BACK IN THE BALKANS
Lundi 23 juillet 2018
Une fois n’est pas coutume, c’est sur mon téléphone portable que je commence cette fois mon journal de bord. J’ai décidé pour ce voyage de ne pas emmener mon ordi, je bosse déjà 8 heures par jour dessus le restant de l’année, je m’en passerai pour les trois semaines qui viennent.
C’est donc l’occasion pour moi de commencer un nouveau journal de bord. Nouveau voyage, nouvelle destination, nouvelles aventures. Vous commencez à connaître la chanson. Pour cet été 2018, et cette année riche en remises en question et en bouleversements, j’ai décidé de repartir dans une région que j’avais explorée il y a maintenant trois ans et qui est toujours chère à mon cœur : les Balkans. Grandes absentes du voyage de 2015 avec Léa, ce sont la Serbie (et le Kosovo, nous en reparlerons), la Macédoine (officiellement Macédoine du Nord depuis quelques semaines) et l’Albanie qui sont cette fois au programme (ceux qui ont trop regardé Taken sont priés de garder leurs angoisses pour eux, moi aussi j’ai vu le film, j’éviterai Tropojë et puis c’est tout). Programme pour l’instant approximatif et susceptible de changer à tout moment.
Le voyage a donc commencé ce matin mais je suis pour l’instant bien loin des Balkans puisque je vous écris depuis Bruxelles. Je prends effectivement l’avion pour Belgrade demain depuis Bruxelles, pour des raisons de vols moins onéreux. J’ai donc chopé un bus entre Paname et Bruxelles ce matin, terminé ma nuit (qui fut courte) contre la vitre et fait connaissance avec mon voisin de bus, un Belge d’une quarantaine d’années qui m’a fait cadeau d’un pain au chocolat et de son bouquin de développement personnel. Je constate avec satisfaction que la demi-finale de Coupe du Monde n’a pas terni tant que ça les relations avec nos voisins d’outre-Quiévrain. Nous nous sommes quittés à la gare du Midi, qui n’a pas été sans le remémorer mes trois mois de stage l’an passé. Direction la Grand Place et ma friterie fétiche. Je partage un coin de table avec deux Lyonnaises de retour d’Amsterdam à qui je file ma meilleure adresse de gaufres et je me mets ensuite en quête de la FNAC. J’ai complètement oublié d’acheter un mini guide de serbe ou d’une des langues avec lesquelles je vais devoir m’amuser pendant ce voyage. J’écume les rayons, le choix est bien maigrichon. Un Petit Futé ridicule sur l’Albanie, un guide de conversation en serbe (pour le macédonien et l’albanais, je suis repartie bredouille). Finalement je dégote le Lonely Planet « Eastern Europe » (que je déteste, il faut bien le savoir, étant une fervente amatrice du Routard, mais faute de grives on mange des merles). Lorsque j’ai demandé à la vendeuse un guide sur la Serbie, elle a essayé de me vendre le Routard des pays baltes, j’ai failli pleurer, je lui ai fait un sourire quand même parce qu’elle était gentille et j’ai continué à farfouiller dans les rayons.
Finalement, me voilà attablée dans un café avec une vue plongeante sur la foule de la Rue Neuve, en train de regarder où je vais aller user mes nouvelles Bensimon. Ce petit détour par Bruxelles sera l’occasion de revoir des amis, et notamment ma chère Clara qui a la gentillesse de m’héberger ce soir.
Mardi 24 juillet 2018
Je suis actuellement en salle d’embarquement, où j’attends mon vol pour Belgrade. Hier j’ai donc rejoint Clara après son boulot, nous avons pris un verre dans un bar plutôt chic au sommet d’une tour et nous avons ensuite rejoint un resto de sushis où mon ami Orkan nous attendait. Orkan a ensuite eu la gentillesse de nous déposer chez Clara en voiture et après une petite discussion entre nanas, le confortable lit qui m’était attribué a eu raison de moi et je me suis endormie comme un bébé. Ce matin, les douleurs aux épaules me rappellent sournoisement le poids de mon sac, je déjeune dans la magnifique maison de Clara et de sa famille et je rejoins l’aéroport en Uber (promis, c’est le dernier luxe du voyage mais entre dix minutes en Uber et une heure de transports, mon choix a été rapide...).
