Mercredi 12 août 2015
Istanbul. Telle est ma nouvelle destination. Cette ville millénaire, successivement Byzance, Constantinople, et finalement Istanbul, ville à cheval sur deux continents, ville de tous les mélanges et de toutes les influences. C'est donc pour la plus grande ville de Turquie et une des villes les plus fascinantes au monde que je m'envole aujourd'hui. Décollage prévu à 12h, arrivée environ 2h30 plus tard avec une petite heure de décalage horaire. Nico me rejoint environ 1h30 plus tard. Me voilà donc à patienter à l'aéroport de Prague, avec pour voisine une jeune femme russe avec laquelle j'ai réussi à échanger quelques mots. De ce que j'ai compris, elle est originaire de Moscou mais vit désormais en Turquie. Ceci dit, vu les difficultés de communication, je n'en mettrais pas ma main à couper.
[...] Je suis actuellement à bord de mon avion à destination d'Istanbul. Après une petite frayeur causée par Nico juste avant d'embarquer, le vol se déroule à merveille. Juste avant d'embarquer, Nico m'appelle et m'envoie une tonne de messages pour m'informer qu'il a passé la douane, que le douanier, voyant un jeune homme voyager seul à destination d'Istanbul l'a illico soupçonné d'aller faire le djihad en Syrie et lui a demandé son billet de retour. Nico fouille dans ses mails, laisse son passeport et sa carte d'embarquement au douanier, revient, pour se rendre compte que ce branquignolle de douanier a tout simplement donné son passeport et sa carte d'embarquement à un autre passager. Panique, où est passé le passeport ? On passera sur l'erreur pathétique du douanier, qui devrait sérieusement penser à changer de métier. Bref, Nico récupère ses affaires et pendant ce temps j'embarque à bord de mon avion. Et là je dois dire que je suis TRES agréablement surprise par le service dispensé par Turkish Airlines. Bon, l'avion est relativement spacieux, c'est pas non plus les avions des longs courriers mais pour un vol de 2h30, c'est normal. En revanche, écran, films, personnel tout sourire et petits oreillers à disposition, écouteurs distribués. Le pilote nous annonce un petit retard d'un quart d'heure à l'arrivée dû à une affluence sur la piste d'atterrissage. Aussitôt un petit loukoum à la pistache nous est distribué pour nous faire patienter. On décolle, je lance "Taken 3", que je n'ai pas vu depuis sa sortie au cinéma. Très vaste choix de films en anglais. Les consignes de sécurité nous ont été dispensées avec précision et exhaustivité. Le plateau-repas arrive, et c'est un vrai plateau-repas, pas un petit sandwich. Boulettes de viande à la turque avec du riz et des haricots, petit caviar d'aubergines et mousse à la fraise. Jus de tomate. Et là on vient de me servir une petite tasse de thé. Le tout avec le sourire. Aleks, mon amie polonaise, m'avait bien dit que Turkish Airlines était sa compagnie préférée, mais très honnêtement, je n'en attendais pas tant sur un vol aussi court. Il ne reste plus qu'à atterrir à Istanbul en toute sécurité et à retrouver ma valise, et j'accorderai à Turkish Airlines la première place très convoitée de mes compagnies préférées (pour l'instant détenue par Swiss). On se retrouve à Istanbul pour le verdict ;)
[...] C'est officiel, Turkish Airlines vient d'être élue meilleure compagnie aérienne et a donc détrôné Swiss. Je suis bien arrivée à Istanbul, j'ai récupéré ma valise, et j'attends désormais Nico qui devrait arriver d'ici une vingtaine de minutes.
