Conseil de lecture : préparez-vous une bonne tasse de thé, un paquet de biscuits, installez-vous confortablement, ça va être long !
Comme vous l'aurez deviné au titre de cet article (ou pas), je suis partie en Roumanie. J'avais cinq jours de libres à cause d'un jour férié, d'un pont plus du fait que j'ai jamais cours le vendredi, donc j'en ai profité. Il y a longtemps que je voulais découvrir la Roumanie, donc c'était l'occasion.
Vendredi 24 octobre 2014
Nouveau pays, nouveau journal. Celui-ci sera court puisque je ne pars que cinq jours en Roumanie. Comme vous le savez probablement tous à moins que vous n'ayez passé ces derniers mois dans une grotte sans accès à la civilisation (j'entends par là une connection wi-fi ou au moins, un réseau téléphonique), je vis désormais à Prague, en République tchèque et ce jusqu'à septembre prochain (minimum xD). Je suis en échange Erasmus dans le cadre de mes études de droit. Il se trouve que le rythme Erasmus n'est pas trop intense (euphémisme) et qu'en gros, un week-end dure minimum trois jours, cinq quand tout va bien. En gros je n'ai jamais cours le vendredi, mardi est un jour férié en République tchèque et comme je pense que les profs avaient tout bonnement envie de faire le pont, ils t'ont collé le "jour du doyen" (un pseudo jour pour l'espèce de directeur de la fac) lundi histoire de s'assurer un bon petit week-end. Bonne nouvelle pour moi, j'en profite donc pour découvrir le pays qui manquait à mes voyages si j'ose dire, la Roumanie. Vous le savez maintenant, je suis passionnée par l'Europe centrale et l'Europe de l'est, par tous les pays de l'ancien "bloc de l'est", la Roumanie manquait donc cruellement à l'appel. Je m'étais promis de profiter d'habiter à Prague pour partir à la découverte de ce pays, j'en ai donc profité. J'ai un peu pris mes billets au dernier moment ce qui fait que je les ai payés un bras, mais on n'a qu'une vie après tout. Il est prévu que Nicolas me rejoigne à Bucarest et j'ai aussi une amie à voir à Brasov.
Je boucle donc ma valise, dis au revoir à mes colocs et direction le métro, puis le bus jusqu'à l'aéroport. L'aéroport de Prague est divisé en trois terminaux (terminaux ?), le 3 ne sert à rien, et en gros le 2 c'est pour les pays de l'espace Schengen, le 1 c'est pour le reste. Persuadée que la Roumanie fait partie de l'espace Schengen, je descends donc au terminal 2. Mais en fait non, ils ont foutu mon vol pour Bucarest au terminal 1 donc je traverse tout l'aéroport pour changer de terminal (ça va qu'il est pas immense). Je vérifierai mais je reste persuadée que la Roumanie fait partie de l'espace Schengen, WTF ? J'enregistre donc ma valise (j'arrive pas à garder ma valise en cabine, trop de cosmétiques à emmener xD), et je patiente actuellement en attendant de passer le contrôle des bagages et la sécurité.
Après vérification, la Roumanie ne fait pas partie de l'espace Schengen, je suis juste un boulet.
Arrivée à Bucarest, je récupère ma valise en quelques minutes, direction le bus. La dame au guichet des tickets ne prend ni la carte, ni les euros (ne parlons même pas de mes quelques couronnes tchèques), du coup direction le premier "bankomat" (distributeur) pour retirer des sous. La monnaie locale est le lei, taux de change environ 4 lei pour un euro. Premier choc culturel. Je retire 200 lei (environ 50 euros) et je reçois une véritable liasse de billets de 10 lei. Avec le sentiment d'avoir braqué une banque, direction le bus pour le centre ville de Bucarest. Environ 40 minutes de bus et nous voilà à la Piața Romana, une des grandes places de la ville. Le bus a remonté une avenue bordée de magnifiques bâtiments, j'avoue être assez surprise, j'imaginais Bucarest comme la ville communiste par excellence, remplie de bâtiments gris et moches. On descend donc du bus, direction l'auberge, que l'on trouve assez facilement. L'auberge est très sympa, la chambre confortable et avec salle de bains s'il vous plaît ! Le grand confort. Direction le centre historique pour une petite balade. On découvre que Bucarest est vraiment une ville toute en contrastes et en contradictions. Des bâtiments magnifiques côtoient des horreurs de l'époque communiste, les boutiques de luxe font face à des quasi bidonvilles. Si je devais comparer avec une autre ville, je crois que c'est finalement de Moscou qu'elle se rapproche le plus. Le même chaos architectural, les mêmes disparités, mais un charme qui se dégage malgré tout. Au bout de dix minutes de marche, un constat s'impose : il fait froid. Mais genre méchamment froid. Le thermomètre ne dépasse pas les 5°C, et ça va pas aller en s'arrangeant. Il y a un vent à vous geler les os, verdict le premier arrêt, H&M pour investir dans un cache-oreille et une paire de gants. C'est ça ou la pneumonie. Par contre, il fait relativement sec, ce qui rend la chose plus supportable.