(...) Je vous écris maintenant depuis un petit café de Belgrade dans lequel j’attends la fille de Couchsurfing qui doit m’héberger ce soir. J’ai atterri à Belgrade sur les coups de 13h, après un vol plutôt agréable et un petit roupillon recroquevillée sur mon siège. Je récupère mon sac à dos (ma croix devrais-je dire), passe le contrôle des passeports (mon visa togolais a paru extrêmement suspect à la dame qui a préféré le scanner au cas où...). Direction le bus, ou plutôt le minibus, je m’adresse en russe au chauffeur qui me répond comme si de rien n’était. Mon Dieu, je les aime déjà. Une petite demi-heure de route plus tard, il nous dépose sur la place Slavija. J’ai retiré du fric à l’aéroport, je crève la dalle donc direction une « pekara», sorte de boulangerie où je me délecte d’un burekau fromage bien gras (pour ceux qui auraient raté mes aventures en Croatie, le burek est une sorte de feuilleté farci de fromage, viande, champignons, ça dépend). Ceci a constitué la base de mon alimentation pendant un mois en Croatie et c’est bien parti pour faire la même chose ici. Je constate cependant qu’il faut normalement l’accompagner d’un « jogurt», ce sera pour la prochaine fois. En ressortant, j’arrête une dame à qui je demande où je suis sur mon plan. Elle me renseigne (excellent anglais) et me conseille d’aller voir l’église Saint-Sava (la plus grande de Serbie et aussi la deuxième plus grande église orthodoxe au monde). Je n’ai pas fait cinquante mètres dans le petit parc qui entoure l’église que je me fais apostropher par un jeune homme en mode « bla-bla-bla russkaya ». Devant mon air bovin, il passe à l’anglais et me dit « Oh je demandais juste si vous étiez russe parce que vous avez l’air russe ». Il y avait longtemps tiens... « Ah non en fait je suis française. _ Oooh ! » Il me salue d’un grand sourire et me souhaite une bonne journée. Sweetheart. Je trimballe sans complexe mon énorme sac à dos de quinze kilos dans l’église. Le rez-de-chaussée est totalement en travaux et ne se visite pas, en revanche le sous-sol est ouvert à la visite et bien sûr magnifique. Ici aussi, on embrasse les icônes et on fait son signe de croix « à l’envers ». Les pays orthodoxes m’avaient indéniablement manqué. Le Lonely Planet est atrocement pauvre en explications sur les monuments, il me faudra donc attendre d’avoir un accès à Internet pour faire des recherches et en savoir un peu plus sur cette église. Je sais juste que la légende veut qu’elle ait été construite à l’endroit où les Ottomans ont brûlé les reliques de saint Sava.
Je me balade ensuite dans la ville, rejoint la place principale (place de la République), flâne le nez au vent. Je tombe nez-à-nez avec l’Institut français et les énormes drapeaux bleu-blanc-rouge. Je me disais aussi, je sais bien qu’on est champions du monde mais quand même, tant d’honneurs n’étaient pas nécessaires (hahaha). J’aime déjà l’atmosphère de cette ville. Il ne fait pas super beau, c’est plutôt couvert mais un bon 25 degrés quand même. Honnête. Je regagne ensuite la place Slavija où m’a donné rendez-vous Vedrana et je l’attends en sirotant ma tasse de thé dans une sorte de boulangerie à la française qui diffuse du Patricia Kaas et du Aznavour.
Mercredi 25 juillet 2018
Comme d’habitude, je n’ai pas eu le temps d’écrire hier soir. Vedrana, mon hôte, m’a retrouvée devant le McDo, nous sommes rentrées chez elle en bus (après m’avoir expliqué sa technique pour frauder sans se faire choper). La trouillarde que je suis était moyennement rassurée. On arrive dans son petit studio, on s’installe, elle me sert de l’ice tea et du chocolat, ce qui n’est pas sans me rappeler les habitudes de Liza, ma coloc russe de Prague. On discute pendant plus de deux heures, de la Serbie, de nos voyages, de sa vie d’enfant pendant la guerre, de son engagement contre les violences envers les femmes, etc, etc. Elle est très cool, et intéressante. On décide ensuite de repartir en ville pour dîner. On choisit finalement d’aller marcher le long du lac Ada Cinganlija. Il pleut un peu, et nous sommes en semaine, il y a donc un peu moins de gens que d’habitude. On marche et on finit par trouver un resto sympa avec une déco toute en bois et un groupe qui joue de la musique. Ćevapčićiet salade šopskapour moi, que des valeurs sûres. J’engloutis tout ça en écoutant Vedrana. On rentre ensuite chez elle par une suite de sauts de puce en bus, il pleut des cordes. Grosse douche en arrivant à l’appart, elle m’installe mon lit et ma tête a à peine touché l’oreiller que je dors déjà.