[...] Nous sommes déjà jeudi matin mais avant de partir déjeuner, il me faut vous raconter notre arrivée et nos premières heures à Istanbul. Arrivés à l'aéroport, on se rejoint, on parvient à mettre la main sur notre chauffeur et son écriteau "Hôtel Djem - Nicolas Moreau", il nous dirige vers un gamin de treize ans qui Dieu merci n'est pas notre chauffeur, on attend un peu dehors devant la station de taxi et finalement on nous fait signe de monter dans une voiture, pas de ceinture, en route Simone, direction Sulthanamet et notre hôtel. Je précise que Nico m'a vraiment gâtée pour ce séjour et a choisi un très bel hôtel en plein coeur du centre historique, puisque notre voisine n'est autre que la fameuse Mosquée Bleue. On arrive donc à l'hôtel, check-in, personnel très gentil, notre chambre est super jolie, très lumineuse, salle de bains nickel. On se pose, on déballe un peu nos affaires, et finalement, on repart faire un tour du quartier, faire un coucou à la mosquée (on ne peut pas rentrer, c'est l'heure de la prière donc ce sera pour demain). On jette aussi un oeil à Sainte-Sophie, une pure merveille. On prend quelques photos et on se dirige vers un petit resto conseillé par le Routard. Le serveur parle français (tout comme le douanier qui m'a accueillie et a tamponné mon passeport, soit dit en passant). Kebap à l'agneau parce que je suis en dépression de viande ovine depuis quasi un an, le même à la pistache pour Nico, on finit par échanger nos assiettes, le tout sur une terrasse devant Sainte-Sophie illuminée dans la nuit. Retour à l'hôtel, gros dodo, si on excepte la petite interruption à 5h00 du matin pour cause d'appel à la prière.
Vendredi 14 août 2015
Déjà presque deux jours à vous raconter... Hier matin, premier réveil dans notre belle chambre, petit déjeuner gargantuesque à l'hôtel, et nous voilà partis à l'attaque de la mosquée bleue, puisqu'elle était fermée la veille. On fait un bon quart d'heure de queue, juste parce qu'il faut que les visiteurs récupèrent de quoi s'habiller décemment. Un peu injuste pour nous puisque j'ai fait l'effort de couvrir mes bras et mes jambes malgré un bon 30°C, le foulard est d'ores et déjà en place sur ma tête, approbation de la dame qui me laisse rentrer comme ça. La mosquée bleue est vraiment superbe, dôme de ladite couleur, salle de prière très vaste, tapis moelleux sous les pieds (nus, puisqu'il faut enlever ses chaussures, évidemment). On mitraille, on lit le descriptif qu'en fait le Guide du Routard et on ressort, direction sa grande soeur, la célébrissime mosquée dite "Sainte-Sophie". Toute une histoire. L'édifice originel, construit en 534, est en réalité une basilique, Constantinople (à l'époque !) étant alors la capitale de l'Empire romain d'Orient. En 1453 (?), le sultan Mahmud II (?) conquiert Constantinople et transforme la basilique en mosquée. Certains symboles chrétiens disparaissent, certains symboles musulmans sont ajoutés (c'est le cas des six grands ronds portant, inscrits en arabe, les noms d'Allah, Mahomet et des quatre premiers califes). En 1923, Atatürk en fait un musée, ce qu'elle est aujourd'hui. Il faut savoir que l'appeler la mosquée "Sainte-Sophie" est en réalité une erreur. Son nom original est Aya Sofya (en turc), vient du grec et signifie en réalité l'église de la Sainte-Sagesse. Aucune sainte à l'origine donc de cette basilique-mosquée désormais musée. Bref, le bâtiment est massif, d'un superbe coloris rose, et récapitule à lui seul l'histoire richissime d'Istanbul. En ressortant de la mosquée, on décide de s'accorder une petite pause thé-douceurs sucrées dans un petit café non loin de là. On met ensuite le cap sur un autre monument célébrissime : le palais de Topkapi. Petite précision orthographique/linguistique : en fait, c'est le palais de Topkapi avec un I sans point (lettre de l'alphabet turc qui n'existe pas en français) et se prononce comme une sorte de "eu". Hélas, je n'ai pas la touche sur mon clavier. On rentre donc grâce à l'Istanbul Museum Pass que l'on a acheté à Sainte-Sophie et qui nous ouvre les portes du palais. Succession de quatre cours/jardins, fontaines, petits kiosques, vue sur la mer, collection de joyaux et de pièces d'orfèvrerie. Affluence aussi, file d'attente assez longue mais encore gérable. On rentre ensuite se poser un peu à l'hôtel, je m'assoupis un peu. On repart ensuite en balade, direction la mosquée Sokollu Mehmet Pasa, une mosquée magnifique, plus petite que la mosquée bleue, mais tout aussi belle. Un gentil monsieur nous explique l'origine des petits morceaux de pierre noire incrustée dans le marbre de la mosquée. Direction ensuite la Petite Sainte-Sophie. On essaie ensuite de trouver les ruines du port du Boudocléon, il s'avère qu'il s'agit en fait des ruines en pierre rouge que l'on avait vues depuis le taxi le jour de notre arrivée. On repasse à l'hôtel et on tombe sur un nouveau réceptionniste, hyper gentil, qui nous offre un café (turc, évidemment), nous lit notre avenir dans le marc (enfin prétend le faire !) et discute avec nous pendant un bon moment. On m'avait vanté l'hospitalité des Turcs et leur gentillesse envers les touristes. Cette réputation s'avère tout à fait méritée. On choisit ensuite un resto, Antiochland, c'est parti pour une assiette de mezze et un plat cuit dans une poterie, que le serveur casse avant de nous le servir. Plat d'agneau aux légumes servi avec du riz. Un petit ayran (sorte de yaourt brassé salé) pour faire descendre le tout et dodo !
Ce matin, un bon petit dej et direction les bazars ! Il y a deux bazars principaux à Istanbul : le Grand Bazar et le Bazar égyptien. On commence par le Grand Bazar, j'avoue être assez étonnée, je n'imaginais pas cela comme ça, ça ressemble pas mal au Fake Market de Shanghai. Beaucoup de bijoutiers, de textile, de cuir, de contrefaçon aussi, des pâtisseries, etc. Quelques fontaines, quelques hans (petites cours arborées) pleines de charme. Guide du Routard en main, on décide de faire la balade proposé dans celui-ci. Une fois n'est pas coutume, c'est moi qui prend la direction des opérations en ce qui concerne l'orientation. Ceux qui me connaissent savent que ce n'est pas mon point fort, et pourtant ! Je trouve sans difficulté notre chemin dans le labyrinthe du bazar. Je suis aussi assez étonnée par l'attitude des marchands turcs. Ils essaient certes d'attirer votre attention, et c'est de bonne guerre, mais ne sont en aucun cas trop insistants ou agaçants. C'est un reproche que j'ai souvent entendu de la part des personnes ayant voyagé dans les pays où l'on trouve généralement des souks (pays arabes, Maghreb, etc). Je ne sais pas ce qu'il en est, mais en tout cas, ce n'est pas le sentiment que j'ai eu aujourd'hui à Istanbul. On ressort du Grand Bazar pour se perdre dans le dédale de ruelles qui mène au Bazar égyptien. De nouveau, je guide et je m'en sors pas trop mal. C'est à ce moment-là qu'on a commencé à comprendre où Istanbul cachait ses 17 millions d'habitants. Une véritable foule dans la rue, dense, serrée, on avance à petits pas. On arrive au Bazar égyptien, qui fut construit grâce aux impôts prélevés en Egypte par l'Empire ottoman mais qui n'a jamais vu l'ombre d'un marchand égyptien. Originellement, le marché aux épices, il correspond beaucoup mieux à l'image que je me faisais d'un bazar, par ses odeurs, ses couleurs, son ambiance. On déambule, on se perd un peu, on cherche un petit endroit qu'on a repéré dans le guide où on peut manger quelques pâtisseries. On finit par le trouver, assiette de gâteaux dégoulinant de miel et petit thé. On prend ensuite la direction de la mosquée de Soliman le Magnifique. A l'image de son constructeur, la mosquée est magnifique. On attend la fin de la prière et on part la visiter. On rentre ensuite un peu à l'hôtel avant de repartir. On