On se balade, on prend quelques photos, on s'extasie devant certains bâtiments et on grimace devant d'autres. A Bucarest, vous ne savez pas à quoi vous attendre au prochain croisement. Le pire comme le meilleur. On s'arrête dans un genre de petit kiosque et on achète un truc à grignoter (je n'ai quasiment rien mangé de la journée à part mon petit dej et une pseudo barre de céréales dans l'avion). Un sorte de feuilleté aux champignons carrément bon. Balade, églises, etc, etc. On finit dans une sorte de resto typique, décor de fou, digne d'un film (on aurait pu y tourner Gatsby le Magnifique). Plat de haricots avec des saucisses, de quoi affronter le vent et le froid. On a réussi à rentrer à pied, j'ai hâte d'explorer davantage cette ville.
Petit topo sur la langue : comme vous le savez peut-être, la Roumanie est une sorte d'exception en Europe centrale/orientale. On l'appelle parfois "l'îlot latin en mer slave", parce que le roumain est la seule langue romane/latine de cette région. Entourée par des langues slaves et le hongrois, elle fait office d'exception. Le roumain appartient en effet à la même famille de langues que le français, l'italien, l'espagnol et le portugais. Je dirais que c'est entre l'italien et le français. Mais ça reste quand même assez difficile. On peut deviner plus de choses qu'en tchèque (en même temps, c'est pas difficile) mais beaucoup de choses restent assez mystérieuses.
Dimanche 26 octobre 2014
Bon comme d'habitude je suis un peu à la bourre pour vous narrer le récit de mes aventures roumaines. On est dimanche, il est déjà 14h36 et je suis dans le train direction Brasov. Hier matin, réveil et petit dej à l'auberge de Bucarest. On demande ensuite au réceptionniste (particulièrement gentil comme tout le personnel de l'auberge), de nous réserver la visite du palais du Parlement, l'espèce de bâtiment aux proportions titanesques construit par le dictateur Nicolae Ceaucescu. C'est chose faite, sauf que la visite est à 11h, qu'il est déjà 10h20 et donc grand temps de se mettre en route. On prend le métro, on achète un ticket et on doit descendre deux stations plus loin. La station de métro est très bizarre, c'est une sorte de tunnel souterrain assez bas de plafond, les directions sont selon moi plutôt mal indiquées et quand on arrive sur le quai, on se retrouve face à un mur avec sur les côtés des colonnes et entre les colonnes un accès au quai. Par contre une fois sur le quai à proprement parler, on a à peine la place de se mouvoir. Un peu dangereux selon moi mais heureusement, toutes les stations ne sont pas comme ça. En revanche, la rame de métro est large et spacieuse. On descend donc deux stations plus loin et nous voilà en quête du parlement. On arrive finalement après avoir remonté une TRÈS longue allée bordée d'arbres. Le truc c'est que le temps passe. Une fois arrivés devant le monstre, on décide de le contourner par la gauche. On entre dans le premier portail que l'on trouve et on se fait refouler par les gardes qui nous expliquent que l'entrée des visiteurs est de l'autre côté du bâtiment. Rien de grave me direz-vous sauf que le bâtiment en question n'est pas n'importe quel bâtiment mais le palais de Ceaucescu. Et qu'en gros, faire le tour du bâtiment vous prend 20 bonnes minutes en marchant à toutes pompes. (Pour info c'est le deuxième plus grand bâtiment au monde après le Pentagone). Arrivés devant l'entrée visiteurs, j'aboie littéralement sur le garde qui me demande (pour la 3ème fois) ce qu'on vient faire. Finalement on arrive dans le truc. La dame de l'accueil parle un français impeccable par contre le système est merdique. En gros on demande ses billets à un guichet, avant d'aller les payer à la caisse du magasin de souvenirs, pour ensuite revenir donner son passeport à un troisième guichet en échange d'un espèce de truc à se mettre autour du cou, ensuite on essaie de trouver son groupe dans la masse de