Ce matin je suis donc partie à pied (pas trop sûre de quel bus il fallait prendre et on découvre mieux une ville à pied). Me voilà partie, je galère un peu en arrivant sur le bord d’une espèce d’autoroute, j’en profite pour m’arrêter manger un burekdans une pekara. Je l’accompagne cette fois d’un jogurtet je valide totalement l’association. Je repars, finis par arriver au centre ville, me dirige vers la forteresse de Kalemagdan. La citadelle a été maintes fois détruite et reconstruite et elle est la partie la plus ancienne de Belgrade. Je flâne ensuite dans le centre ville, en arrivant sur la place principale je tombe sur le free walking tour, en partance pour Kadarska, le « Bohemian District », l’équivalent de Montmartre selon Vedrana. Je me joins au groupe, le guide est marrant mais j’en ai connu des mieux. Lors d’une halte et alors qu’il explique la tradition des « kafana», les cafés serbes, il en arrive nécessairement à évoquer la rakija(alcool fort à base de fruits fermentés que l’on retrouve partout dans les Balkans). Il sort une énorme bouteille de son sac et hop, tournée générale de rakija(pas pour moi, évidemment).
Arrivés dans le quartier de Docol, je quitte discrètement le groupe pour continuer mon exploration par moi-même. Je tombe sur une église, nettement moins touristique que la magnifique Saint-Sava. J’en profite pour laisser la magie des églises orthodoxes opérer sur moi et je reste un moment à méditer. Je continue à marcher, marcher, explorer les différents quartiers, je m’arrête dans un café pour me réhydrater d’une limonade bien fraîche. Il fait beau, pas encore trop chaud (environ 30 degrés alors qu’en temps normal, à cette époque, on peut monter à 40 sans aucun problème). Je finis par rentrer chez Vedrana à pied (plus d’une bonne heure de marche), pour me reposer avant de sortir un peu ce soir. Je m’assoupis aussitôt arrivée et Vedrana me réveille en toquant à la porte. On discute un peu et je lui explique que je dois aller prendre un verre avec un mec de Couchsurfing dans la soirée. Elle est un peu fatiguée mais me dit qu’il n’y a aucun problème pour que je sorte, même tard et qu’elle laissera la porte ouverte. Elle m’explique les bus, me file sa carte de transports et c’est parti. Évidemment, le bus dont j’ai besoin n’arrivant pas, j’en prends un autre, un monsieur tente de m’aider mais il ne parle pas un mot d’anglais, finalement un jeune homme anglophone intervient et m’explique comment arriver à bon port. Je change donc de bus, un monsieur me fixe dans le bus et je suis en train de me demander pourquoi diable il me regarde comme ça, quand on arrive en vue de l’arrêt et il me dit (j’ai compris avec le contexte et le nom de la rue hein, le serbe est toujours aussi nébuleux) : vous voulez bien aller à Francuska ? Alors c’est cette rue-là. Mais c’est qu’il est trop mignon ce petit monsieur !
Je retrouve finalement Javier, un Madrilène de 33 ans que j’entraîne dans le « Bohemian District » qu’il adore dès le premier coup d’œil. Il faut dire que ce quartier a tout pour plaire : petites rues pavées, des fleurs de partout, des cafés et des terrasses plus adorables les uns que les autres, des petites lumières pour éclairer cette chaude soirée d’été et de la musique live à chaque coin de rue. Javier est à Belgrade pour des motifs professionnels, mais il en profite pour découvrir la ville. Il est très cool, a vécu un peu partout dans le monde et pas mal voyagé. On discute en anglais avant de switcher en espagnol, et même si je ne peux que très peu parler, je comprends tout et ce, malgré son accent espagnol que je déteste, je tiens à le rappeler haha. On finit par manger un truc à une autre terrasse et je décide ensuite d’expérimenter le Uber local pour rentrer chez Vedrana. Grosse réussite, même si mon chauffeur parle à peine anglais. L’appli fonctionne exactement comme Uber et tout se passe nickel. Ça s’appelle Car Go mais par contre, pas moyen de mettre l’appli en anglais, faudra vous débrouiller en serbe les enfants. Je rentre, Vedrana ne dort pas encore, on discute un peu avant de se coucher.
On se quitte ce matin quand elle part travailler, je dois laisser les clefs dans la boîte aux lettres, ce qui me permet de préparer tranquillement mes affaires. Je hisse finalement mon gros sac à dos sur mes épaules, je chope un bus, tente d’acheter un ticket mais le chauffeur me fait signe et marmonne un truc du style « t’emmerde pas ma grande, monte tes fesses dans ce bus et en voiture Simone ». Bref, j’ai pas payé le bus. J’arrive à Slavija, décide de faire la queue à la même pekaraque celle du premier jour. J’ai appris entre temps par Vedrana que c’est la plus réputée de la ville, ce qui explique sans doute la file d’attente devant la boutique. Je déjeune d’un burekà la viande et d’un jogurt, on ne change pas une équipe qui gagne. Je marche ensuite jusqu’à la gare routière, j’achète un ticket, récupère tant bien que mal le jeton nécessaire pour accéder aux quais (pas compris l’intérêt de ce truc mais c’est pas grave). Je suis donc actuellement à bord de mon bus pour Novi Sad.
Ah, j’oubliais : j’ai pris des coups de soleil et je me suis fait dévorer par les moustiques, mais était-il nécessaire de le préciser ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire