vers la fin de l’après-midi et comme il fait beaucoup plus chaud ici que dans le Nord, je décide de rentrer pour profiter de la piscine avant de ressortir ce soir. J’ai la joie de constater que malgré l’antivol ouvert, mon vélo n’a pas bougé et je me mets donc en route pour la villa. C’était sans compter sur mon sens de l’orientation, ma mémoire désastreuse sur ce point et le fait que je n’ai pas Internet. Après avoir tourné, viré, fait demi tour 874 fois, j’en suis arrivée à me retrouver en dehors de la ville et à atteindre le village suivant. En désespoir de cause, je m’arrête sur le bord de la route et lance « Anh oi! » aux deux jeunes hommes qui bricolent dans un garage. « Anh oi! », c’est un des trucs en vietnamien que Duong m’a appris. C’est un moyen d’attirer l’attention d’un homme plus âgé que soi. Littéralement, ça signifie « grand frère » mais c’est comme ça que l’on s’adresse à un inconnu, si celui-ci est un homme et qu’il est un peu plus âgé. Donner un âge aux Vietnamiens n’est pas toujours très évident pour moi, mais Duong m’a aussi dit que c’était une marque de respect et que ça pouvait facilement inciter le monsieur en question à m’aider. Inutile de vous dire que ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde, j’en userai et en abuserai tout au long de ce voyage, mais de toutes façons les Vietnamiens sont globalement très aimables et aident volontiers les étrangers en galère. Je montre donc mon adresse aux deux mecs, qui me font signe de rebrousser chemin (ça je me doute bien...) mais je leur fais comprendre que je suis perdue, que j’ai fait le tour de la ville un nombre incalculable de fois et qu’il est possible que je ne retrouve jamais mon hébergement (je développe de réels talents en mime ahah). Sans doute pris de pitié, un des deux mecs me fait signe de la suivre. Il enfourche sa mobylette et je n’ai plus qu’à le suivre. Je pensais être pas loin, mais en fait j’étais à peu près à l’autre  bout de la ville et je pense que sans lui, j’y serais encore. J’arrive donc à ma villa, je fais rapidement trempette dans la piscine et je rejoins ensuite Alice (à pied, la bicyclette ça suffira pour aujourd’hui) dans la vieille ville. Victime d’une intoxication alimentaire ces derniers jours, Alice a envie de manger dans un resto qui propose de la nourriture occidentale et c’est donc en terrasse du très chic resto Cargo que nous nous installons. Heureusement ils proposent aussi de la cuisine vietnamienne, et la salade de papaye verte et le cao lau sont délicieux. On fait connaissance avec deux Canadiens de la table voisine et c’est tous les quatre que l’on part prendre un verre dans un bar qui fait aussi club de plongée (si si) ouvert par un Parisien (tout est possible dans ce pays). Je rentre finalement à pied, j’ai le plaisir de découvrir des petits cookies laissés sur ma table de chevet « pour me souhaiter une bonne nuit » et je m’endors comme un bébé. 


Réveil agréable, petit déjeuner dans le jardin et j’enfourche la bicyclette direction l’hôtel d’Alice au centre-ville pour une journée visite du patrimoine de Hoi An. On visite les maisons anciennes (en même temps qu’un groupe de Français avec un guide dont la précision du vocabulaire est impressionnante). Les maisons sont petites mais très jolies et fleuries. Le système digestif d’Alice semblant revenu à la normale, on déjeune d’un banh mi acheté dans la rue (très bon) et on passe l’après-midi à écumer les boutiques et tailleurs car Alice veut se faire copier une robe qu’elle a acheté en Angleterre. C’est drôle de négocier, de voir les tissus, de comparer, etc. Alice a l’air désolée de m’entraîner là-dedans mais elle a tort car je passe un très agréable après-midi. J’en profite également pour faire quelques courses. J’ai également profité de mon séjour à Hoi An pour goûter certains fruits exotiques que je voulais goûter depuis longtemps parmi lesquels probablement le plus connu et le plus controversé d’entre eux : le durian. Ce gros fruit à l’écorce hérissée de piquant est réputé autant pour sa mauvaise odeur que pour son goût, adoré par certains et détesté par d’autres. Le durian est un fruit relativement cher, pour le Vietnam. Je négocie donc un peu le prix, la dame me l’ouvre, extrait des quartiers la pulpe jaune dans laquelle sont cachés de gros pépins noirs et me l’emballe dans trois petites barquettes en polystyrène. J’ai goûté mon durian dans un petit café qui diffusait du Georges Brassens. L’odeur ne m’a pas effrayée tant que ça (et pourtant je suis très sensible aux odeurs), celle du durian est réputée tellement désagréable qu’il est interdit d’en emporter dans les transports publics. La texture est probablement ce qui m’a le plus déplu. C’est crémeux un peu bizarre, ça donne le sentiment d’avoir été mâchouillé, avalé puis régurgité. Pas foufou. Le premier goût est bof, en revanche l’arrière-goût que cela laisse dans la bouche est plutôt agréable. J’en ai fait goûter à deux Français rencontrés dans le café, mais c’était pas leur tasse de thé. J’ai également profité de ce séjour pour regoûter les longanes, ces petits fruits entourés d’une écorce marron qui se présentent en grappe et ressemblent pas mal à des litchis. Délicieux. J’ai également goûté les ramboutans, ces fruits « poilus » et qui ressemblent là aussi à des litchis. Même Alice a été séduite. Repas dans un joli resto le soir et retour à la villa en vélo. Je pars le lendemain pour le sud, seule car Alice prolonge son séjour à Hoi An de quelques jours.