visiteurs attroupés dans le hall. Plus après le contrôle de sécurité, on doit passer dans un portique, le sac et le manteau dans la machine, évidemment je sonne donc palpage en bonne et due forme. Bref, après toutes ces difficultés, vous êtes enfin autorisés à pénétrer dans le bâtiment. Notre visite guidée est en anglais mais notre guide parle également un français irréprochable (comme beaucoup de Roumains, nous le découvrirons par la suite). Visite des différentes pièces, des fondations, et on monte ensuite sur la terrasse. Sauf qu'on a oublié de vous parler de la météo. Il fait un froid de canard, un vent de fou donc la visite sur la terrasse est rapidement écourtée. Bref le bâtiment est étrange, typiquement le rêve de gros mégalo, on ne peut pas dire que ce soit beau, on ne peut pas non plus dire que ce soit moche, c'est juste massif. Aujourd'hui le bâtiment abrite à la fois la chambre des députés, le Sénat, le Conseil constitutionnel mais aussi tout un tas d'expositions et autres, bref c'est le truc à tout faire, en même temps avec la place qu'il y a ce serait dommage de se priver. En 1h30 de visite, on a vu 4% du bâtiment, je vous laisse imaginer. En ressortant de là, direction l'avenue sur laquelle on est arrivés la veille, bordée de jolies maisons, on achète un petit truc à manger dans un kiosque (la plupart de ces trucs sont vachement bons), sauf qu'une tempête de neige se déclare et verdict on se réfugie dans un McDo. Bon ok on a vu plus typiquement roumain mais il y fait chaud et il y a le wifi. xD En ressortant de là, la tempête n'a toujours pas cessé, il tombe les plus gros flocons que j'ai jamais vu de ma vie, on retourne à l'auberge récupérer les bagages, petit thé dans une sorte de pâtisserie couleur bonbon et direction la gare.
On prend nos billets et on s'installe dans notre train en direction de Sinaia. Je m'endors sur mon bouquin, il fait nuit noire, et on débarque dans une gare déserte. Heureusement il ne neige pas mais il ne fait pas chaud. -7 si l'on en croit l'Iphone mais j'ai du mal à y croire. On trouve sans trop de difficultés le centre ville et au moment où on s'interroge pour savoir si on y fait un petit tour avant de se mettre en quête de l'hôtel, coupure de courant généralisée. Pour le coup, on voit que dalle, mais genre que dalle, j'arrête une dame dans la rue pour lui demander l'hôtel Economat où Nico a réservé une chambre, elle nous répond dans un français excellent. Là, je suis bluffée. Que les gens qui travaillent dans le tourisme et dans les trucs culturels parlent français, c'est une chose, que la première dame que j'arrête dans la rue le parle aussi est beaucoup plus surprenant. Elle nous explique que c'est loin, compliqué et vu que le courant est toujours pas revenu, ce sera beaucoup plus simple en taxi. On demande donc à un chauffeur de taxi, on monte, le compteur n'est pas sa priorité mais il nous annonce 7 lei. J'avoue que je flippe un peu, j'ai lu des trucs pas cools sur les arnaques en taxi (pas spécialement en Roumanie mais un peu partout), mais nous avons de la chance, le chauffeur est un honnête homme et nous payons nos 7 lei à l'arrivée sans problème. On se dirige vers un truc qui s'appelle Villa Economat sauf que la dame n'a pas notre réservation, sûrement parce que c'est pas le bon hôtel, mais celui dans lequel Nico pense avoir réservé est fermé depuis 5 ans (WTF ?) et du coup, on fouille dans la mémoire du téléphone pour retrouver celui qu'il a véritablement appelé. Il s'agit en fait de l'hôtel Marami, fort heureusement à quelques dizaines de mètres de là. On remercie la réceptionniste pour son aide et nous voilà en route dans l'obscurité. On arrive, la dame n'a pas non plus entendu parler de notre réservation mais elle a une chambre dispo, tout confort, très propre, que demande le peuple ? On a finalement mangé au resto de l'hôtel et goûté la fameuse polenta roumaine. Dodo bien mérité.