décide, alors qu'habituellement je fuis ce genre de trucs, de prendre les bus hop-on, hop-off, qui permettent de faire un tour de la ville, de descendre à certains endroits pour ensuite remonter et repartir. Bref, vous connaissez le truc. Autant je trouve ce genre de bus relativement ridicules dans des petites villes comme Paris ou Prague, autant à Istanbul, vu la dimension de la ville, cela me paraît plus intéressant. On prend un billet pour deux jours, sachant qu'il existe deux itinéraires. Pour aujourd'hui, ce sera le bleu, le circuit de la Corne d'or. C'est parti, ballottés au deuxième étage du bus, nous découvrons mille autres facettes d'Istanbul. Le quartier de Sultanhamet est en quelque sorte le "musée" d'Istanbul, avec ses mosquées les plus emblématiques, ses quartiers touristiques, etc. Là on traverse toutes sortes d'autres quartiers, et on commence à réaliser, non seulement l'ampleur de la ville, mais aussi sa diversité, sa richesse, son bouillonnement. Et aussi son chaos. La circulation est dingue. Des bagnoles dans tous les sens, des bus, quelques scooters (aux passagers souvent sans casque...), des piétons qui traversent n'importe comment, en courant, avec des poussettes. Un concert de klaxonnements perpétuel rythme le tout. Je pense qu'un candidat au permis de conduire à Istanbul se voit délivrer le précieux sésame s'il arrive à ne pas tuer quelqu'un en une demi-heure. On longe la Corne d'or, le circuit est ponctué par les commentaires (en français, génial !) du bus, on en apprend plus sur les monuments que l'on croise mais aussi sur l'histoire d'Istanbul et sur les coutumes turques en général. Istanbul, c'est un peu tout et n'importe quoi, des mosquées magnifiques et des immeubles à moitié en ruines, des femmes en burqa (souvent des touristes originaires des pays du Golfe) et des jeunes filles en minijupe, des chaînes internationales et des petits commerçants qui vendent sur le trottoir. Je ne peux m'empêcher de penser à mes grands-parents, qui sont venus ici il y a vingt ans, mon grand-père étant tombé amoureux de cette ville et de sa folie. Ma grand-mère un peu moins ! Bref Istanbul c'est plus de deux mille ans d'histoire, de la première Byzance fondée par les Grecs, à la Constantinople, phare de l'Empire romain d'Orient, jusqu'à la conquête ottomane, Constantinople devient musulmane, pour enfin devenir Istanbul dans les années 1930, suite à la création de la Turquie moderne, menée de main de maître par le grand Atatürk.
J'en profite pour faire une petite parenthèse sur Atatürk, au cas où vous ignoreriez de qui il s'agit. De son nom complet, Mustafa Kemal Atatürk. Ancien officier militaire, en 1923, il fonde la Turquie moderne. Cultivé, admirateur de la culture occidentale, il veut faire de la Turquie un pays totalement tourné vers l'Europe. Pour cela, il tente de rompre avec les traditions ottomanes. Il interdit par exemple le port du fez, coiffe traditionnelle ottomane, l'accusant d'être l'accessoire des Grecs et "décadant". Sous son influence, les Turcs adoptent le costume occidental, les moeurs se libèrent, les femmes obtiennent le droit de vote. C'est lui aussi qui met en place l'alphabet latin. Enfin, il dote les Turcs d'un nom de famille et choisit le sien, Atatürk, qui signifie "le père des Turcs". L'aéroport international d'Istanbul porte son nom, détail cocasse quand on sait que c'est également lui qui installe la capitale de la Turquie moderne à Ankara, au détriment d'Istanbul. Je ne cache pas mon admiration pour ce personnage, il a accompli en quelques décennies ce qui, sans lui, aurait sans doute pris des siècles. On peut sans doute lui reprocher une présidence assez autoritaire, mais de mon point de vue, la Turquie actuelle lui doit beaucoup. Il s'éteint en 1938 et est, à ce que j'ai pu constater, toujours présent dans le coeur de la population.
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