Ce matin, petit dej assez sympa à l'hôtel, je mange comme quatre histoire d'affronter la température. Sauf qu'en fait il ne fait pas si froid et même plutôt beau, donc tout va bien. On part visiter le château de Peleș, une petite merveille construite par le roi Carol Ier de Roumanie, au XIXè siècle. Il n'est pas vieux mais particulièrement mignon. On achète notre ticket mais la dame nous indique que nous ferons partie de la prochaine visite en anglais, du coup on se retrouve coincés devant la porte avec un groupe de je-ne-sais-quoi derrière nous (Grecs ou Portugais, pas moyen de savoir), pour qui le mot "espace vital" ne signifie visiblement rien. On arrive enfin à se dépêtrer des relous, on entre dans le château et notre guide vient nous chercher. Il parle un anglais ponctué de R bien roulés, mais il est drôle, hyper sympa et très prévenant avec une des dames car elle a des béquilles. L'intérieur du château est tout aussi canon que l'extérieur, plein de bois partout ce qui rend l'atmosphère très chaleureuse et cosy. Il fallait officiellement payer environ 7 euros pour prendre des photos (je vous jure), évidemment on n'a pas payé mais comme je voyais tout le monde en prendre et que je doutais fort que quiconque ait payé, je ne me suis pas privée. Verdict, vous aurez des photos de l'intérieur aussi, et croyez-moi, ça vaut le détour. Super visite, château magnifique que je vous recommande absolument si vous venez en Roumanie. Après ça, direction un petit monastère, gratuit parce qu'on est dimanche. Je retrouve l'ambiance orthodoxe, les icônes et les gens qui les embrassent. Ça m'avait manqué. :)
On retourne ensuite à l'auberge, on récupère nos valises, on prend un autre taxi qui cette fois met le compteur (ouf !) et qui nous fait même cadeau de quelques bani (centimes). C'est le même prix, donc le premier ne nous avait pas non plus arnaqués. On achète nos billets à la gare et comme on a une bonne heure avant le départ de notre train, on va grignoter un truc dans une petite boulangerie. La dame semble ravie par mes efforts (pourtant assez pitoyables) en roumain, et on déguste nos trucs à la petite terrasse (on a réussi à ne pas geler). Un chien vient quémander un peu à manger. C'est l'occasion pour moi de vous parler de ce phénomène assez particulier en Roumanie : les chiens errants. C'est le résultat de la politique quelque peu... discutable de Ceaucescu. En gros, sa politique de systématisation consistait à ce qu'il n'y ait plus de distinction entre ville et campagne (t'es sérieux mec ?). Il a pour cela détruit de nombreuses maisons à Bucarest et ailleurs, reconstruit à la place des barres d'immeubles où les habitants ont été relogés mais dans lesquels leurs fidèles compagnons n'étaient pas les bienvenus. Ces chiens ont donc été abandonnés par leurs maîtres, dans l'incapacité de les garder. Sauf que ces chiens se sont reproduits, et sont pour certains retournés à l'état sauvage. Ce qui engendre évidemment des problèmes. En 2013, un enfant de 4 ans est mort attaqué par une bande de chiens errants à Bucarest. Le Parlement a donc décidé d'euthanasier ces chiens, ce qui a provoqué une levée de boucliers de la part des associations de défense animale. Le problème reste très important, et la solution reste pour l'instant plutôt celle de l'euthanasie. Je signale que des campagnes de vaccination et stérilisation de ces chiens avaient également été mises en place mais ne semblent pour l'instant pas encore assez efficaces. Un autre problème se pose : la rage. Donc si vous vous faites mordre par un de ces toutous, c'est direction le consulat rapidos. Bon le toutou ne nous a pas mordus, je lui ai filé un morceau de feuilleté parce que sa maigreur me faisait vraiment trop de peine et la dame de la boulangerie a fini par le chasser. Nous sommes donc maintenant dans le train en direction de Brasov et on arrive dans quinze minutes environ. Les trains roumains sont loin d'être aussi pourris que ce que j'imaginais (ça dépend peut-être lesquels mais pour l'instant, nous avons eu de la chance), ils sont tout à fait corrects.
Mardi 28 octobre 2014
Bon, une fois de plus, je suis complètement à la masse dans le récit de mes aventures. Je vous avais laissés dans le train en direction de Brasov et je suis actuellement dans l'avion qui me ramène à Prague. Nous sommes donc arrivés à Brasov dimanche dans l'après-midi. Ne trouvant pas le bus pour rejoindre le centre-ville, nous décidons de partir à pied. Le Guide du Routard annonce 2,5 km, rien de bien dramatique. Sauf qu'on s'est trompés deux fois de chemin, qu'on a dû demander à une demi-douzaine de personnes, que les mecs du Routard avaient dû prendre des trucs bizarres avant d'écrire leur Guide, donc finalement c'était assez loin. On est finalement arrivés à l'auberge, j'étais pour être honnête bien fatiguée mais on est quand même repartis voir un peu la ville. Il a fait rapidement nuit mais on a eu le temps de trouver la petite rue, la rue des Ficelles, très étroite et très longue. On avait rendez-vous avez Sinzi (de son vrai nom, Sinziana), une amie que j'avais rencontrée à Paris il y a quatre ans pendant son Erasmus et que je n'avais jamais eu l'occasion de revoir. Elle nous donne rendez-vous à 20h dans un restaurant de cuisine traditionnelle roumaine. En attendant petit chocolat dans un café très moderne et design, parce que mes pieds sont congelés. On rejoint donc Sinzi dans un joli restaurant dans une cave, où les serveurs sont en tenue traditionnelle. Sinzi nous conseille certains plats, on commande des soupes en entrée et pour ma part les sarmale, des feuilles de choux farcies servies avec la fameuse polenta. C'est très bon, et ça tient bien au corps (surtout que j'avais déjà tapé dans la corbeille de pain, moelleux et vraiment délicieux). Sinzi nous fait également goûter (enfin plus à Nico qu'à moi), deux alcools traditionnels, la fameuse palinka (d'origine hongroise, j'avais eu l'occasion d'en goûter au mariage d'Erika et de Jean-Baptiste), mais aussi un alcool fait à base de myrtilles (afinata). La palinka est beaucoup trop forte pour moi, mais je dois reconnaître que l'autre a un vrai goût de myrtille. Néanmoins de l'eau plate me convient beaucoup mieux. Sinzi nous fait également goûter les papanași, dessert traditionnel, sorte de beignets en formes d'anneau avec une petite boule, servis avec de la crème à la vanille et des cerises un peu aigres. Le tout tiède et très bon. On a l'impression d'avoir mangé pour quinze jours et je crois que c'est le cas. Sinzi nous dit qu'elle adore la cuisine roumaine et que cela lui manquait quand elle vivait en Angleterre. Très généreusement, Sinzi nous offre le repas, je suis un peu gênée mais elle assure que cela lui fait plaisir.
On décide de se revoir le lendemain lorsque nous serons revenus du château de Bran. Dodo bien mérité après notre périple à travers toute la ville. Parenthèse : cela a été l'occasion pour nous de confirmer ce que disait le Guide du Routard, le centre-ville de Brasov est adorable mais le reste de la ville n'est pas inoubliable.
Le lendemain, direction le château de Bran. Sauf qu'il fallait d'abord prendre un bus depuis le centre-ville pour rejoindre la gare routière, ensuite prendre un bus pour le château (sachant qu'il n'y en a qu'un toutes les heures). On arrive à la station de bus pour se rendre compte que le bus vient de nous passer sous le nez et que le prochain est dans une heure. A partir de 9h, il n'y a qu'un bus toutes les heures. Seriously ??? On se rabat sur un taxi, pas le choix. Pas d'arnaque, ouf, le chauffeur nous amène à la gare routière, je me rue sur le guichet d'information, le gars a juste le temps de me répondre que le bus part dans une minute, on court et on saute à temps dans notre bus pour le château de Bran. C'est l'occasion de parcourir un peu la campagne roumaine, sachant que nous sommes d'après le guide dans une des plus belles régions de Roumanie. La campagne est belle, on est entourés par les montagnes, on aperçoit des troupeaux de moutons, gardés par les chiens et le berger. La route est assez déplorable, le bus roule à 50km maxi et on peut apprécier tous les nids-de-poules et autres irrégularités de la route. On arrive finalement à Bran pour apprendre que la visite du château ne commence pas avant midi (encore une fois, mauvaise information du Routard...), ce qui fait qu'on a deux bonnes heures devant nous. On part à pied dans le village, on voit des vieux messieurs coiffés de chapeaux traditionnels, des bergers dans les hauteurs, des meules de foin, etc, etc. Les photos suivront. Finalement c'est le moment de rentrer dans le château. Il est souvent appelé le château de Dracula, et cela est dû à une sorte de rapprochement fait entre le personnage du roman Dracula et le comte qui vivait dans ce château et qui prenait plaisir à empaler les gens qui ne lui revenaient pas. Ambiance. Le château est beaucoup plus médiéval que celui de Peleș, envahi par des groupes de touristes du 3ème (voire 4ème) âge, ce qui rend la visite assez malaisée. On finit par les semer et par pouvoir apprécier plus tranquillement la visite. On ressort de là et on trouve sans trop de difficulté l'arrêt pour reprendre le bus en direction de Brasov. On refait un tour dans la ville (de jour cette fois et sous un beau soleil, même s'il fait toujours assez froid). On mange un langos à une sorte de petite voiture et on dévalise un Fornetti en petits friands en tout genre. On rejoint finalement Sinzi qui nous emmène dans un très beau café, déco du style Belle Epoque, belle mezzanine. Là encore, elle tient à nous inviter, en nous disant que ça lui fait plaisir que l'on soit venu dans sa ville et que c'est normal. (Sinzi, si tu me lis, tu viens cette année à Prague et l'an prochain à Paris, tu n'as pas le choix. ;))
On se dit au revoir en espérant se revoir bientôt et on prend un taxi en direction de la gare. Là encore, pas d'arnaque et on monte dans notre train en direction de Bucarest. Je dors pendant quasi tout le trajet et j'arrive à Bucarest encore toute ensommeillée. Le plan initial est de prendre le train express pour l'aéroport de Bucarest, de là un taxi direction un hôtel que le mec de l'auberge a réservé pour nous. Sauf que les choses ne vont pas se dérouler comme prévu... On arrive au guichet d'information pour demander où se trouve le train, on tombe sur la première guichetière absolument infâme de ce voyage, qui m'envoie balader et nous lâche un "tomorrow morning". Ok, donc en gros il n'y a plus de train, j'ose même pas lui demander quoi que ce soit d'autre tellement j'ai peur qu'elle me bouffe. On demande à un autre guichet le bus pour l'aéroport., la dame (très gentille cette fois), nous indique que c'est le 780. Très bien. Sauf qu'une fois dans la rue, impossible de savoir où on doit attendre le bus, il n'y a absolument rien d'indiqué, on tourne en rond, il fait nuit noire, des gens un peu chelous qui traînent autour de la gare. Bon... On finit par demander à un monsieur, qui nous dit qu'il ne sait pas, mais qu'il va demander pour nous aux chauffeurs de taxi, que comme on est étrangers, il vaut mieux qu'on l'attende là. Mais il faut aussi qu'on fasse gaffe aux gens derrière car ils sont selon lui "dangereux". Pas rassurés, on attend, mais comme l'explication du chauffeur de taxi est claire comme l'eau d'un égout, on finit par prendre le métro direction Piața Romana, là où se situait notre auberge. On attend sur le quai du métro et un gamin s'approche de nous pour mendier. Bon évidemment c'est un enfant rom (tsigane), il nous demande un leu, je ne comprends pas le reste. Je lui dis "nu" (non en roumain), une fois, deux fois, trois fois et vu qu'il insiste, je finis par un "niet" plus sec et il trouve d'autres victimes à enquiquiner. C'est l'occasion d'ouvrir une parenthèse sur le phénomène des Roms. En France, on fait très souvent l'amalgame entre Roumains et Roms parce que les mots commencent pareil. Or, les Roumains ne sont pas tous des Roms et les Roms ne sont pas tous des Roumains. Il s'agit en effet de personnes différentes. Les Roms sont originaires d'Inde, leur langue (le romani) ressemble d'ailleurs énormément au sanskrit. On ne sait pas exactement comment ils sont arrivés en Europe, comme ce sont des nomades, ils se sont déplacés à travers l'Iran, le Caucase, la Turquie avant de traverser le détroit du Bosphore aux alentours de l'an 1000 et de se répandre en Europe. Ils sont nombreux en Roumanie mais ils sont aussi présents en Hongrie, Slovaquie, République tchèque, Bulgarie, etc, etc. Une hypothèse veut qu'une partie d'entre eux seraient arrivés en Europe au XIIIè siècle dans le sillage des convois de l'armée du grand Khan où ils effectuaient les basses besognes. Mais ce n'est qu'une hypothèse. Ils représentent une minorité importante de la population roumaine, et leurs conditions de vie ne sont pas reluisantes. On estime que 60% des Roms de Roumanie vivent en dessous du seuil de pauvreté. Des projets sont mis en oeuvre pour tenter de les intégrer davantage à la société roumaine mais cela prendra certainement du temps et les Roms n'ont pas meilleure presse en Roumanie qu'à Paris. Je referme la parenthèse. Nous voilà donc à Piața Romana, on a aperçu une auberge à côté de celle où on était au début du séjour, le mec nous trouve deux lits en dortoir, pour le peu que l'on va dormir de toutes façons, ça suffira largement. On profite du repas gratuit offert par l'auberge (seriously ?) et on tente de dormir malgré un Chinois qui devrait faire un concours de ronflements avec Tyler. Ce matin, debout à 4h15, on rassemble nos affaires, on trouve par miracle le bus 783 direction l'aéroport, sauf que comme on peut pas acheter de ticket au conducteur, bah on gruge (une fois n'est pas coutume), on arrive sans problème à l'aéroport. Evidemment je sonne au passage du portique (comme d'habitude), le mec me fait enlever mes pompes, je resonne, palpage par une gentille jeune femme qui en profite pour me demander comment on dit "Turn around" en français et qui répète "Tournez-vous" avec application. Palpage le plus cool de ma vie, ça change des regards suspicieux qu'on te jette d'habitude, genre t'es une terroriste hein, avoue. Pour le retour, je vole avec Tarom, la compagnie roumaine, rien à redire, service très correct, on me distribue un petit sandwich et une barre de chocolat Milka, boisson chaude et froide, on arrive à Prague dans un nuage de brume, il caille, on attend un bon moment avant de pouvoir débarquer. J'aperçois les responsables de bagages sortir ma valise de l'avion (ahah), finalement retour à la maison où Lisa semble impatiente d'avoir le récit de mon voyage. La Roumanie m'a semblé un pays unique en Europe, marqué par sa latinité, mais aussi par les années du communisme, le regard vers l'Europe mais déjà un pied en Orient, un pays qui vaut le coup d'être découvert et où il me tarde de retourner. La revedere !
L'avant-derniere photo on dirait Stare Miasto a Varsovie :D
RépondreSupprimerComme d'hab tres joliment ecrit recit d'une belle voyage (mais quels aventures aussi...!) LOL Je suis super contente pour toi, tu profites vraiment a fond! XD
Il me tarde de venir te voir a Praha ma belle!
Bisou,
Nat xoxo
Héhé merci ma belle pour ton gentil commentaire ! Oui, c'est vrai que ça ressemble un peu au rynek ! J'ai hâte de te voir à Praha, j'espère que tout va bien pour toi, gros bisous ! :)
SupprimerA l'opposé de toi, la Roumanie n'évoque pour moi et se résume a des a prioris...villes grises, tristes et sans grand interêt, je garde en mémoire a travers les médias de l'époque les récits de la vie des roumains sous la dictature.Je tiens a te remercier pour ton récit captivant qui a ouvert ma curiosité.♡ps: pour info peux tu me traduire XD, désolée je dois être la seule a ignorer cela mais je suis d'une autre génération ....
RépondreSupprimerMerci ma Syl, je suis contente d'avoir pu te donner un regard différent sur la Roumanie ! Qu'est-ce que tu veux que je traduise ? Romanian rhapsody, ça veut juste dire "Rhapsodie roumaine", mais c'est le titre d'une oeuvre symphonique de George Enescu, grand compositeur roumain. D'où le titre ;) je te fais plein de gros bisous, j'espère vous voir prochainement à Prague ! :)
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